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Les impressions de Nico KC de retour de Rotterdam

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Comme l’a écrit Daniel je suis parti à Rotterdam avec une confiance limitée. Pas seulement parce que le marathon génère des émotions et une appréhension particulières. J’envie Fayçal quand je lis qu’il est arrivé à dormir 4 ou 5 heures la nuit précédant son premier marathon. On sait bien qu’il est contreproductif de programmer des séances dans les derniers jours et qu’il faut penser uniquement récup. Malgré cela je m’inflige quasiment à chaque marathon une épreuve de fractionné la veille. Du genre 6 x (20 / 60) : 20 mn de semi sommeil suivis d’une bonne heure éveillé durant laquelle des pensées insensées peuvent parfois me traverser l’esprit. Comme à New York où au cours de la nuit j’en suis venu à me dire : « Finalement je ne vais pas prendre le bus pour aller au départ, je resterais au lit ».

Pour Rotterdam ma fébrilité était renforcée par différents pépins physiques survenus en cours de préparation. A un moment je doutais de ma capacité à boucler la distance craignant la blessure. Comme cette douleur au mollet qui m’a contraint à couper 4 jours 3 semaines avant la course. Douleur qui a disparu je ne sais trop comment pour ré-apparaître (je ne sais trop comment) la veille de la course. Ré-apparition psychique due au stress pré-marathon ? Cette préparation chaotique combinée à un manque de fraîcheur ne me laissait pas envisager un chrono à la hauteur de mes espérances.

Dès l’échauffement j’ai senti que ce ne serait pas une partie de plaisir. La météo s’annonçait incertaine entre nuages et éclaircies agrémentée de bourrasques de vent assez fortes par moment. Le parcours est réputé roulant, alternant entre traversées du centre-ville et passages en périphérie le long d’étendues boisées. Le début de course confirme que les sensations ne sont pas au rendez-vous. Avant le 2e km on passe un pont suspendu. La pente n’est pas spécialement raide mais je suis obligé de tirer dessus pour rester dans l’allure. Du coup je décide rapidement de rester un peu en dedans par rapport au rythme que je me serais fixé en cas de bonnes sensations. Je me fais même décrocher rapidement après le 10e km. Je préfère laisser partir plutôt que de lutter pour accrocher le wagon. Car je sens bien que je vais être dans le dur tôt dans la course. Du coup je suis isolé et je profite pleinement du vent de face. Difficile de savoir sur quelle allure je suis réellement callé car l’indication des km est visiblement un peu aléatoire (4mn42s officiellement entre les km 12 et 13 et 3mn17s toujours officiellement entre le 13 et le 14…).

Passage au semi en 1h25mn55s. On commence à revenir vers le centre-ville. Au 25e km on repasse le pont du début de course en sens inverse. Le vent de face se fait bien sentir. Au 27e km je commence déjà à être dans le dur. Côté gauche la douleur au mollet commence à se faire sentir. Côté droit ça tire dans les ischios. Je commence à doubler des coureurs que j’avais laissé partir en début de course, ce qui m’aide à m’accrocher. Mais ça devient de plus en plus difficile. Au 30ekm on croise les kenyans qui eux sont au 39e. On entame alors une boucle autour d’un bois dans une certaine solitude. Il n’y a quasiment plus aucun spectateur. Au fil des km le combat s’intensifie entre le corps qui réclame un moment de répit et la tête qui commande encore pour s’accrocher. Grâce aux coureurs que je reprends petit à petit l’esprit garde le dessus. Mais je sens que je ne suis plus tout à fait lucide, comme au 38e km où j’ai failli trébucher sur un passant qui avait décidé de traverser juste devant moi. Au 39e km on retrouve le flot de coureurs qui arrive en sens inverse au 30e. Ca donne le dernier coup de boost pour terminer sans lâcher.

La foule est massivement massée le long des 2 derniers km. Un marquage « 1000 » au sol annonce le dernier km. Je ne sais pas où j’ai alors encore trouvé des réserves. Mais voilà que je me lance dans une accélération jusqu’à l’arrivée pour reprendre quelques coureurs devant moi. Je passe finalement la ligne en 2h52mn45s.

Si ce marathon ne restera pas un des plus accomplis ni un de ceux sur lesquels j’aurais pris le plus de plaisir, il restera sans doute celui sur lequel j’ai le plus bataillé et me suis fait le plus mal (psychologiquement parlant). Car au passage au semi j’imaginais perdre bien plus qu’une minute sur la deuxième moitié de course.

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