Par Fred B.
Ne laisse jamais un livre sur les plus beaux trails à faire à quelqu’un (Nicolas) en lui disant, choisis et je t’accompagne, j’ai donné un seul critère pas moins de 80km… 10 jours après, ce sera la Maxi Race.
Bien il semble que c’est une belle course, mais très prisée… et vu le petit délire du moment où tout est plein en quelques minutes… doigts sur F5, à vos marques, prêts… j’ai le sésame malgré une petite frayeur. Nous participerons à 2 à l’édition anniversaire, et donc au premier format 100km.
Date parfaite, weekend prolongé ! logement au lac du Bourget à 30 min d’Annecy pas trop proche de la foule et pas trop loin non plus.
Les horaires tombent… mais qui fait ça ? pourquoi 2h du matin avec 7 vagues toutes les 10 min (au départ, ajustement après). Début de nuit tu comprends, au petit matin évidemment mais en pleine nuit… j’ai échangé avec pas mal de monde (pendant la course), c’est un mystère et beaucoup ont été dérangé par la fatigue ou l’alimentation.
L’an dernier, apocalypse… du mauvais temps et des chemins dans des états très compliqués. Cette année, 36h avant départ activation du pack canicule ! parfait 30 prévu ressentie 32-35 ! Moi qui attire toujours des conditions particulières en voilà une de plus !

À la vue de l’organisation familiale et de l’âge des petits, ils resteront au frais et nous on évitera 2 allers retours. Récupération des dossards à 20h, on mangera des pâtes sur le bord du lac et on ira trouver le sommeil dans la voiture pour les 3 heures d’attente. Petite difficulté, bah à 22h il fait encore 26 dehors et dormir dans une voiture chaude… bah on ne dormira pas ! (Première erreur).
Je décide de re manger avant la course vers 00h30-1h soit moins de 2h avant la course, je sais que c’est long et qu’il va faire chaud je me dis qu’il sera dur de s’alimenter correctement (Deuxième erreur).
Niveau orga et SAS, c’est propre bien fait rien à dire. Il est 2h un peu d’ambiance mais rien de dingue non plus. Les départs ont été un peu retardés, mais rien d’anormal. Je suis dans le SAS 3, SAS 1 les élites, SAS 2 les forts et tous les relais, le reste le petit peuple… qui partira au fur et à mesure.
Pan (mais petit) c’est le départ, bien grosse ambiance… oui de fin de soirée ! Tous les jeunes de la ville qui faisaient un bel apéro sur le bord du lac mettent une ambiance très festive, des fesses à claquer pour se motiver ! des olas ! … 4km à plat pour partir et s’échauffer avant la montée du Semnoz. Les jambes sont là, mais le ventre pas du tout.
On se rappelle des SAS ? Bon bah le début de la course c’est pour étirer et monter à peu près tranquille, bien bah je suis au bon endroit mais on est vite limité par les groupes de relais qui ont été placé dans le SAS 2 mais aucune condition de niveau. Pendant les 4km suivants ce sera compliqué d’avancer correctement, avant de trouver un chemin forestier pour finaliser la montée du Semnoz.
Les signes de la deuxième erreur arrivent, je sens que la digestion va être très compliquée… Je n’arrive pas à me ravitailler, cela va être long. Je serre les dents pour le moment, le jour se lève et la vue est grandiose ! Le Semnoz c’est sur la droite le Lac du Bourget et sa dent du chat (il y a une petite légende sur cette appellation) et sur la gauche c’est le lac d’Annecy. Ici c’est, la boucle supplémentaire paraît-il pour atteindre les 6km, on joue sur ce sommet entre pâturage et piste de ski.
C’est l’heure de la première descente, plus technique que le V de gravelle mais cela permet de descendre correctement (Merci Olivier pour l’an dernier et ces entraînements à descendre les yeux fermés… ça aide !). Je suis plutôt à l’aise, mais je suis encore dérangé, la chaleur arrive, les questions sur la poursuite sont bien présentes. Je file vers le point d’eau pour remplir les flasques car il fait chaud, bingo une des flasques dans ma poche kangourou s’est ouverte y’en a partout ça colle et ça fait des morceaux (troisième erreur). Le moral continue de plonger, mais Nicolas est parti devant et on a dit que l’on ferait le point après le Col de la Cochette, bah je peux vous dire que celui-là il n’est pas drôle ni à monter ni à descendre. J’ai besoin de souffler en descente et de me poser, je sais que sinon je n’irai pas plus loin, je prends mon temps, je m’alimente et fait le vide avec cette vue magnifique. On essaye d’inverser la spirale négative qui me pousse à arrêter.

Km48, Nico me dit qu’il ne peut plus le genou est gonflé et chaud… clap de fin. Bien bah la bascule opère, les pensées positives de la petite pause et cet abandon me disent que je n’ai pas le droit d’arrêter et que je dois avancer. Parfait, portion la plus roulante jusqu’au Km57, 2km5 de bitume sous 30 degrés niquel ! J’arrive au ravito, là les gens sont allongés à l’ombre se rafraîchissent comme ils peuvent, se change complètement car il y avait la possibilité d’avoir un sac de délestage, que je n’ai pas pris me disant que 57km c’était un peu tôt (quatrième erreur). Je vais commencer à arriver à manger du solide et bien boire cela va quand même mieux.

La portion que l’on attaque, n’est pas drôle 26km pour 2000 de D+ et surtout il est 13h et là-haut ce n’est pas du tout à l’ombre. Je monte avec un groupe et cela se passe plutôt bien jusqu’à ce/ces petit/s caillou/x dans ma chaussure. Comment sont-ils arrivés là ? Ah oui, le mesh de ma chaussure à lâché ! parfait, plus aucune tenue ! bah la je me dis que ça va être très long. La montée, je suis et cela n’est pas dérangeant, mais sur la première descente le pied ne tient plus, l’autre compense. Si au point d’eau, je ne trouve pas de strap, j’arrêterai. Pas de suspense, la Croix Rouge me dit que ce n’est normalement pas fait pour ça mais que la ils sont plutôt sur de la déshydratation que des straps… sauvé ! un signe de plus… je m’accroche et j’enchaine, maintenant faut aller chercher à ne pas faire la 1ière bascule mise en place car cela ferait manquer le point le plus haut et le plus beau de la course. Pas d’ombre, ça tape fort mais on se retrouve à 3-4 à monter beaucoup plus fort pour passer… ça passe à 2min et quand on passe il y a un groupe de 30 coureurs facile, posé à l’ombre sous 2 arbres perdus juste après la bascule. Tout le monde a pris chaud, et c’est affreux car ceux qui arrivent limite se voient refuser l’accès. La partie montante est très technique (partie de via ferrata), mais c’est beau et c’est haut donc un peu plus frais. Descente très longue, pas technique mais très pentue… bah à pied et c’est long à ce moment-là !
83Km dernier ravito, un gymnase, rien à dire il y a ce qu’il faut et c’est aéré donc pas trop chaud. Il reste une bascule, mais quand je repars, il y a des bruits de couloir qui signalent l’arrivée d’un orage et qu’il est très peu probable que l’orga laisse passer en haut.
Cette dernière montée sera le théâtre de beaucoup d’arrêt, une coureuse a malheureusement glissé en arrière et s’est cognée (secours hyper réactif, elle va bien mais ne finira pas) , plusieurs personnes sous couverture de survie (alors qu’il fait encore très chaud) déshydratation et qu’ils n’arrivaient plus à s’alimenter… La maxi race aura cette année contrairement à l’an dernier fait très mal par sa chaleur.
Je serai dans la bascule qui m’enlèvera 100m de D+ et 700m de distance, foncièrement cela n’aurait pas changé grand-chose mais au moins nous n’étions pas sur la crête sous l’orage.
Je voulais éviter de rallumer ma frontale, mais l’ensemble des erreurs m’auront couté mon objectif de moins de 18h, j’avais les jambes mais le corps et les pieds m’ont fait énormément souffrir.
L’ultra c’est éprouvant, chaque course est différente et malgré cette souffrance je pense que l’on en ressort plus grand et plus fort à chaque fois.
Je n’aime pas faire court, désolé du pavé mais bon c’est un ultra quand même ^^
… Je pense que malgré le fait que ce soit une grosse course elle mérite d’être effectuée et peu importe le format ! L’orga est top, le lieu magnifique et on est encore sur des prix raisonnables quand je vois le niveau de sécurité qu’il y avait sur la course.
Wouah, quel paysage et quel récit ! Merci et bravo, Frédéric.
Bravo Frédéric 👍 superbe performance 🏆💪 et surtout 18h sans dormir 🫣…
Plus facile à survoler en parapente 😁✌️😎