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Trail dans le jura

Comme il ne fait sans doute pas assez froid en Lozère, je suis parti quelques jours dans le Jura, autre zone rurale de moyenne montagne, pour profiter des joies du ski et du trail nocturne dans le secteur des Rousses. C’est aux Rousses que furent tenus les pourparlers préliminaires aux accords d’Evian mettant fin à la guerre d’Algérie, cela il y aura bientôt 60 ans du 10 au 19 février 1962. Dans le plus grand secret, 3 ou 4 ministres côté français et autant côté algérien se réunirent dans un bâtiment des ponts et chaussées dénommé Le Yéti et jetèrent les bases du protocole mettant fin à ce sinistre conflit colonial.

 

Afin de ne pas attirer l’attention du public, nombreux à cette époque de pleine saison des sports d’hiver, les négociateurs arrivèrent déguisés en skieurs avec des skis sur le toit de leur voiture. Le secret fût bien gardé : ni les vacanciers, ni les journalistes, ni l’OAS, capable de fomenter un attentat en tout point du territoire, n’eurent vent de ce qui se tramait. Le seul à s’étonner fût l’épicier du village, comprenant mal pourquoi ce qui était officiellement une colonie de vacances lui commandait en quantité de la bière et du vin rouge plutôt que des laitages.

S’agissant des trails de nuit, le Jura diffère quelque peu de la Lozère :

– le prix est double,

– le repas du soir n’est pas inclus dans l’inscription,

– il y a de la neige,

– les membres inférieurs suffisent à accomplir le parcours, car il n’est point nécessaire de s’accrocher aux branches ou aux rochers.

On note aussi sans surprise que le « trailer », comme d’ailleurs son congénère le marathonien, fait monter les prix partout où il passe ; c’est ainsi qu’il est bien difficile de trouver un hébergement à prix abordable dans le secteur des Rousses la veille ou le soir de la compétition, sans doute la fameuse main invisible du marché chère à Adam Smith ! Du coup, la main invisible, je l’ai tranchée sans regret et suis parti me réfugier en Suisse, pays bon marché s’il en est, dans le charmant village de Saint Cergue, là où les hôteliers restent raisonnables et où le petit-déjeuner est compris avec la chambre. De surcroît, il y circule un superbe petit train rouge qui achemine promeneurs et skieurs au milieu des champs de neige en toute sécurité et sans pollution ; le train c’est tellement mieux que l’autocar….

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Je ne vais pas raconter ma course, car c’est un non sujet qui ne m’intéresse pas et intéresse encore moins le lecteur : 1h43, 148eme sur 288, 3eme VH5 sur 5 et c’est tout. Si certains sont intéressés par ce trail, il ne présente aucune difficulté particulière : 16km ou 11 km en pente douce sur des pistes de ski de fond bien damées. Il y avait de la place quand je me suis inscrit il y a 2 semaines, donc il est inutile de s’y prendre des mois à l’avance. On y rencontre quelques ruraux, mais surtout beaucoup de citadins venus de Genève, Lausanne, Lyon, Dijon ou Paris ; j’ai d’ailleurs croisé des connaissances du Plessis-Trevise. Ceux qui sont soucieux de sobriété énergétique et veulent économiser l’électricité pourront se passer de lampe frontale et profiter de celle des autres : avec près de 300 coureurs, on n’est jamais seul.

Le domaine skiable Jura sur Léman, à cheval sur la France et la Suisse est bien sympathique et permet de profiter des joies de la glisse en moyenne montagne. Pour celle et ceux qui préfèrent le ski de fond il y a aussi de quoi faire, mais bon, le fond je ne sais pas en faire ! On ajoutera à cela la randonnée sur des chemins bien damés où les raquettes sont inutiles sauf à aimer avoir l’air un peu ridicule. Au ressenti des températures, je ne suis d’ailleurs pas certain que la haute montagne soit plus agréable en cette fin janvier.

Dans l’échelle des plaisirs de l’existence, il y a le trail, le ski mais aussi et surtout la diététique. En moyenne montagne comme ailleurs, il est recommandé de manger un bon fromage, une bonne viande et de boire un bon vin, en quantité certes raisonnable mais surtout en qualité, cela en privilégiant les circuits courts autant que faire se peut. Cela tombe bien car il y a tout ce qu’il faut dans le Jura : le comté ,le Mont d’or, la charcuterie fumée, les grenouilles des étangs, des vins fameux qui se déclinent dans toutes les couleurs. Les amateurs de sushis vegan, de soja et de quinoa amèneront donc dans leur musette ce dont ils ont besoin car ces denrées sont ici mal connues.

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