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Le défi des Seigneurs, Niederbronn, Cr d’Olivier S.

Le Défi des Seigneurs – Niederbronn-les-Bains – 74 km – 2 700 m+

Destination Niederbronn-les-Bains, en Alsace, dans le parc Régional des Vosges du Nord, pour ma première course longue de la saison, en préparation de la maxi race d’Annecy. Trouver un trail de plus de 50 km et 2500 m+ à cette période de l’année est déjà un petit challenge en soi. Le Grand Défi des Vosges, trail historique de la région, sera organisé cette année pour sa 16è édition. L’organisation est donc bien rodée, et ce sera l’occasion de découvrir ce massif que je ne connais pas encore.

Le Défi des Seigneurs, la grand course des 2 jours, se déroule sur 74 km entre 200 et 600 m d’altitude, et un dénivelé positif cumulé de 2700 m.

Un parcours plutôt roulant, d’après le profil et les vidéos en ligne, ce que je redoute plutôt. Les prévisions météo annoncent le soleil et des températures élevées pour la saison.

J’établis mon plan de course et vise le challenge de terminer en 8:30.

Nuit courte et agitée (Nathan, mon fils, est enrhumé), départ à 6h15 du gîte pour une mise en bouche de 2km jusqu’à la base de départ.

7h00. Nous sommes environ 280 au départ, au lever du jour sur le stade. La température est déjà très douce.

Je me mets dans ma bulle. Les chemins sont larges au départ, le peloton s’étire bien.

Phase d’observation.

Les 25 premiers kilomètres sont très roulants. Je fais attention à ne pas faire de bruit au sol, surtout dans les descentes, et à respirer tranquillement. Je fais le yoyo avec une jeune femme visiblement très encouragée.

Nous longeons un fond de vallée pour atteindre le premier ravitaillement à Lembach, dans la forêt, au km 26 en 2:25′. J’avais prévu d’y passer en 3:00.

Je me dis qu’il va s’agir de courir le plus possible et bien gérer les allures dans les côtes, de reprendre dans les longues descentes, tout en me protégeant et en m’économisant.

L’image de Rory Bosio sur le dernier utmb me revient comme un leit motiv : so cool’n easy !

Bon, ben, yapluka (toute proportion gardée)…

Un chemin en bordure de pré. La nature est printanière et opulente.

Une portion de route, un peu trop longue à mon goût, dure sous les pieds.

Une belle pente, large, dans un sous-bois ensoleillé, rayée d’un single qui serpente vers le haut.

Une route forestière qui grimpe infiniment régulière, droite, longue, sur laquelle il ne faut rien lâcher.

De longs moments seul sur les chemins, le minimum de balises nécessaires (mais à aucun moment je ne me suis perdu), une sensation d’espace, de road movie. Un single sablonneux, jonché d’aiguilles de pins, piégé de racines, qui longe des rochers de grès, environnement familier. Un portail avec des totems en bois sculpté, des vestiges de châteaux médiévaux. Un sol souple sous les pieds. De la forêt, de la forêt, de la forêt…  Heureusement, car à partir de 12h00, il commence à faire chaud au soleil.

Des arbres immenses, mais peu d’horizon. (*)

Des crampes à partir du km 55, d’abord à l’ischio droit, puis aux adducteurs dans les descentes. Aïe, ça je ne connais pas, il va falloir que je gère et que je m’adapte pendant 20 km.

Des bucherons qui cassent la croute au bord d’un chemin, saucisson, bière : c’est là le ravitaillement ? L’arrivée à Dambach – km 56, joli petit village alsacien. De l’eau fraiche à la fontaine. J’avais prévu un passage à 6:30, j’y suis à 6:19. Le soleil tape. Je bois 3 verres de soupe aux vermicelles, avale quelques quartiers d’orange, remplis mes flasks et repars avec un vétéran qui vient de Saint-Louis, au Sud de l’Alsace.

Un vieux du village au bord du chemin nous annonce dans les 40.

Une route forestière aux sillons profonds creusés par les engins. Un épais tapis de feuilles qui cache les pièges. Je double et crrrccc, ma cheville gauche plie un peu plus que ce qu’elle aurait dû, pas dans l’axe… Sensation désagréable de froissement et douleur insidieuse à chaque pas qui suit. Toute mon attention se porte sur mon appui gauche, mes crampes prennent un peu de vacances, pendant un temps…

La dernière montée, au Grand Wintersberg, longue (nous étions prévenus) et raide dans sa dernière partie. Le dernier ravitaillement au sommet attendu au km 65. Ma montre affiche 67km, 2 km qui me semblent interminables. Une belle affiche m’y nargue : “il vous reste encore 9km à courir”…

Je laisse filer le coureur de Saint-Louis, et continue à boire du coca et manger des quartiers d’orange.

La jeune femme du début réapparaît. Je profite de son aspiration pour repartir, à 8:00, avec 15′ de retard sur mon plan, trop serré sur la fin, et mes crampes latentes et ma cheville me tiennent la bride.

Les premières foulées coûtent cher.

C’est la première femme de la course, elle est au taquet. Son énergie me pousse au c…, et mes jambes suivent le mouvement, étonnamment. Petit à petit, la douleur disparaît, anesthésiée.

Je finis cette longue descente dans sa foulée, et à quelques secondes de l’alsacien, en 8:57′, 41è et 15è V1, le premier en 6:39′.

Quelques mots sympas avec les organisateurs, un bon massage avec une kiné à qui je laisse le mot de la fin :  “mais… pour faire ce que vous faites, il faut être un peu borderline, non ?” …

 

Olivier STORA

 

(*) l’organisateur, Didier AMET, m’expliquera que cette année la végétation est dense très tôt dans la saison.

Le défi des Seigneurs, Niederbronn, Cr d'Olivier S.

2 Comments

  1. Valérie

    Joli récit Olivier !
    une course dont je n’avais jamais entendu parlé mais que je guetterai peut être l’année prochaine!
    Bon courage pour la récup .

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