La Course des Dames
Si vous la rencontrez bizarrement parée
Trainant dans le ruisseau un talon déchaussé
Et la tête et l’œil bas comme un athlète blessé
Ne criez pas d’encouragements guerriers
Au visage défait de cette jeunesse fatiguée
Que déesse chrono a, par un soir d’hiver
Contrainte à abandonner une course en plein-air…
Il est de coutume que les spectacles soient donnés dans l’ordre croissant de leur intérêt et que la vedette américaine, qui précède, soit finalement plus applaudie que la grande vedette.
Il en est de même au cross-country ce parcours à travers la campagne et la montagne, disons les collines, du Tremblay, lors des derniers Championnats du Val-de-Marne.
C’est probablement la course la plus suivie, la plus intéressante, que ‘la Course des dames’ qui, à quatorze heures, prélude à la fin de la journée et à l’extinction des jeux.
Sur cinq kilomètres d’un parcours exigeant, mêlées à quelques étourneaux coureurs de dix-sept ans les championnes s’expliquaient donc dans un peloton emmené par l’intouchable vice-championne du monde de trail, Aurelia Truel, que nous connaissons bien. Nous avions pour notre part engagé quatre atouts-maîtres avec la présidente du club, Valérie Vallon, qui a frôlé il y a peu le titre de championne de France du 24 heures sur route, Michèle Pironnet, particulièrement à l’aise sur ce type de parcours, Latifa Lépine qui prépare une grande sortie de quatre-vingts kilomètres sur les hauteurs d’Annecy et Isabelle Corneille, délaissant le marathon, pour ce sprint en hauts et bas qui est une de ses spécialités.
Pour ceux qui courent d’un endroit à l’autre encourager les athlètes ils savent combien est difficile cet enchainement, de virages, de relances, de courbes herbeuses, surtout à l’allure moyenne adoptée par le groupe. Ce n’est pas pour rien que ce chemin est celui qui ouvre aux meilleures performances possibles ensuite sur la route, la piste ou la montagne à la belle saison.
Le parcours du cross country du Tremblay est un plaisir violent, un de ces plaisirs qui ne surgissent qu’après avoir passé la ligne d’arrivée, intenses et furtifs qui font le bonheur, rétrospectivement, de la course en ligne courbe puisque nous revenons toujours à notre point de départ.
Toutes qualifiées pour le tour suivant de la compétition, au moins sur le tapis vert de ces pâturages abandonnés aux pointes, elles sauront, au moins trois d’entre elles, courir à nouveau dans quelques jours le parcours qualificatif suivant. Soulignant l’excellence de l’accueil dans la tente Asphalte plantée à nos couleurs par Daniel et son équipe, réchauffées par le café malin de Denise, les gâteaux de Bhel et d’autres attentions nos quatre athlètes montrent à nouveau que le plaisir vient du courage et que le courage est du plaisir.
Ch. P
Dès les premièrs mots on reconnait la plume légère de Christian.
Merci pour ce récit, on s’y croirait.
Je tiens à rendre hommage à l’Asphaltien Charles Baudelaire qui m’a guidé et entrainé sur cette voie escarpée de raconter ce que je ne fais pas. Le choc des photos accompagnera normalement le
poids léger des mots.