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Ultra Marin du Morbihan, malgré l’échec, ‘on en sort grandi’, Cr Jean Paul S.

UN SACRE DEFI EN MORBIHAN

Pour moi, juin 2017, c’était le défi de ma nouvelle décennie, finir le grand Raid du Morbihan où j’ avais échoué deux fois pour des raisons diverses et des erreurs de débutants.

En 2009, arrivé en voiture vers 15h pour un départ de course donné à 19H par 30°, première erreur. Coup de chaud au 25ème , déshydraté partiellement pour avoir pas assez bu car trop chargé mon camelback en salto ( 2ème erreur), remis en état au 55ème par le médecin, reparti dans le petit matin pour finalement abandonner au 100 ème à Crac’h ( j’ ai craqué) bas du dos brûlé par le frottement du sac ( j’avais oublié de mettre une bande d’élastoplast) et tendinite à la cheville.

En 2011, me croyant expérimenté, j’ arrivais la veille , mais à mon avis moins bien entraîné, optimiste car il faisait moins chaud, Je suis dans les temps au 55 ème. Une douleur commence déjà à me tenailler dans la partie des quadriceps interne proche des genoux.

30 kilomètres plus loin, ma vitesse s’est fortement réduite, j’avance dans la douleur et décide au ravito d’arrêter les frais. Je m’étais promis de revenir, c’est fait. Comme l’ a écrit Eric, nous partîmes tout les deux confiants à 18h le 30 juin pour cette aventure morbihanesque. La nouveauté pour moi était que le parcours se faisait en sens inverse sur la partie que je ne connaissais que sur 20 Km environ.

L’ambiance au départ était festive, tout le monde se souhaite bonne chance. Nous démarrons en foulée économique sous un petit orage rafraîchissant. Cependant, au bout d’un kilomêtre, mon problème de brûlure oesophagique me contraint à marcher. Eric continue et je le vois disparaitre, je ne le reverrai que 120 Kms plus loin.

J’alterne course sur 5mn et marche 2mn environ. Le sentier sur cette portion est facile et le paysage est agréable. Mais courir seul sur cette distance n’est pas ma tasse de thé. Je m’accroche à un petit groupe de coureurs et nous échangeons pendant quelques minutes . Ce sont 5 personnes d’Angers qui viennent pour la première fois et pensent aller au bout . A un moment, ils partent en foulées rapides, je ne les suis pas sûr de les retrouver plus loin. Je rattrape une traileuse avec laquelle j’avais quelques kilomètres avant discuté et qui parait contente de me retrouver. C’est une espagnole habitant Narbonne n’ayant qu’une seule expérience d’un raid de 150 Km dans sa région. Nous courons ensemble alternant marche et course. Nous passons Larmor Baden dans la nuit, La perle du golfe, lieu de résidence de notre ami Roger Hellenis. Pas le loisir, de s’attarder.

C’est à partir de là que nous décidais de continuer ensemble et de finir. J’ai tout de suite vu que ma coéquipière Victoria dossard 863 VF2 avait la volonté et le mental.

Notre progression dans la nuit est facile à deux frontales nous voyons mieux le terrain et ses embûches, cailloux, descente sur des plages, rochers, racines. Il faut savoir où poser les pieds.

Des portions de route nous permettent de courir un peu plus facilement malgré quelques montées un peu casse pattes. Qui a dit que les sentiers du Morbihan étaient plats. Les 1500m de dénivelé + étaient bien là et concentrés sur quelques portions.

L’entraînement en côte et escalier était recommandé. A propos d’entraînement, j’ai fait confiance au plan d’entraînement de Valval et cela a été payant.

Ensemble, nous dépassons le Bono 55,5 km vers 2 h du matin avec pour seul but atteindre Locmariaquer. Nous répétons ensemble en riant : « le bateau, le bateau…!!!!». Une fois, le passage par la mer vers Arzon, fait, je lui ai dit si nous n’avons pas de pépins physique majeur , nous devrions aller au bout.

La moyenne avait un peu baissé sur les kilomètres qui nous séparaient d’Arzon et du gymnase où nous allions prendre un peu de repos. Victoria se fait soigner ses ampoules. Enormément de coureurs souffraient des pieds. De plus Victoria retrouve sa fille Kiné bénévole. Nous nous faisons masser les jambes pendant au moins un quart d’heure. Je me change en partie avec un sac prévu à cette étape. je suis en forme , pas d’ampoule. c’est super. Je m’alimente un peu, mais difficile d’avaler.

C’est reparti pour Sarzeau prochaine grosse étape à 33 km. Au début sentiers serpentant le long du littoral mais assez plats. Beaux paysages sous le soleil. Ensuite c’est plus pénible avec une succession d’escaliers, des descentes sur le sable et les rochers des plages et toujours des entrelacs de racines à certains endroits. Nous perdons du temps, rattrapons quelques coureurs avec lesquels nous naviguons depuis le début quasiment.

Les derniers kilomètres avant d’arriver au gymnase de Sarzeau sont très éprouvants, grosses montées, impression de tourner autour de l’objectif et de repasser au même endroit. Des bénévoles aux croisements de routes nous encouragent, mais nous donnent de fausses infos sur la distance restante. Ca n’en finit plus et le moral est au plus bas. En fait nous avons fait 2 km de plus (mystère).

Le gymnase est en vue et j’aperçois Eric devant l’entrée qui m’attend. Il a l’air cassé. Ses premiers mots sont: « Ah te voilà, tu as l’air bien, moi j’ai bâché, j’ai mal partout, j’attends la navette. ». Il me demande si je continue. Je lui réponds que je suis avec Victoria et que nous avons prévu d’aller au bout. Il me souhaite « bonne chance » avant de partir avec la navette. 120 abandons à Locmariaquer au moins une trentaine à Sarzeau.

Victoria retrouve sa fille la kiné qui est venue avec des provisions. Je peux un peu manger. Ensuite, nous avons droit à un massage allongé sur un gradin du Gymnase.

Retapés, nous partons dans les derniers de Sarzeau. Il est 20h15, cela fait 26h que nous courrons sans avoir dormi. Prochain pointage et ravito, le Hezo à 15,5 Km.

Nous avons une moyenne de 6km/h c’est la nuit, le balisage n’est pas très bon. Sur les 3 derniers nous perdons du temps. Enfin, Le Hezo, l’accueil est sympa : boissons café sandwich… Nous prenons notre temps. Victoria s’allonge un peu avec une couverture. les nuits sont fraîches 10° avec du vent.

Minuit passé de 25mn nous repartons en petit groupe, on accélère pour passer Noyalo que l’on doit passer vers 1h 5 confirmant ainsi que l’on peut finir dans les temps. La moyenne retombe à 4,5km/h . Il reste 12 km avant Séné, nous sommes un petit groupe de marcheurs. Depuis une demi-heure, j’ai mal au dos côté droit et je penche à gauche. Je m’étire essaye de me redresser mais au bout de 200m même topo. Je ne supporte plus mon sac. J’essaye de mieux l’ajuster rien n’y fait. Je perds du temps, rattrape le groupe en courant. Encore 9 km avant Séné dernier pointage ; je me dis que là je pourrais me faire soigner. Il est 2 heures, 9 km à faire, barrière horaire à 7h, c’est faisable. Je suis en perdition, Plus de Victoria à l’horizon.

Je fais encre un km en m’appuyant sur ma cuisse gauche. Je suis assisté par un bénévole en vélo qui veut bien porter un peu mon sac et me demande si je veux abandonner. J’ai la rage, j’ai les jambes, l’envie d’aller au bout. Mais mon dos est comme bloqué je ne peux quasiment pas me redresser parfaitement (là je me dis que les bâtons m’auraient bien servi). C’est foutu.

Je fais encore 500m pour arriver à un carrefour et attendre le véhicule de secours pour me ramener à Vannes. C’est fini à 29,5 Km de l’arrivée.

J’ai parcouru donc 147,5 Km et même 149,7 km si je tiens compte des 2 km de trop à Sarzeau.

Victoria, quant à elle, elle finit en accélérant sur la fin le dimanche é juillet à 10h 30 en 40h30mn, totalisant 179,7Km.

Déçu, car je voulais le réussir pour mon anniversaire et aussi pour l’investissement personnel, l’entraînement et pour être allé au bout de mes limites et d’avoir essayé de les repousser. Ce sont des moments très forts où après la course on la refait pour chercher les erreurs. Car dans une course échouer quand on a les jambes c’est frustrant et ça laisse un goût amer dans la bouche.

Il y cependant un côté positif dans ce genre d’épreuve, c’est que l’on se connaît mieux et que l’on en sort enrichi de rencontres humaines, d’images et de sensations que l’on garde pour soi. C’est grandiose.

Une chose est sûre, je ne le retenterai pas, peut être le 87km ou autre trail plus modeste avec mon fils (s’il a le temps de s’entrainer) et Eric.

 

Jean Paul Schilling

Ultra Marin du Morbihan, malgré l'échec, "on en sort grandi", Cr Jean Paul S.

2 Comments

  1. L'escargot volcanique

    Bravo à toi ….c’est rageant oui mais tellement super tous ces km…et puis que de bons souvenirs …..bonne recup et bravo à Eric aussi….

  2. Philou

    Bravo l’amis, c’est qui Victoria ? toujours bien accompagné le Jean Paul, dit toi bien que tu as courru
    149, 7 KM, ce n’est pas rien, il faut savoir rester humble dans cette discipline. ça demande un mental d’acier et ce n’est pas a la porté de tout le monde.
    Bravo a vous deux.

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