Depuis plus d’un an, un masque hideux a recouvert les visages, au propre comme au figuré ; un masque de peur de solitude, de repli sur soi, de sentiments dépressifs. Contrairement à sa nature, l’homme est encouragé à s’isoler, éviter les contacts avec ses semblables, se connecter par les ondes, se sevrer des embrassades et se méfier de ses familiers
Ayant beaucoup de mal à supporter le diktat du virus et sa priorisation sur toute autre considération, j’ai décidé de me lancer dans un voyage à plusieurs niveaux. Une marche longue sur le chemin de Compostelle, pour tester mes limites physiques et lancer un défi à la maladie ; un voyage intérieur pour remettre en ordre mon cerveau, redéfinir les priorités et protéger le sourire et l’optimisme que je prêche mais sans pouvoir garantir leur permanence
La décision étant prise, je préparai mes affaires pour le 4/05 sans tenir compte des restrictions de déplacement. Je constate avec satisfaction que la liberté de circulation a été accordée juste un jour avant notre départ, est-ce un signe?
Départ le 4 mai en train à Bayonne et dès le lendemain au matin la marche commence
Chacun de nous deux a une maison sur le dos et peut dégainer 2 gourdes d’eau à la ceinture
Nous avons choisi el caminodelnorte, le chemin côtier qui est plus sauvage, avec de très beaux paysages, mais nettement plus physique
Les dénivelés s’empilent et chaque étape va de 22 à 28 km avec des dénivelés de 500 à plus de mille mètres, et des pentes très raides qui vous brûlent les cuisses et les mollets progressivement.
Il faut une très bonne préparation physique pour se lancer dans l’aventure
La distance totale à Santiago est de 900 km et nous comptons la couvrir en 39 étapes
Le premier contact avec l’océan est fabuleux avec un soleil radieux ; les vagues déroulent leur tapis blanc jusqu’à nos pieds puis mille serpentins t’attrapent et essaient de t’attirer vers le large, ne manque que les sirènes
Je ne m’étendrai pas sur le quotidien et la routine qui s’installe ; lever à 6h30,petit déjeuner, ranger le sac partir ,arriver vers 18h, se laver, faire sa lessive, manger ,dormir puis recommencer.
Cette routine est assez propice et contribue au détachement qui gagne petit à petit le chemin, en sous-bois, ou surplombant la mer. On croise beaucoup d’animaux en liberté, communion avec la nature, on assiste à l’accouchement d’un veau et d’un poney.
Tout se déroule bien jusqu’à l’avant dernière étape où une tendinite du pied gauche se déclare m’empêchant de poser le pied par terre. Il était hors sujet d’abandonner, j’ai donc annulé l’étape du jour et passé le temps à glacer jusqu’à ce que la douleur s’atténue ; j’ai tenté alors les 20 derniers km qui m’amenèrent à Santiago, aidé par mon ange gardien qui m’a accompagné, attendu et aidé tout au long du camino.
Laurence était arrivée lé veille et m’attendait sur le chemin à l’entrée de la ville ; j’ai donc été accompagné jusqu’au parvis de la cathédrale où je m’écroulai sous le coup de l’émotion : 874 km au total.
Le lendemain fin du voyage à fisterre au km 0 après une marche symbolique de 5 Km
Un seul regret, c’est de ne pas avoir rencontré beaucoup de gens, la covid ayant dissuadé beaucoup de pèlerins étrangers.
Ci-joint 3 textes écrit sur le chemin et inspirés par l’atmosphère de ce périple.
Ange Gardien
Au fur et à mesure
Que mes pas avancent sur la terre
Mon esprit s’élève
Et se dirige progressivement
Vers une douce lumière
Mon ange gardien
Mets ses pas dans les miens
Du chemin il assure le guidage
Pour sécuriser notre voyage
Une crispation peut survenir
Vite disparue avec le sourire
Sur le chemin la souffrance est un fidèle compagnon
Elle vous insuffle les doutes et les angoisses
Et peut porter un coup fatal
Dès que pointe une faiblesse
Ou une hésitation
La motivation de s Ȏlever
De se surprendre
De se comprendre
Reléguer le physique à l’arrière
Par l’effet de la fatigue
Et ouvrir la scène entière
à l’âme et à l’esprit leur permettre de se mouvoir
dans l’ensemble de leur territoire
pour leur assurer le pouvoir
d’ouvrir la fenêtre de leur savoir
et d dévoiler ses idées
dans leur rangement tassées
Comme un grain de poussière
tu as ta place dans l’univers
une brise le prend par surprise
il s’envole dans un petit tourbillon
et va se poser un peu plus loin
dans une nouvelle configuration
pendant ce temps là
les amis les copains et les voisins
ont eux aussi changé de destin
même ceux qui n’en voulaient pas
qui n’ont fourni aucun effort
ils sont là
poussés par leurs voisins
et par le sort
tu as toujours une position dans l’univers
mais cette position change
elle est toujours valable à l’instant présent
mais ne peut être déterminée dans le temps
ainsi lorsqu’un grain de poussière
peut déplacer toute une partie de l’atmosphère
toi petit homme
en bougeant
tu as créé des démarches
et des courants
et par cette intervention dans l’univers
tu as ta raison d’être
on peut dire que marcher pour marcher
n’est pas un but mais il prouve que tu existes
je bouge donc j’existe
est donc le pendant
de je pense donc j’existe
et autant le monde
ne peut se passer de réflexion
autant il est avide de mouvement
voilà pourquoi face à un destin inique
qui veut me mettre dans la rubrique
ci-git un énergumène
affilié à la race humaine
il bougeait beaucoup
il changeait souvent de position
sans véritable raison
tu te dois de réagir
et de prendre le défi à bras le corps
pour montrer que tu maitrises ton sort
et que tu forces le destin
à retarder ses projets chagrins
pour marcher on met un pied devant l’autre
et on ne sait pas lequel a commencé
ainsi va le mouvement
perpétuel et en avant
Le temps perdu ou comment ralentir les aiguilles du temps
J’écoute le silence palpiter
Au fond de l’espace
Mes cris aphones disparaissent
sans laisser nulle trace
quand on fait son bilan
on peut se retrouver conquérant
on peut se retrouver chancelant
l’important est de trouver sa place
qu’as-tu fait de ta vie ?
de ton temps imparti ?
as-tu pris un bain de nature
avec des grains de sable de la plage
pour unique couverture ?
as-tu chuchoté au clair de lune
des bribes de ta littérature ?
le temps ne peut être rattrapé
mais les aiguilles peuvent être ralenties
as-tu admiré la patience avec laquelle
brillent les choses éternelles ?
as-tu rassemblé le parfum de la gloire
aux douces et suaves senteurs de l’aventure ?
as-tu murmuré à l’âme de ton bien aimé
des bouquets de mots ?
à l’amour son ossature?
as-tu frayé sur les chemins
qu’arpentent sans cesse les pèlerins
à la recherche d’eux mêmes
et des sources de leur problème
ou pour approcher leur destin
as-tu confondu le cri du vent
les gémissements d’un vieil arbre
ou les trilles d’un oiseau de paradis
les aiguilles du temps se raidissent et ralentissent
elles veulent vous accompagner dans votre quête
faire en sorte que le temps s’arrête
vous accorder une petite éternité
dans cet apaisement
dans cette communion avec la nature
elles veulent aussi vous aider
à garder cette allure démodée
malgré le retour à la cité
à colmater les brèches
par lesquelles le temps se dépêche
de fuir
en emportant
jusqu’à vos souvenirs
Pour Elie,
que de belles photos, et de belles proses. Que du bonheur à lire…..
Toujours aussi vaillant 874km.!! Bravo.
Bonne soirée.
Frederique cavalli.
Bises à vous deux.
chapeau bas Elie. Cette épreuve que tu viens d’affronter et d’où tu es ressorti grandi, va te donner la force, l’énergie, la détermination à en affronter une autre bien plus redoutable, d’où tu sortiras vainqueur.
Bravo, et merci pour ces écrits oh combien humanisants
Bravo Elie . Superbe aventure intérieure et humaine ; Beau récit ; Respect
Bravo Elie ! Un véritable exploit ! 900 km à pied ! du courage, de la volonté, de la persévérance, un moral de fer et en plus ces beaux poèmes … bravo ! un exemple pour nous tous !
Bravo Elie, une belle aventure sportive et humaine. Un grand merci pour le partage. Contente de te lire, de te voir, et de découvrir ce beau parcours si bien conté….Bravo
Bravo Elie, quel courage. Merci pour ces beaux textes.
A bientot
Bravo ELie, toute mes félicitations, que la force reste avec toi.
Superbe de détermination. Un grand bravo avec des textes et des images à la hauteur de l’engagement
Bonjour Elie, c’est avec grand plaisir que je viens de lire tes textes.
Comme je l’ai dit la compostellite aigüe est un virus très grave lorsque l’on tombe dedans c’est comme Obélix et sa marmite, on est gonflé à bloc….
Oui c’est vrai cette année peu de rencontres mais celle de François et de toi Elie a bien embelli notre Chemin….
Buen Camino et ultreia pour vos prochaines aventures….