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TROIS ASPHALTIENS DANS LE VENT !

La Rochelle, terre d’aventures, certes, en a vu bien d’autres !

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Avant-port de l’Atlantique, familière aux aventuriers au long cours, aux  corsaires burinés et endurants, aux équipages hardis en partance pour Valparaiso, la cité charentaise ne s’émeut plus guère sauf lorsque, glissant sur les gouffres amers du 42 kilomètres 9 000 marathoniens et semi-marathoniens s’embarquent à neuf heures du matin pour des espaces pédestres de force 7. Pour ce dernier marathon de l’année, qui rivalise avec celui d’Orléans, pour se parer du doux nom de marathon des givrés, on allait voir du spectacle. Celui qui mêle le sourire au courage, le regard farouche à la mâchoire crispée, bref un long ruban de souffrance.

Michel Robert, charmant compagnon, a été formidable dans cette épopée de glace. Le vent frigorifiant qui soufflait de face renforçait l’impression d’être les découvreurs du Labrador. Annonçant à Nathalie Duterte et à moi-même lors des entrainements de la veille qu’il ne se sentait pas en état de courir, en raison d’un mal persistant aux jambes, aux pieds, au talon d’Achille… il nous faisait grand peur. Michel, le héros au sourire si doux, était au plus mal. Impression confirmée au petit-déjeuner pris à potron-minet où, pour détourner la conversation et la douleur, pour qu’elle soit plus sage et plus tranquille, on se mit à parler de philosophie allemande entre deux jus d’orange et un gâteau énergétique trop vite avalé.

Nathalie, elle, était rayonnante, comme d’habitude, telle la lumière du beau soleil qui s’était installé au petit matin et malgré ses craintes pour Michel, elle appareillait pour un grand jour. Le signataire de ces lignes ayant eu le bonheur de se voir accompagné, ainsi que ses camarades, par Marie-Fanny dans le rôle polymorphe de photographe, confidente, préposée au ravitaillement avec passage de gels attribués dans le bon ordre, support de logistique vêtements, distributrice de lait concentré sucré, chargée de la chronométrie et du réconfort des âmes on partait par paquets séparés (les dames et les anciens d’un  côté, les jeunes loups de l’autre) pour se retrouver trois kilomètres de là, à l’entrée du premier parc de la ville. L’air de la Walkyrie à plein poumons prolongé en écho sur les rives du port, chevauchant les concurrents, est un des grands moments de ces départs majestueux, toutes voiles dehors.

Seulement il y avait la course.

Et si Marie-Fanny avait annoncé quelle serait là aux 20è et 40è kilomètres il y  avait du temps entre ces deux moments forts ! car la Rochelle n’est pas une petite ville surtout quand on la découvre à pied dans tous ses méandres anciens et nouveaux. 1 200 bénévoles étaient certes présents pour nous, ce qui en fait une des courses les mieux pourvues en aide et assistance diverses, on allait recevoir un magnifique coupe-vent blanc de neige assez chaud pour préparer les cross de l’hiver, une bourriche d’huitres et bien d’autres douceurs océanes mais, avant tout, il fallait avancer. Heureusement d’ailleurs il y avait de solides ravitaillements, placés des deux côtés de la chaussée, ce qui est bien pratique pour le confort des concurrents.

Si le premier tour – il y avait deux boucles – fut presque sans problème pour Michel que l’on n’attendait pas aussi gaillard à mi-épopée ce ne fut qu’une formalité pour Nathalie qui composait avec lui un couple asphaltien de bon aloi placé juste derrière Christian qui avait fixé ses ambitions sur un temps qui devint rapidement impossible à atteindre pour lui, après 25 kilomètres.

Certes la pléiade de kenyans annoncée était là, discrète, efficace et rapide mais elle se plaignit légèrement du froid ambiant et des petites côtes astucieusement glissées près des voies de chemin de fer et de la salle de l’Encan où étaient distribués les dossards et les médailles gravées. Bref La Rochelle c’est pour les bons.

Alors que l’on croyait Marie-Fanny, couverte de deux bonnets (dont un de la course de la Sagittaire, les spécialistes apprécieront) prête à quitter la vigie sous les effets du vent debout, Michel lança à Nathalie, au 35è kilomètre la suggestion de l’abandonner à son sort. Ce qu’elle fit, le cœur glacé. On assista alors chez les asphaltiens garçons, bien que séparés par quelque distance, à l’effet d’un spécifique ‘esprit club’. Marchant occasionnellement, la mâchoire serrée ils décidèrent, discrètement, de ralentir pour profiter du paysage. Pas longtemps, juste pour voir la magnifique promenade plantée battue par les flots, pour s’aérer l’esprit avant d’admirer les tours Saint Nicolas et de la Chaine près desquelles un tapis bleu avait été dressé. Les pavés centenaires sur des mollets fatigués ce n’est pas facile et un dernier tour de port exactement fléché à 580 mètres (un tour de piste et demi, presque rien semble t-il même si l’on porte un léger sac dans le dos aux couleurs de Paris).

Avec un accueil de premier rang, un repas marathonien servi à 12.90 euros (plat et dessert) dans un restaurant partenaire conjoint à l’hôtel, un petit-déjeuner servi au Kyriad tout neuf à partir de 6 heures, la possibilité de garder sa chambre pour une douche bienfaitrice, un parking souterrain et un grand lit de 180 de large, on ne pouvait se plaindre. D’ailleurs on ne s’est pas plaint, car deux records personnels furent battus, que dis-je bousculés, par Michel, invincible dans son regard bleu d’acier et Nathalie, insensible au doute. Ceci permit d’obtenir la médaille gravée des méritants pour eux deux et la photographie prise peu après, chambre 310, marque la chaude ambiance de l’après-midi de réconfort de nos asphaltiens.

Un peu avant les moules frites de fin de journée, le demi homard pour Marie Fanny, la mouclade de Christian, les pâtes réconfortantes de Michel un peu remis, on doit souligner l’excellence de l’accueil, le plaisir de cette 23è édition qui pourrait être un support de marathon club de ceux qui aiment la Charente-Maritime et le très nombreux public présent, environ 15 000 spectateurs.

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Résultats chronométrés réels :

Christian Pallandre    3 h 51 ‘ 41 ‘

Nathalie Duterte         4 h 05 ‘ 26 ‘ (record personnel)

Michel Robert             4 h 09 ‘ 32 ‘   (record personnel)

2 Comments

  1. Fabrice

    Très agréable à la lecture, j’aimerai pouvoir écrire aussi bien. A défaut j’espère au moins tenter une année ce fameux ‘marathon des givrés’ 😉

  2. christian.pallandre

    C’est à desespérer les entraineurs qui doivent nous dire ne vous jetez pas sur un grand lit comme cela pour fêter votre meilleur temps, c’est une mauvaise chose pour la préparation suivante
    ! La prochaine fois nous essayerons de faire mieux.

    Christian P.

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