C’est dans l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien que l’on trouve,je crois, les mots suivants : « une journée sans aimer est une journée perdue ». Si, pressé par le Vésuve, le maitre n’a pu développer sa pensée elle est fort connue et approuvée comme il sera montré ci-après.
Le 15 mars dernier le premier confinement, événement exceptionnel s’il en fût, nous a surpris comme les autres mais, petite touche personnelle, sur la côte niçoise où le goût de la découverte nous avait déposé. Il a fallu s’organiser promptement et, ayant désormais une maison qui regarde la baie de Saint Brieuc, le choix a été vite fait d’y dérouler la période incertaine qui s’annonçait. Avec un ordinateur relié à la vraie vie, et la possibilité de courir sur un chemin en asphalte dominant le port nous pouvions, en cinquante allers-retours, couvrir une heure d’horloge en offrant aux voisins un spectacle gratuit.
C’est dans ce cadre de mouettes, de grandes marées et d’un temps exceptionnellement sec que la forme s’est peaufinée bénéficiant d’une solide remise en forme de gainage et de mouvements de gymnastique adaptés. Quand juillet est arrivé, confinement levé, le contact s’est établi avec l’équipe des Trailers du Glazig qui participe depuis des années au bon déroulement de cette épreuve tous chemins dont Asphalte 94 connait déjà la difficulté. Quelques mois auparavant en effet s’était disputée sur des chemins de boue, de bord de mers et de cailloux la dernière édition entre 15 et 61 kilomètres de grand air.
Avec une soixantaine de participants cette association, que fréquentent certaines marathoniennes aguerries, ayant notamment disputé les 42 kilomètres d’Amsterdam 2019 me fit l’honneur de m’emmener entre les plages des Godelins et de l’Avant-port, sur le chemin des douaniers et les routes chouannes en me préparant à la qualification des 10 kilomètres sur route. Ceci fut fait à Rennes-Pacé dans des circonstances exceptionnelles de respect des protocoles sportifs. A partir de ce moment le pli fut pris de se partager entre les épreuves courues sous le vert et violet d’Asphalte, principalement l’Ekiden virtuel où il me fut permis d’améliorer trois fois mon chrono et le maillot bleu du Glazig où, après des sorties à la frontale sur quinze à vingt kilomètres, nous en fûmes à organiser une sortie dénivelée (15 600 m à tous cumulés en vingt quatre heures) puis un rallye 48 heures avec relais toutes les deux heures.
Aimer c’est vivre dit Pline et bien nous aimons au carré cette vie si pleine et comme dit le président Jean Michel sans déchirement intérieur puisqu’au lieu de partager mes kilomètres entre deux j’ai doublé mes kilomètres entre deux. « Seuls et ensemble » suivant la devise du Glazig où l’on a couru sans se voir et sans interruption durant 48 heures, un peu plus de 650 kilomètres en additionnant la part de chacun. Ceci nous nous a valu un reportage Radio France Bleu et la couverture d’Ouest France, premier tirage du pays, 650 000 exemplaires. En même temps sortant en maillot violet et vert sur les rives du quai Jean Bart ou du quai Surcouf pour des 5 000 mètres chronométrés, c’était affirmer la présence du club val-de-marnais loin de ses bases. J’ai fait un rêve, pour conjuguer ces deux enthousiasmes, celui qu’Asphalte 94 vienne courir le Glazig de janvier 2022. Ce serait un grand moment d’amour.
Bel exemple de polyfidélité, Christian !