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Marathon de Vérone

kilomètre 1 j’ai eu la modestie de laisser les ballons jaunes des 3 heures partir devant là les ballons bleus des 3 heures 10 viennent de me passer en me retournant au départ j’ai vu des ballons blancs ça manque de couleur le blanc 3h20 ils me rattraperont avant le 10ème ça me laisse le temps de voir pour l’instant j’ai juste à faire tourner les jambes ça ne me double pas tant que ça purée c’est peinard je ne sais pas à quelle allure je suis mais je reste dans le facile ça doit tenir un bout de temps comme ça kilomètre 2 voilà t’y pas que je commence à transpirer vu la météo qu’on a eu vendredi à Paris j’ai le tee-shirt blanc de Charenton sous le maillot du club y doit faire douze degrés je suis pas dans l’effort mais je mouille le maillot il tourne ce parcours ils ont lâché les fauves dans la ville pas mal le groupe de rock devant la forteresse c’est pas comme la musique avant le départ grande musique classique sur laquelle les coureurs chantaient tellement enthousiasmés que le départ à été donné à 9h02 ouais je transpire kilomètre 3 il va falloir faire quelque chose c’est pas ça qui va m’empêcher de boire je suis parti avec ma gourde (l’à toujours sa gourde Jean-Michel) je bois un coup les pigeons en ont rien à faire du Marathon pire qu’à Montmartre je devais voir Cocote au kilomètre 2 sur la droite de la route il y a un moment où j’ai moins fait gaffe à cause du groupe de rock qui jouait Rory Gallagher j’espère que je ne l’ai pas loupé là faut que je fasse un truc scientifique si je veux arrêter de transpirer je mets ma casquette dans mon short le long de la cuisse gauche je retire le maillot je retire le tee-shirt me voilà à poil en terre étrangère je compte sur l’organisation pour ne me faire ni disqualifier ni emprisonner je passe le tee-shirt dans la ceinture je remets le maillot je sors du pont Cocote est là me tend les mains pour récupérer la gourde le maillot non finalement je garde tout kilomètre 4 le tee-shirt dans la ceinture ne me gêne pas je peux continuer comme ça le bitume est pas très régulier mais c’est pas du pavé il va y avoir du pavé en ville il y a plein de pavés au semi on passe en ville avant l’arrivée on tourne en rond en ville j’aime pas le pavé c’est trop dur à Sénart il y a 30 mètres de pavés ça suffit à me faire ne pas aimer la course je me fais doubler par des filles aux chutes de reins sympathiques je ne cherche pas à m’accrocher à cette allure je suis vraiment tranquille peinard comme un chasseur en embuscade qui attend la suite des événements il finira bien par se passer quelque chose ma proie c’est le chronomètre à l’arrivée kilomètre 5 sacré débit la rivière c’est quoi le nom de la rivière c’est bonard le long de la rivière il y a pas de côtes c’est un marathon plat je ne vois déjà plus l’avant de la course le cordon à l’air régulier on est du monde un coureur au mètre pas de scissions c’est homocinétique c’est beau un Marathon même le jour sans les frontales une bonne occupation pour passer la matinée un marathon y a pas encore de ravitaillement on est encore loin de l’apéro pis habituellement je prends pas l’apéro à l’arrivée d’un marathon à Millau au je ne sais plus 37ème peut être y prenaient l’apéro au bord de la route kilomètre 6 alors je leur dit que je serai arrivé avant eux alors il y a un gros qui me répond que p’t-être mais y seront à l’apéro avant moi six fois sept ça fait quarante deux un septième de la course un pourcentage foireux à calculer y a marqué RISTORANTE ça doit être le ravito un alignement de tables avec des gobelets d’eau en plastique d’un seul côté de la route on est pas au marathon de Paris je décide de ne pas m’arrêter j’ai ma flotte j’ai les jambes qui tournent trop bien j’ai pas envie de ralentir la machine tout à l’air bien mouillé au bord de la route maintenant qu’on a quitté la ville les arbres y sont encore bien vert voilà que je recommence à avoir froid heureusement j’ai gardė mon tee-shirt à manches longues je pourrai le remettre pas besoin d’arrêter de courir pour le remettre ça c’est de la ligne droite les gens y disent les lignes droites les lignes droites interminables moi je trouve que quand il y a une rivière sur un côté c’est jamais interminable kilomètre 7 les rivières elles prennent moins de place en ligne droite qu’en virages on dit des méandres quand elles tournent histoire de flemmarder entre les collines l’avantage quand elles tournent c’est que le paysage y change tout le temps l’avantage quand la rivière elle est droite c’est qu’on voit que les montagnes les préalpes elles sont loin et que ça va pas virer au trail avec des côtes long is the road c’est pas droit comme la route soixante six quand même bon sang on est bien là on va jusqu’aux

collines là-bas on fait demi tour on rentre au bercail emballé c’est pesé kilomètre 8 je repère cent mètres après le marquage vu que mon GPS pointe cent mètres avant si je pointe le neuvième cent mètres avant ça laisse huit cent mètres d’ici d’y arriver deux tours de piste c’est une distance de pistard pas de marathonien le marathon c’est queue d’ale fait froid la rivière coule a un sacré débit manque pas grand-chose que ça déborde qu’ils soient dans la panade avec les pieds dans l’eau les Véronais qui voient leurs voisins Venissiens avec leurs tubas et leurs bottes en caoutchouc kilomètre 9 c’est quoi le nom de cette rivière fait froid il y a une sacrée tirée le long de la rivière vers le nord avant de faire demi-tour pour retourner en ville se faire admirer à l’arrivée du semi que les Véronais les habitants de Vérone profitent des coureurs plusieurs fois au départ au semi à l’arrivée et encore plus y z’ont rajouté des scoubidous en ville pour faire plaisir à tout le monde cette route là elle doit être encombrée bouchée en semaines là les banlieusards de Vérone y sont scotchés dans leurs garages avec le marathon kilomètre 10 quarante six minutes quarante cinq secondes c’est pas mal comme temps ça fera trois heures et des brouettes si je multiplie par quatre mais c’est du crachin qui tombe ça finirait par nous mouiller si ça augmente si ça continue fait froid je remets le tee-shirt je le retirerai au passage du semi histoire de montrer le maillot histoire de montrer à tous les Véronais que l’Asphalte quatre vingt quatorze est venue en force avec des beaux maillots et que je suis fier d’être à l’Asphalte quatre vingt quatorze on quitte la rivière histoire d’avoir des riverains des deux côtés de la route y n’ont complètement neutralisé c’est bien on passe sous un tunnel il a un profil en cosinus hyperbolique comme la chainette y z’auraient pu y coller un profil rond quand la contrainte est égale dans tous les sens et dirigée vers le centre c’est comme ça qu’on doit faire la vérité doit être quelque part entre les deux entre le rond et le cosinus il fait cent mètres de long on est pas au marathon de Paris il est noir y z’auraient pu y filer un coup de karcher déjà la sortie du tunnel retour à la lumière kilomètre 11 y a une pancarte RISTORANTE vu que j’ai déjà bien tapé dans ma gourde va falloir faire le plein je m’arrête au ravito et un et deux et trois et quatre demi gobelets vidés dans la gourde le bénévole du poste m’a même aidé quand il a compris à quoi je voulais en venir pour la première fois depuis le départ j’ai les deux pieds qui touchent le sol en même temps mais j’ai l’impression que mon corps continue à avancer tellement j’ai pas envie de m’arrêter les coureurs qui se contentent d’un demi gobelet d’un gobelet à moitié rempli à moitié vide vont subir une dette hydrique avant la fin de la course je prends un bout de banane y a pas d’oranges ça me file un coup de peps les quartiers d’orange mais y en a pas j’espère plus loin la banane ça colle aux doigts j’ai un muff autour du poignet droit mais il est tout sec il arrive pas à essuyer la banane tiens ils nous font tourner à droite j’espère que ça va pas monter vu qu’on quitte la rivière si ça monte je vais perdre du temps pas envie de griller le chrono ni de devoir tirer sur là machine kilomètre 12 pour l’instant ça va ça reste plat on pourrait peut être  fêter le virage qui annonce un prochain retour à Vérone avec un chocolat chaud quelque chose comme ça ça devient banal cette course tiens y a des coureurs qui arrivent devant et tournent sur ma droite y doit y avoir un turn-point devant on croise les coureurs je me mets à flipper d’un seul coup on a pas fait cinquante mètres déjà demi tour si je croise un copain c’est que je l’ai au cul il va pas me louper dans les prochains mètres ouf pas de copain on vire à  gauche retour vers Vérone viva Vérona Viva la vida dommage qu’on voie pas un clocher à l’horizon je croyais faire un marathon touristique je fais un marathon style route pour aller bosser kilomètre 13 toutes les banlieues se ressemblent en Italie la route pourrait au moins être bordée d’oliviers y fait plus un temps à faire coasser les grenouilles qu’à faire chanter les cigales tous les tags aussi sur les murs ils se ressemblent c’est marrant en Italie ou en France ils sont écrits dans la même langue de suites de lettres auxquelles on comprend rien sauf les jolies couleurs qui passent vite sur des murs usés sur un mur y a un coureur qui d’arrête pisser moi ça devrait tenir pourtant je m’arrête tout le temps à l’entraînement là je dois me déshydrater par la peau pas par la vessie quarante deux bornes sans faire rien d’autre que courir épisodiquement boire ou manger c’est un truc de minimaliste c’est minimaliste de courir t’as même pas besoin d’un vélo kilomètre 14 ça à été déserté par les autochtones le coin y en a pas beaucoup qui mettent les gosses sur le bord de la route pour leur montrer les coureurs pour leur montrer des arriérés qui préfèrent se dandiner en short sous un temps de Novembre alors qu’ils pourraient jouer à la console ou regarder la télé au chaud dans le canapé ça monte un peu c’est pour ça que le gars à ma droite m’interpelle en italien t’as aucune chance mon gars dans cette langue là t’as l’air plombé je me penche en avant pour voir la couleur de son dossard sur le Semi “you have still finish” il me fait un geste on va avoir du mal à continuer la conversation ensemble kilomètre 15 banlieue industrio-pavillonaire on a sacrifié la circulation automobile à une bande d’assoiffés de kilomètres ça sent l’Italie du Nord on est pas en Italie du sud le marathon de Naples jamais entendu parler faut peut-être commencer à en parler à la Camora version trail on pourrait se taper le Vésuve sympa surtout si il est en activité c’est comme à la Réunion mais en moins loin peut-être que les traileurs qui marchent pendant leurs courses y voudraient THE EXPÉRIENCE de courir sur les braises après comparer leurs semelles antidérapantes y pourront comparer leurs chaussures ignifugées kilomètre 16 à Paris en quatre vingt dix neuf twenty years befor ma montre bipait une heure

là c’est passé depuis un bout de temps c’est pas grave je me suis fait une raison y a plus que Cocote qui comprend pas qui voit pas son bonhomme vieillir qu’il faut lui mettre le chrono devant les yeux pour qu’elle comprenne qu’il y a des choses qu’il fait moins vite qu’avant à ses yeux je suis toujours aussi jeune à mes yeux aussi elle est toujours aussi jeune sauf quand je regarde les photos d’avant épinglées sur le frigo ou dans les toilettes là je me dis que tant qu’on vieillit ensemble c’est pas grave de vieillir faut juste admettre que Minou les une heure à Charenton aux quinze kilomètres il les a enterrées au fond du jardin maintenant il va faire des marathons style world runner loin des classements  on sait d’où on vient on sait pas jusqu’où on peut dégringoler regarde le kenyan cinq heures quinze à Porto ça à pas l’air de le faire chialer le kenyan kilomètre 17 le top c’est Anne Anne elle a pas besoin de d’arrêter à tout goûter à tous les ravitaillement pour accepter de faire un marathon en plus de trois heures moi je suis assez con pour partir à quinze à l’heure cerveau débranché rien que pour me prouver pendant trois bornes que je vais péter deux quarante cinq peut-être que c’est ça le bonheur sacrifier le chrono à l’arrivée autant dire la course pour le bonheur d’avoir vingt ans pendant trois bornes c’est pas dans la culture tu dois gérer pour avoir le meilleur chrono à l’arrivée compris Olivier ça fait bien la troisième fois qu’on voit une nana chanter dans un micro avec un guitariste à côté ils ont pas sorti les batteries de casseroles comme à Paris ça manque de volume la balance est pas top p’t-être qu’elle chante bien la nana mais j’entends pas bien pas envie de m’éterniser dans le coin pour mieux écouter kilomètre 18 y z’ont mis des stands d’épongeage y z’auraient mieux fait de garnir un peu plus leurs ravitaillements les éponges à part éponger la chaussée mouillée de la pluie de la nuit je vois pas à quoi elles servent fallait écouler les stocks les cloches sonnent c’est à cause de la messe du dimanche matin moi je vais à la messe au stade c’est pareil les catholiques y vont avoir du mal à bouger leur voiture la circulation est bien neutralisée les façades donnent dans la polychromie y en a qui ont été retapées d’autres pas les travaux quand on a fini à un bout on recommence à l’autre alors les Véronnais y mettent des plantes vertes sur leur balcon pas des géraniums c’est pas culture locale pas des petits pots de fleurs sur les murs comme à Cordoue y mettent des trucs qui descendent et qui sont pas en fleur au mois de novembre peut être à un autre moment dans l’année kilomètre 19 les Véronnais d’avant ceux qui ont construits les murailles y z’ont fait des créneaux en M pas terrible comme meurtrières ça devait pas être des grands guerriers ça devait être pour faire coucou pourtant la muraille j’ai vu sur la carte elle enferme la méandre si les ennemis étaient bons nageurs c’était cuit peut être que si les français où les prussiens si y z’avaient fait du triathlon plutôt que de la cavalerie à l’époque la plaine du Pô elle serait franco-prussienne les italiens les romains les romaines c’est tout pour la gueule c’est pour ça que c’est un beau pays quand il y a du soleil kilomètre 20 Philippe avec son appareil photo juste là sur le trottoir à gauche de l’embranchement je pense qu’il m’a flashé pas comme trois cent mètres après le départ où j’ai dû passer trop vite je crois qu’il m’a loupé là c’est bon mon allure est crédible j’ai le beau maillot du club Asphalte quatre vingt quatorze j’arrive à pencher dans le virage ça donne une impression de vitesse sur les photos il y a une époque j’avais pas à donner l’impression maintenant si je fais pas un effort je risque d’avoir les deux pieds qui touchent le sol au moment où Philippe appuie sur le bouton le sol c’est bon les appuis tiennent le coup bientôt la mi-course ils ont dû mettre une arche pour la photo si je passe avec mon tee-shirt à la main ça gâche pas trop l’image du marathonien j’espère kilomètre 21 ça y est je suis dans la deuxième moitié plus possible de ce dire j’ai fait un vingtième un dixième un cinquième un quart, passé la moitié t’as forcément fait deux ou trois quelque chose mais au début c’est compliqué à compter à moins que bientôt je me dise que j’ai fait les vingt-deux quarante-deuxièmes de la course va falloir attendre le vingt-huitième pour me dire que j’ai fait les deux tiers de la course qu’est-ce qu’on peut s’occuper la tête avec des trucs insignifiants quand on court dire qu’avec notre course il y a des gens qu’on empêche d’aller bosser dire qu’il en a qui bossent pendant ce temps là c’est pas que je voies beaucoup de terrasses de café oú ça bosse mais p’t-être bien que j’ai pas bien les yeux en face des trous kilomètre 22 je coupe le virage toujours ça de gagné j’espère que le gars derrière il va pas m’en vouloir y va pas porter réclamation je serai bien j’aurais pas l’air tarte devant les copains depuis que je fais des courses j’ai toujours coupé les virages sauf sur là piste sur la piste c’est sacré les virages ça m’a jamais porté préjudice ça m’a jamais fait gagner de temps ni de places on est pas contre la montre ça me permet juste une ou deux secondes plus relax les gens à la fenêtre ils font coucou le cul au chaud le nez au vent si ils restent toute la course comme ça ils vont attraper la couçi faudrait que la course elle soit à la télé y z’auraient le cul au chaud Kilomètre 23 peut-être bien qu’au semi je suis le premier du club a être passé devant l’objectif de Philippe

vu que je sais plus je vais pas faire un inventaire ça m’obligerait à réfléchir j’ai déjà les pas à aligner si en plus faut que j’aligne les neurones et en plus ça risque de me casser mon plan comme quoi je suis le premier de l’asphalte à être passé ici pour le moral il faut mieux une bonne erreur qu’une mauvaise vérité bientôt je vais imaginer que je suis bon on est plus au siècle dernier où je me les frisais tout le long de la course maintenant ça rentre dans les distances inhabituelles quand j’étais bleu c’était 25 kilomètres pas Semi-Marathon et c’était autre chose de maintenir le rythme entre le vingt et le vingt-cinq purée ça coûtait des joules kilomètre 24 ça tire un peu les cuisses derrière c’est quoi le nom de ces muscles je connais pas le nom des muscles à l’école quand j’étais à l’école on apprenait le nom des os pas le nom des muscles pis après j’ai jamais fait anatomie va falloir que je commence à abaisser mon centre de gravité pour diminuer la tension tiens c’est la route que j’ai pris hier midi en rentrant d’aller chercher les dossards on va sûrement passer vers le stade pourtant Nathalie elle a dit qu’on passait pas par le stade on verra bien après on va pas tarder à retourner dans la pampa échanger le tournicotage par la campagne c’est qu’on se rapproche du trentième dans cinq kilomètres et des poussières je commence à compter les kilomètres à l’envers kilomètre 25 le pont y monte pas autant qu’à Senart presqu’à l’arrivée ni autant qu’aux étangs de Sologne où c’est le seul relief les ponts de chemin de fer ça monte plus que les ponts fluviaux voilà que je commence à raccourcir la foulée dans les montées c’est pas bon signe j’ai comme une tension sous le pied gauche ça serait pas mon épine calcanéenne qui se rappelle à mon bon souvenir va falloir aplanir la foulée j’ai pas envie de casser la machine nous revoilà le long du CGD canal à gros débit je vois pas bien l’utilité il a même pas l’air navigable les rives intéressent même pas les canards et il risque de déborder il a tout pour plaire ce canal peut être que l’été il est à sec peut être que les gosses y s’y font piscine peut-être qu’il y a du poisson kilomètre 26 pourquoi on a le vent de face pourtant on a pas tourné je cherche un gabarit moins frêle que moi pour me caler derrière y en a pas et puis d’abord le vent est trop latéral pour pouvoir faire quelque chose y a pas que l’eau qui débite à max dans le lit de la rivière en bas comment elle s’appelle la rivière pour me rappeler que les éléments sont les plus forts y a le vent froid le ciel gris les nuages qui menacent et moi et moi et même pas moi tellement je suis petit avec mon petit chrono qui n’intéresse plus que moi un bout de ciel bleu nous nargue droit devant et le vent est latéral et le bout de ciel bleu dit va te faire voir tu reviendras un autre jour pour un coin de ciel bleu et le rayon de soleil qui va avec kilomètre 27 y n’ont garé des voiture au-dessus du parapet du pont il est tout petit ce pont au-dessus de ce bras de canal y suffit que l’eau monte de 30 centimètres encore pour que ça ne passe plus sous le pont et leurs bagnoles partiront avec le courant tu me diras y n’auront peut-être perdu leur maison avant leur voiture alors c’est quoi qui compte ça tire derrière les cuisses je compte pas voir le mur du trentième c’est pour les inexpérimentés le mur du trentième moi je gère je gère vers le bas mais je gère bientôt le vingt-huitième j’ai un problème au vingt-huitième j’entends beaucoup de pas derrière moi kilomètre 28 y en a qui causent au mieux de garder leur énergie pour courir pourquoi je tourne la tête vers la gauche j’ai besoin de regarder des ballons blancs la dernière fois que je me suis retourné j’ai rien vu qu’est ce qu’ils ont à  se raconter j’existe pas moi pour me doubler comme ça je suis insignifiant et c’est le seul single track de la course un mur à droite des flaques à gauche c’est quoi cette sensation de froid et d’humidité sur mes pieds j’en ai plein les godasses ils auraient pu éviter de éclabousser déjà qu’ils me doublent il est où le respect il reste 14km pour que ça sèche  pourvu que ça le fasse pas envie de me retrouver avec la peau des pieds toute fripée et d’avoir froid aux pieds que ça commence par là et que ça monte jusqu’aux oreilles pis c’est pas le moment il me reste tout juste le compte de joules pour boucler à l’arrivée kilomètre 29 voilà qu’ils m’ont mis 30 mètres je suis insignifiant entrain de me faire bouffer j’ai ralenti ou quoi vous croyez pas que j’ai baissé mon froc à vous faire croire que je pense que je suis parti trop vite j’ai un passé j’ai un avenir mais c’est le présent qui compte y a pas un Asphaltien dans les trois heures vingt je ne compte plus voir les trois trente d’ici la fin Daniel doit être par là tout ça pour me faire oublier le no-mans-land entre le vingt-huitième et le trentième parce que vingt-huit c’est deux fois quatorze les deux-tiers course et trente c’est là où je commence à compter les kilomètres à l’envers douze onze dix jusque l’arrivée comme ça j’ai pas besoin de penser qu’un Marathon ça fait quarante deux kilomètres la distance de l’entrée d’autoroute de Senlis jusque Paris c’est trop énorme surtout quand tu roules à cent kilomètres heure trente plus douze c’est du vivable on croise des coureurs du Marathon kilomètre 30 ils courent vraiment ils vont plus vite ou plus lentement

ils ont le dossard rouge ce ne sont pas des attardés du semi je ne vois pas de copains de l’asphalte là-dedans il y en a avec la bande grise des plus de quatre heures mais il me semble qu’ils vont au moins aussi vite que moi je ne vois pas de turn-point devant au turn-point ça sentira l’écurie non l’écurie est encore loin ça sentira juste les kilomètres qu’on compte à l’envers ça y est le turn-point ils ont bien tracé le virage ils ont mis un tapis de pointage juste avant des fois qu’on ai décidé de raccourcir la distance ça y est j’ai viré retour à Vérone les coureurs dans l’autre sens ne donnent pas l’impression de courir plus lentement kilomètre 31 je me dis que je devrai pas tarder à croiser une menace de l’asphalte qui m’aura en point de mire pour me bouffer d’ici l’arrivée reste onze kilomètres non moins de onze sûrement dix virgule huit je réglerai mes comptes avec le GPS dans les deux-cent dernièrs mètres en attendant ouais je crois bien que chacune de mes jambes a pris cinq kilos reste dix virgule six je surveille en face à part des asphaltiens je ne vois pas qui je pourrai croiser parmi ces coureurs inconnus venus à Vérone pour Juliette, Roméo, les arènes, le Marathon qui pourrait bien se terminer dans les arènes Ave César je vais mourir bouffé par quarante deux kilomètres d’effort je te salue kilomètre 32 mais en attendant je cours j’avance je me rapproche et je sais d’expérience que toutes les choses ont une fin Ismaël à ma droite en sens inverse tout de noir vêtu il a pas l’air dans la joie il soutient l’effort allez Ismaël et te voilà derrière moi dans l’autre sens pas sur mes talons c’est rassurant doit y avoir les autres derrière je vais peut-être les croiser avant que les deux routes ne se séparent reste moins de dix bornes zut les kilomètres  comptent double  neuf-mille-cinq-cent de l’arrivée c’est plus les joies du semi c’est les joies du Marathon je pense avoir une tête assez potable pour pouvoir croiser les copains avec ma fierté pas l’air d’un chien battu allez Daniel Daniel en sens inverse ça va il à l’air tranquille Daniel habillé un peu chaudement allure de marathonien un peu comme moi au douzième kilomètre kilomètre 33 reste Christian doit pas être loin ça roule avec des hics mais ça roule reste neuf kilomètres t’es sur je regarde mon GPS qui continue à compter à l’endroit quand je pense neuf c’est huit quelque chose c’est moins que neuf je marcherai pas j’en suis pas au point où je dois regarder dix mètres devant en me disant tu ne t’arrêtes pas avant ce point là qui avance à la même vitesse que moi tout ça c’est dans la tête en serrant à gauche il y aurait peut être moins de vent non finalement c’est pareil et j’ai l’impression que tout le monde court comme un élastique le gars en bleu avec son air sympa qui me double je le pensais devant il a du s’arrêter un peu longtemps au dernier ravitaillement pas possible de se caler derrière quelqu’un dans ces conditions  les routes se re-séparent pas vu Christian je l’ai peut-être loupé je verrai pas les filles une petite prière pour les filles pour qui ça va durer encore plus longtemps kilomètre 34 je mate mon GPS qui se maintient avec deux-cent mètres d’avance il y vingt ans à ce chrono je passai la ligne d’arrivée la délivrance terminé ce Marathon terminé de tirer sur les jambes qui pèsent cinq kilos de plus chacune reste moins de huit kilomètres oui c’est ça quarante-deux moins trente-quatre ça doit faire huit sept virgule quelque chose pas encore de quoi se dire ça sent l’écurie dire que cette course à une fin il est où le kilomètre trente-cinq devrait pas tarder à arriver aux cent kilomètres des étangs de Sologne où les kilomètres n’étaient indiqués que tous les cinq ça pouvait durer longtemps il est derrière je l’ai déjà passé ou il est devant je le vois toujours pas et voilà que je regarde mon GPS je l’ai encore regardé il y a deux-cent mètres tiens le voilà kilomètre 35 reste sept kilomètres  ceux du semi sont tous arrivés ceux du dix bornes même partis avec dix minutes de retard j’en parle même pas doivent se la couler douce dans le jacuzzi de l’hôtel ils pourraient peut-être partager un peu la douleur des marathoniens on n’est pas dans le même monde et pourtant on est potes il va falloir que j’étudie ça mais pas là j’ai pas la tête à ça François il a dû s’arrêter au semi il ne le sentait pas le marathon quand un truc pareil on l’a pas dans la tête c’est pas pour l’avoir dans les jambes moi ça fait six mois que je l’ai dans le crâne un peu moins que je fais en sorte de me le rentrer dans les jambes quoi que la plus grande sortie il est cinq heures Paris s’éveille une dizaine de sorties de vingt bornes les copains à La Rochelle la semaine prochaine ils seront un peu plus affûté kilomètre 36 sur strava ça sent le plan d’entraînement marathon Carl y va péter un record ils auront les mêmes conditions à La Rochelle c’est juste que l’eau au lieu d’être brune et d’avoir une autre rive elle est verte et va jusqu’à l’horizon on va pas se plaindre d’avoir du zèph ici à La Rochelle t’es plié en deux quand y a du zèph la plaine du Pô en Novembre un jour sur deux de pluie il dit Guillaume mais avec ce qu’il est tombé vendredi à Paris on peut s’estimer chanceux je préfère être sur le bord à pied sec que tombé dans l’eau y a un sacré débit dans la rivière dont je ne connais pas le nom maintenant ils font des ponts avec des pieds en béton avant ils faisaient des ponts en brique leur mortier ça devait pas être du cinquante méga pascal parce que le pont ça ferait des siècles que la rivière l’aurait emmené kilomètre 37 sur la carte de la  course avec le D+ il y avait un coup de cul au trente-septième c’est juste le

passage de ce pont en brique au-dessus de la rivière c’est quoi le nom de cette rivière après on tourne à droite on va tournicoter en ville le pavé c’est dur je tape du pied je cours en montant les pieds comme si j’étais dans un marécage avec des bottes en caoutchouc j’ai des foulées verticales plus que cinq kilomètres tiens toi droit rase le bitume n’accélère pas la théorie  à Dodo t’en peut plus alors accélère j’ai pu les moyens j’ai plus l’âge je tiendrai cent mètres et après alors là faut que je rase le bitume kilomètre 38 plus que quatre kilomètres à quoi je penserai si je courais un cent kilomètres je calcule même pas mais je serai une demi heure derrière quatre heures sur cette distance ça doit faire la différence au niveau des jambettes à l’arrivée faudra que j’ai retiré mon tee-shirt faut que mon dossard soit visible et les couleurs du club du nouveau maillot du club faudra être beau faudra être grand faudra donner envie là quand même ça sent l’écurie quatre kilomètres depuis chez moi jusqu’au Jazy même pas maintenant bon sang que c’est dur ces pavés c’est ça les centres ville historiques le beau ça se payé c’est dur d’être beau kilomètre 39 plus que trois kilomètres oh au virage en bas des deux mètres de dénivelé il y a Philippe Francine sois beau pour la photo montre les couleurs du club je retire le tee-shirt et le jette sur une trajectoire parabolique si la photo est en trois-D elle va être  géniale je me fiche de ma chute du tee-shirt tant que je puisse le récupérer à l’arrivée  là je me sens beau léger à part chaque jambe qui à pris cinq kilos reste même plus un Jazy en distance là bon sang ces rues étroites avec des pavés durs je demandé un peu de bitume ça y est j’en ai après le virage à droite devant deux virgule quelque chose kilomètres devant il y a l’arrivée bon sang on est disséminés les coureurs on est plus un au mètre on est un tous les dix mètres au moins kilomètre 40 on sent une espèce de grande libération parce qu’on est passé d’une venelle à un avenue d’un seul coup on a de l’air on se sent libéré l’arrivée dans dix mètres zut non on est pas encore arrivé encore un effort l’effort il a une fin l’effort reste deux kilomètres ça sent l’écurie une obsession cette écurie on est prêt à céder du bon air pour y être enfin en attendant y a plus qu’à courir on doit être entrain de retourner vers le fleuve fini de tourner en rond on va à l’arrivée fait pas chaud mais il est trop tard pour avoir froid pour faire un coup de calcaire y a plus qu’à kilomètre 41 le dernier pont au-dessus de la rivière dont je ne connais pas le nom je me suis fait un peu doubler ces derniers kilomètres y a un coureur tout de noir vêtu qui me frôle l’épaule droite allez Jean-Michel je lève les yeux c’est Ismaël j’accélère faut que je lui montre que je suis pas encore à l’état de larve il reste derrière on a une allure de vrais coureurs on va vite oui on va vite Ismaël passe devant on va vite on tient à notre fierté Ismaël m’a pris un mètre Ismaël m’a pris dix mètres Ismaël m’a pris trente mètres ça ne sert plus à rien d’aller vite on est en vue des arènes je rentre sur là grand place les copains sont à droite allez Jean-Michel kilomètre 42 c’est fini j’ai autant de place devant moi que sur les côtés pour terminer mon Marathon dernier virage à gauche le portique le chrono 3h27 quelque chose soit beau pour la photo finish le 1er  tapis le 2ème  tapis. J’appuie sur là détente. 3h27’37”.

PS. : Philippe, si tu es arrivé là, tu as quand-même couru le Marathon de Vérone.

4 Comments

  1. Philippe D.

    Merci Jean-Michel de m’avoir donné la chance de courir quand même le marathon de Vérone. Pour être honnête, j’ai calé au trentième (comme d’habitude 🙂 non pas à cause des jambes mais à cause du souffle..j’ai cherché désespérément les points et virgules pour récupérer mais je n’ai pas trouvé. J’ai donc continué ma lecture en marchant, puis au trente neuvième en découvrant mon nom j’ai repris la course jusqu’au bout sans défaillir. Et puis ce p…. de fleuve s’appelle l’Adige. Merci encore pour ce texte pas facile Adigérer.

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