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Quelle belle aventure !

L’idée était déjà là depuis quelques années, mais cela fut comme une évidence après mon abandon au 45ème km de l’ardéchois fin avril suite à des problèmes gastriques. Mon entraineur Philippe PROPAGE a été d’une grande écoute sur cette idée de 24h : je le remercie pour ses conseils et sa préparation.

Avec le club nous participions au 6h sur piste à BEAUCHAMPS en juin ce qui me permet de me dire que j’aime tourner. (Je ne vous parlerai pas des douleurs occasionnées par le fait de tourner toujours du même côté). Avec mes 69,5 km j’ai remporté cette épreuve. Suite à ce 6h, Philippe m’a fait une préparation adaptée à mon niveau.

3 mois de préparation, de juillet à septembre. J’effectue le tour du mont blanc avec la SAM mi-juillet. Suite à une stage de dénivelé fin mai, je pars avec dès le départ la rotule désaxée… Cette blessure fait supporter aux quadriceps une charge très importante, et dès le deuxième jour, ils bloquent.  Je  me tourne une cheville dans la descente à Trient , puis le lendemain, me déchire l’insertion du quadriceps dans la dernière descente de la Flégère.  Echographie, 10 jours de repos, anti inflammatoire, glace, élévation,  avant de pouvoir commencer la préparation. Mes parents seront très patients avec moi pendant cette coupure. Je passe des vacances à ne rien faire, juste du repos.

L’été et ses chaleurs est difficile. Le matin est propice aux sorties d’allures. Le weekend me permet de faire les sorties longues. Je remercie ceux de l’ ASPHALTE 94 en août de m’avoir accompagné. Sans quoi, cela aurait été long ! Des séances chez William, mon kiné, me permettent de soigner ma déchirure et ma cheville

Une équipe se forme au sein du club pour aller courir les 100 km des Etangs de Sologne fin août. Beau weekend et parcours plaisant. Je cours mon premier 100 km en allure sortie longue et je trouve cela super. Bonnes sensations sur tout le parcours. Pas de courbatures. Mais les tendons, qui ont commencé à se faire sentir 15 jours avant le 100 km, n’ont pas trop aimé et finissent enflammés. Le changement de semelles et de chaussures pour le 100 km n’a pas arrangé la situation.  Je finis 3ème en 9h23.

Je trouve un kinésithérapeute, Aurélien  qui me traite aux ondes de choc et au quatar.  Une séance chez mon ostéopathe Luc FURGE, admirable dans la manière et très patient, finit d’arranger mon cas. Merci à eux de m’avoir permis d’être en forme le jour J.

Mes affaires préparées, quelques jours de repos, des mots préparés par mes parents et par moi-même à lire pendant la course, et me voilà au départ. Je suis accompagnée de mon frère qui me ravitaillera tout le long de l’épreuve. Je tiens à le remercier de son aide même si pour lui, ça n’a pas été évident de gérer et de répondre à mes exigences !

Nous arrivons dans les derniers. Je suis la dernière femme à récupérer mon dossard. Nous allons voir comment se présente le ravito et surprise il n’y a plus de place en avant des tables, tout est pris, tout les athlètes ont déjà installé leurs affaires.

Je propose à une autre concurrente Magali, de récupérer une table et de la mettre sous une des tentes à l’abri de la pluie. Compte tenu de la météo c’est indispensable.  Les athlètes licenciés ont les places réservées à l’avant des tables et les athlètes open prennent les places situées à l’arrière.

Nous décidons de prendre la longueur de la table. Comme ça chacune nous profite du devant. Je finis de me préparer, le speaker annonce qu’il faut épingler un dossard à l’arrière et un à l’avant. Le championnat de France oblige le port du teeshirt du club, obligatoire sous peine de disqualification. Je ne le quitterai pas juste en fin de nuit pour en enfiler un second sec.

Le speaker nous demande d’être sur la ligne à 9h25 soit 35’ avant le départ. C’est juste que je n’ai pas fini de me préparer ! Je crois que j’ai moins de pression que sur d’autres courses car 24h, c’est tellement long que je me dis que si besoin, je pourrai voir venir.

Le circuit fait 1,051 km. Le premier tour est effectué, voila je connais le parcours maintenant.  Et c’est parti. J’alterne course et marche pendant toute la durée de la course. Je me ravitaille avec des fioles de 125ml tout les 2 tours.  La pluie ce met à tomber 45’  après le départ.  Le parcours au niveau de l’anneau de vitesse se remplit de flaques d’eau que les bénévoles essaient d’évacuer avec des raclettes, mais les pieds tremblent à chaque passage à certains endroits. De la boue commence à se former sur la partie non stabilisée. Dès le 50ème km je commence à avoir mal aux jambes. Etonnant car sur le 100 km de Sologne alors que ce n’était pas la même allure, je n’ai pas eu mal aux jambes du tout.

Bon de toute façon il faut gérer puisque le but est de courir 24h et d’aller jusqu’au bout. A souligner que ce 24h est mon cadeau d’anniversaire. Et oui chacun sa façon de se faire plaisir !

Les tours d’enchainent. Emmanuel (FONTAINE) et Pascale (BOULY) de l’équipe de France qui sont là m’encouragent. Ils seront là pendant toute la course.  Emmanuel me dit « tu as tout ton club derrière toi »…. Et oui Dodo et Aurélia (TRUEL) sont à Gap avec Philippe PROPAGE pour les championnats de France de Trail…. Merci à eux.

La nuit arrive et pas de changement. Toujours alternance de course et de marche. Je me ravitaille régulièrement avec mes fioles que mon frère me tend au passage de notre point de ravito. Le ravito se fait dans cette zone exclusivement sous peine de disqualification. Les juges arbitres veillent au bon respect du règlement.

La nuit se passe, entre 2h et 3h du matin, lors d’un arrêt technique, je me rends compte que j’urine du sang. Après vérification je confirme que c’est bien ça. Voila, la fatigue est là mais accentuée par ces symptômes.  Je pense que je ne bois pas assez, pourtant je prends toujours mes fioles  et je continue à fonctionner ainsi.  Passage devant mon frère je lui commande une purée jambon, je continue. Puis dans le tour, je dois dormir cela s’annonce comme une évidence, une obligation, je n’avance plus. Il faut que je dorme. J’arrive au ravito et mon frère m’a préparé ma purée jambon. Je m’assois sur la chaise. Je commence à prendre quelques morceaux puis je lui réponds qu’il faut que je dorme, pause mon bras sur la table et ma tête vient prendre position dessus j’ai le temps de lui dire « appelle moi dans 10’ ».  Je m’endors la bouche remplie de jambon. Mon frère m’appelle 15’ après, la bave au sol m’indique que j’ai relâché complètement. L’idéal pour repartir. Frédéric BARREDA est venu aux nouvelles. Il demande à mon frère si j’ai l’habitude de faire des micro siestes ? Oui oui. Je bois un coup puis je me lève et là surprise, mes jambes en ont profité pour faire la pause aussi. Mon corps doit se réveiller, mon frère, l’accompagnateur de Magali, Frédéric me tiennent et peut être une autre personne  car au lieu d’avancer c’est plutôt la marche arrière que je prends. Et le déséquilibre. Frédéric me conseille d’aller doucement, de repartir en marchant.  Bon allez c’est tout droit,  je dois repartir et c’est reparti.  La bagarre est serrée avec les filles, 3ème, 2ème, 3ème,  2ème, 1ère quelques tours, puis 2ème, puis 3ème enfin une alternance de place , j’essaie de ne pas tenir compte de cette place, même si je trouve ça génial. J’urine toujours du sang et ca m’inquiète mais je dois aller jusqu’au bout. Il reste 4 h de course et je suis toujours là. La nuit n’est pas finie mais la vie commence à revenir dans la ville, des jeunes sortent de boites de nuit et nous arrosent de leur vocabulaire le plus triste que je connaisse.  Ils fument des joints , les fumées arrivent jusqu’à nous.

Bon allez il faut se concentrer, Mon frère me fait passer des messages d’encouragements de Philippe qui me suit et qui n’a pas pu être là. Je pense à lui et tout ce qu’il m’a dit. Je suis toujours là et je m’accroche. C’est sur que la fatigue est présente, et les problèmes que je vous ai évoqué plus haut ne semblent pas s’arranger.

A 7h30, je ne comprends pas ce qui m’arrive, mes jambes ne répondent presque plus, je marche à me tenant à la rubalise et aux barrières qui guident le circuit. J’ai très envie de dormir. Je ferme les yeux et ma main ne lâche pas ce fil d’Ariane. J’ai peur de me casser la figure mais ça avance quand même, quoique. Je ferai ce tour en 41’. Le plus long que j’ai jamais fait. Je ne me rappelle d’ailleurs pas trop pourquoi ça été si long, et si j’ai fais des pauses ou non. Je continue. A un moment mon frère m’annonce qu’une fille revient derrière dossard 208, mais je ne peux plus. Je constate que je ne peux plus. Je n’arrive plus à courir. Je m’accroche. Mon cerveau me dit qu’il faut avancer et mes jambes ne sont plus là, détachées.  Je ne me ravitaille presque plus, j’ai du mal à boire.

Vers 8h30 je prends la décision de m’arrêter pour me faire masser. Si jamais ça repart, je pourrai faire quelques kilomètres de plus.

Les deux étudiants me massent. Je m’endors sur la table. J’entends une voix. Je ne saurais que plus tard que c’est mon frère qui m’avait perdu et qui me cherche. Il a levé ma casquette et vu que je dormais, il est reparti sans bruit… Le circuit est petit. L’avantage, c’est que vous ne pouvez pas perdre votre coureur. Tout est centré sur une petite zone, toilettes, ravito, masseur, coin de repos. Les masseurs me réveillent. C’est compliqué même après le massage. Je finis ce tour. J’arrive près du ravito il reste 40’. Je dis à mon frère que je ne peux plus courir. Frédéric me conseille de rester devant le ravito et d’attendre mais Denis MOREL de l’équipe de France qui est présent  (accompagnateur)  me demande si je veux continuer. Je lui réponds que oui, que je veux aller chercher les 200 km. Même en marchant. Il me répond « vas –y, continue, va jusqu’au bout ». Je n’ai plus ces mots exacts,  merci à toi Denis. Je repars, le speaker me parle, il a toujours été là pour me motiver, m’encourager. Comme beaucoup, je récupère le bâton avec mon numéro de dossard que je devrais déposer à la fin des 24h. Des larmes de douleur, de déception, et de joie coulent sur mes joues. Je souffre. Je marche et mon frère me lit deux mots, c’est bon de les entendre. Même si je ne peux plus courir mes jambes ne veulent plus. J’avance, et me voilà dans l’anneau de vitesse puis je franchis la ligne, l’écran affiche ces 200 km et quelques mètres.  Je continue il doit rester 20’, je vais aller jusqu’au bout, parce que j’en ai envie, je dois finir, je vais finir, mais dans quel état. Je pleure toujours. Comme si cela me soulageait ! Je refais un tour 201, 700 km, je continue il reste quelques minutes et je veux aller chercher les 202 km, grignoter petit à petit des mètres, mon frère me suit pas très loin. Voilà la fin est signalée. Je m’arrête sur place, pause mon dossard, mon bâton et le GPS. Je sors du circuit et serre mon frère dans mes bras.  

Je finis 4ème femme et 2ème senior femme avec 202,095 km.

J’appelle Philippe au téléphone, je lui explique, il me demande d’aller voir Frédéric (BARREDA) qui me conseille d’aller consulter le médecin de course. Le médecin de course  me prescrit une ordonnance pour une infection urinaire, je n’ai aucun des symptômes mais il me prescrit ça…

Je n’ai pas assez bu, en moyenne 45 cl par heure sur ces 24H…

Place à la récupération, aux soins, et aux examens médicaux…

Merci à mes parents, mon frère, ma famille  pour leur compréhension pendant ma préparation, leur soutien, leur confiance en moi pour cette épreuve, ils n’ont jamais douté sur mes capacités à aller jusqu’au bout, en témoigne les messages qu’ils m’ont écrits…. à mes amis … pour leur compréhension, pour toutes les restrictions, les moments de vie manqués, les invitations que j’ai du refuser …

Merci à mon club ASPHALTE 94 pour son soutien,  leurs messages d’encouragement ..

Merci à Philippe mon entraineur, aux kinés et à mon ostéo, mon médecin… qui m’ont permis d’être sur le départ et de pouvoir aller jusqu’au bout de cette épreuve …

Merci aux bénévoles qui ont été admirables avec moi et qui m’ont soutenu pendant cette épreuve…

Merci à vous tous … et ceux que je n’ai pu citer… ceux que j’ai oublié …

– LIENS WEB –

Reportage VO2 Runinlive

http://www.vo2.fr/reportage/championnat-de-france-de-24-heures.html

Tableaux comparatifs de Jean Sparhubert sur la bataille des 4 premières feminines : 

https://skydrive.live.com/redir?resid=302C56F181B7F79!149

https://skydrive.live.com/redir?resid=302C56F181B7F79!146&authkey=!ABIi_iQCgJHuXYk

Photos sur le site du Grenoble Université  Club

http://guc.athle.com/asp.net/espaces.html/html.aspx?id=20270#photos


 


8 Comments

  1. Daniel

    On n’en a jamais douté mais la confirmation est là tu es définitement une grande à nos yeux et l’Asphalte est fier de t’avoir comme présidente ! Maintenant récupère, soigne toi… et repars
    encore plus forte !

  2. Michel ROBERT

    Venant d’un petit coureur comme moi, mes felicitations peuvent sembler derisoires, mais elles n’en sont pas moins sincères et justifiées par toute la fascination  qu’un tel exploit
    représente à mes yeux. Je suis vraiment admiratif de ce que tu as fait et ce que tu représentes pour beaucoup d’entre nous membres de l’Alsphalte

    bravo

    Michel ROBERT 

  3. BIHOUÉE Hervé

    Après avoir fait un 100 km avec toi et deux autre farfelu du club, je crois que l’on se doit de t’accompagner dans une prochaine aventure!

    Un 24h me fait franchement peur, mais sur les conseils avisés de notre présidente, tout est possible…

    Bravo, bonne récup et TOTAL RESPECT!!

  4. LARDENOIS

    Valérie Ton écrit est saisissant, ta course exemplaire et ton ressenti est émouvant !!

    Avec de l’expérience, tu peux faire mieux et tu le sais !!

    Je l’imprime et je le relirai lors d’un prochain ultra quand je serai dans le gaz

    Je suis fier d’avoir une Présidente comme toi

    Thierry

  5. Angela

    Un grand BRAVO, tu es inégalable, tu a fait l’épreuve d’une force surnaturelle. Tu as un vrai coeur de lion!

    Mais n’oublie pas, la santé avant tout!

    Bon courage.

    Avec admiration,

    Angela

  6. VALLON

    MERCI à VOUS …

    pour revenir sur le nom de l’appareil du kiné, il s’agit du TECAR, la TECARTHERAPIE  stimule les mécanismes naturels de cicatrisation et de
    récupération tissulaire …

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