80km du Mont-Blanc, Cr de Philippe LG

Le trail est une discipline sportive qui, au-delà de l’aspect physique intense, me fait passer par toutes les émotions : douleur, bonheur, stress, doute, certitude, rencontres, retrouvailles …

En résumé, dans ce genre de course on retrouve beaucoup de choses qui font  le charme de la vie, de manière condensée.

C’est ce que j’ai vécu lors du premier 80 km du Mont Blanc (78 km et 6000 m de d +) le dernier week-end de juin à Chamonix.

Cette  fois,  je commencerai mon récit par la fin de la course :

Me voila donc  au dessus de Chamonix, que je commence à voir depuis quelques kilomètres, et j’aborde la dernière descente (environ 1000 m d-). Il fait encore jour, le soleil va bientôt se coucher dans les montagnes. Je ne connais pas l’heure, ni le kilométrage. La batterie de mon GPS m’a lâché depuis un moment au km 54 à peu prés au même moment que mes propres batteries physiques et mentales commençaient à être dans le rouge. Une heure auparavant, j’avais repris un peu de force au ravito du Montenvers grâce à un bol de soupe et un bon thé chaud sucré. La descente commence bien, en rythme. Nous sommes 4 et nous doublons des coureurs qui sont complètements cuits. La nuit tombe progressivement et je décide de finir sans remettre ma lampe frontale. Je me retrouve seul et la descente que je croyais courte est interminable. J’aperçois de mieux en mieux les lumières de Chamonix  au travers des sapins de cette foret relativement dense. Maintenant c’est bon, il fait complétement noir et c’est à cet instant que j’entends une voix qui m’appelle : Philippe ! Quelques instants d’hésitation : Je ne suis pas assez cuit pour commencer les hallucinations ! Quelques mètres plus loin je rencontre la voix qui est bien celle de Luis, venu à ma rencontre. Merci Luis ! Nous continuons vers l’arrivée en sortant de la foret et retrouvant le bitume . Les quelques minutes qui vont suivre seront, pour moi, inoubliables. Tout au long de la route, des gens m’encouragent et me saluent. Dans leur regard, ils sont heureux de me voir et moi aussi.  Je retrouve un peu plus loin Thierry, Denis, et tous les amis de l’Asphalte 94 ainsi que mes proches Brigitte, Caroline, Gilbert et Lydie. Pour le première fois de ma vie j’ai droit à une ola extraordinaire ! Que c’était bon ! Avec le recul j’aurais du passer 2 fois . ..Merci à toutes et à tous pour cet instant. Quelques mètres plus loin je franchis la ligne d’arrivée  après 18h02 mn d’effort.

Tout avait commencé le matin à 4 h 00 au même endroit . Environ 700 coureurs ( tendus et concentrés ) au départ avec comme petit déjeuner la montée au Brévent ( + 1500 d+)  . Lever du soleil avec le Mont blanc voilé en fond de décor , de la neige et des gros rochers après 2000 m , descente dans la neige sur une piste de ski vers Plan Praz . Ravito puis Flègère et Tête au Vent avant la descente vers le Col des Montets puis Vallorcine  et la Loriaz ….Dans le trail , j’associe des ascensions difficiles à des noms . Au Templiers, il y a le Roc Nantais, à la CCC / UTMB il y a Bovine, au Grand raid 73 il y a le Grand Colombier . Et bien au 80 du Mont Blanc il ya la Loriaz : un enfer ! ascension raide de 800 D+ , longue , semée de gros rochers ; interminable . En haut sur la partie plate c’est aussi difficile avec des devers  et des passages avec chaines de sécurité. Premier coup de mou pour moi. Je mettrais du temps à m’en remettre. Deuxième passage à Vallorcine puis Col et aiguillettes des Posettes avec la descente sur le Tour. Je continue vers Argentières ou je retrouve Thierry venu lui aussi à ma rencontre puis mes proches et tout l’Asphalte. Beau cadeau qui me regonfle et me redonne le moral pour la fin de course.

En résumé très belle course, dans un environnement grandiose : A refaire !

Philippe Le Gac