Par Hervé Bihouée :
Le samedi 09 avril se déroulait à Rennes les 24 h.
A cette occasion, 2 coureurs de l’asphalte (Olivier et Laurent), 2 accompagnateurs ( Vaval et Hervé ) se sont retrouvés en terre bretonne.
L’épreuve se déroule sur un circuit d’un peu plus de 1 km, ce qui permet un suivi constant des coureurs.
Le départ est donné à 10h et rapidement chacun se met dans sa bulle, conscient de l’énormité de la tâche !
Parallèlement se déroule un 6h (départ à 12h) et un 12h (départ à 21h) ce qui apporte un peu d’animation dans la course.
Initialement, je devais participer au 6h mais une petite blessure au mollet m’en a empêché !
Je suis donc venu pour donner un coup de main à Vaval, soutenir nos coureurs, et ramener la voiture !
L’organisation sur un 24h est primordiale : boisson énergétique à tous les tours, alimentation solide (purée), gestion des vêtements, blessures, micro sieste, suivi des classements, c’est presque plus simple de courir ! (Je plaisante)
Sur un temps de course aussi long, le physique vient forcement à lâcher et souvent le moral avec.
Le soutient de l’entourage est primordial.
Sur ce genre d’épreuves les participants forment une grande famille et se retrouvent régulièrement sur les compétitions.
Dès le départ, nos coureurs respectent les allures (surtout ne pas partir trop vite !!)
Olivier parti très prudemment finira sur le podium.
Une averse et du vent viennent perturber la course en début d’après-midi. Ensuite, plus de pluie mais le froid s’installe jusqu’au petit jour.
La nuit est la partie la plus difficile : moins de public, physique qui lâche, envie de dormir…
Laurent arrive à courir jusqu’au 100 puis passe en mode marche jusqu’à la fin !
Olivier court jusqu’à la 22ème heure et doit se bagarrer pour finir.
Nos 2 représentants sont allés au bout, ce qui est un exploit !
203,8 km pour Olivier et 140,4km pour Laurent.
Je suis venu pour découvrir cette épreuve et je n’ai pas été déçu !
L’organisation est exceptionnelle, les coureurs hors du commun, bref une expérience à renouveler, peut-être comme coureur…mais là, j’ai un peu le trac !!
PS : dans 2 semaines, c’est au tour de Vaval pour le championnat de France !
Par Olivier Graville, dossard 64 :
Préparation :
Après plus de six mois avec environ une dizaine de sorties running, je me remets en forme sur le mois de Janvier avec 2 à 3 sorties par semaines. L’entraînement a ensuite été étalé cette année sur 8 semaines : 2 cycles de 4 semaines composés de 3 semaines intensives suivies d’une semaine allégée.
Entraînement détaillé. A visualiser absolument!
Objectifs :
• 200 kms : Rêvés
• 180 kms : Attendus
Base de réflexion pour les objectifs : 112,3 kms au 12h de Rennes en 2015.
La veille :
Arrivé en covoiturage sur Rennes, je débarque chez les parents de Laëtitia, une amie. Tout le monde m’accueille chaleureusement. Je m’aperçois alors que la maison est habitée par 3 chats…je suis allergique, je prends un cachet : pas glop. Apéro au coca, assiette de pâtes, un super moment avec mes super hôtes puis je pars vite au dodo comme un malpoli.
Avant la course :
Je me réveille à 07h30 embourbé (allergies), remange une petite assiette de pâtes, et me prépare doucement. Mon amie m’amène gentiment sur le site à 40 minutes du départ. Je retrouve alors Valérie, Laurent et Hervé. Ils m’ont aménagé une place sur leur table de ravitaillement : merci les amis. Le temps de prendre le dossard et donner quelques informations sur l’emplacement de quelques affaires, le speaker annonce le début de la course dans une minute, Laurent et moi rejoignons alors les 70 coureurs assez malins pour s’être inscrits à cette épreuve de torture :D. Laëtitia reste pour le départ, trop cool.
10h00 : PAN !
1er 6 heures (10h00 à 16h00) :
Les six premières heures se déroulent sans encombre. Je pars en milieu de peloton (23ème après une heure de course) à la vitesse minutieusement choisie, soit 10km/h à la course diminuée par la marche au stand (merci au partenaire virtuel de la montre GPS). Ça part très fort devant à presque 12km/h…les fous.
-1h-
Je cours, les sensations sont bonnes, je réponds aux appels, je discute avec les coureurs. Je me concentre particulièrement sur ce qui me sépare de la fin du quart d’épreuve et non de la fin de l’épreuve, ce qui me permet de garder un bon moral. 146 bpm…25 bpm de plus que d’habitude à cette vitesse. 🙁
-2h-
Une fois par heure, je prends un tour à mon ami Laurent qui en profite systématiquement pour me faire rigoler…trop bon lui. Je marche peu pendant ces 6 premières heures, seulement 45 secondes tous les 3 tours dans la “montée” après les ravitaillements.
-3h-
Et ça court et ça mouille. Première averse. L’avant-veille, j’étais chez Décathlon et l’expert m’a conseillé maillot manches longues + coupe-vent ! Alors je tente et ça se passe plutôt bien. En tout cas, je n’étouffe pas. On me fait gentiment comprendre qu’il faut boire plus. J’obéis, non sans râler un peu. 😀 Je cours souvent avec Jacques qui fait le 6h, il est super sympa et court comme un métronome à mon allure cible, je suis donc sur mon petit nuage à discuter avec lui pendant que la course se poursuit normalement.
-4h-
Je cours toujours bien. Mon plan hydratation et alimentation personnel habituel (boire toutes les 10 minutes et manger toutes les 25 minutes des rations définies à l’avance) est maintenant complètement pris en charge, modifié et SURTOUT amélioré par le staff le plus compétent du monde : Valérie et Hervé. A ma grande déception, un premier sentiment de raideur dans les jambes apparaît après “seulement” 4h30 de course.
-5h-
On m’impose depuis un certain temps de ne SURTOUT pas courir plus vite…. J’obéis, j’avais surtout peur qu’on me demande de courir moins vite, ce qui m’aurait fait peur pour la suite de l’épreuve car je pense avoir besoin d’un bonne marge à 12h pour avoir une chance de faire les 200 kms sur 24h. On reprend une bonne saucée ! Et ça court toujours à bonne allure. J’ai commencé l’enchaînement des hauts et des bas (moral). Évidemment…puisque je suis fatigué ! Mais je suis 12ème avec 58 kms au compteur.
-6h-
2ème 6 heures (16h00 à 22h00) :
C’est dur et je marche maintenant tous les 2 tours à l’endroit des ravitaillements et conserve l’allure de course visée. J’ai perdu Jacques depuis quelques tours et le cherche partout, ça m’occupe bien. Je sens qu’il va falloir colmater un peu l’estomac. Tiens on me tend de la purée avec un peu de jambon, c’est fait pour, non ?
-7h-
Je continue de courir à bonne allure mais la fatigue est là et le plaisir est en dents de scie. Heureusement, je retrouve Jacques avec qui je refais quelques tours. J’ai même parfois l’impression qu’il cale ses ravitos sur les miens pour m’aider. Merci Jacques, c’est tellement mieux quand je cours à tes côtés. Tu fais une belle course, bravo ! J’aimerais bien courir comme toi à ton âge.
-8h-
Il est maintenant plus de 18h et j’ai de la visite. Yeepeeee ! La machine repart et ça fait beaucoup de bien. Je marche maintenant à tous les tours dans les ravitaillements. J’ai une meilleure hydratation, me dit-on mais j’ai surtout l’impression d’être gavé. Content du kilométrage, mes jambes sont maintenant biens dures et on a fait leurs fêtes aux ampoules qui s’étaient pointées.
-9h-
L’effet “visite” est malheureusement en train de s’estomper et cela redevient difficile. De plus, le 6h est terminé et Jacques et d’autres sympathiques coureurs sont partis. Il va falloir attendre encore 2h avant de voir arriver sur le circuit les coureurs du 12h. Bof. Mais je cours. Le traitement des pieds a été efficace, ils ne me font pas trop souffrir.
-10h-
La nuit est maintenant tombée. Je dépasse machinalement la marque des 100kms qui m’avaient fait rêver l’année dernière. Une seule pensée m’obsède pendant que je cours dans la douleur : il me reste environ 13h30 pour faire ces 100 derniers kilomètres tant attendus, ça doit quand même être possible.
-11h-
Je me rends compte maintenant que j’ai perdu ma lucidité depuis un certain temps, j’ai du mal à compter les tours, mes calculs ralentissent ou parfois se contredisent. Mais je cours et l’épreuve de 12h a commencé. Je suis franchement fatigué et commence à m’endormir. Je prends un gel caféine. Les jambes sont très dures et le cardio est monté : j’ai du mal à répondre aux appels. Je cours toujours bien, l’heure tourne et je suis maintenant 5ème avec 112 kms.
-12h-
3 ème 6 heures (22h00 à 04h00) :
Le gel a fait son effet et je repars correctement. Un petit rituel est en train de s’installer au ravitaillement. A mon arrivée je prends la gourde fait le tour du U, puis rends la gourde. Valérie ou Hervé font alors : “Tu recours à 3…1…2…3 !” Et je repars, en couinant bien sûr mais je repars. Gastriquement, c’est un peu la foire.
-13h-
L’endormissement est trop fort, je cours maintenant avec les yeux quasiment fermés (c’est l’impression que j’ai en tout cas). Alors que Laëtitia et sa famille reviennent sur la course dans la nuit et le froid (merci !), Valérie décide de me faire faire une micro-sieste. L’idée me plaît à un point difficile à rendre ici. Petit repos de 10 minutes bien emballé dans l’aire de ravito, je repars gonflé à bloc grâce également à la visite. Je ré-enchaîne les tours correctement avec le plaisir perdu il y a quelques heures. Je suis parfaitement réveillé, tout ça fait beaucoup de bien. Ça va aussi mieux au niveau de l’estomac. Mais il fait froid, entre 3 et 4°C, et la course répétée avec mon équipement inadapté, m’a rendu malade…j’entends un crépitement quand je respire, et c’est nouveau. Moi qui trouvais que mon cardio était déjà haut, cela ne devrait rien arranger et me fatiguer encore un peu plus. J’avais bien fait d’accepter avant de venir d’en baver, je suis donc servi et malade !
-14h-
L’effet “Pause” a fini par s’estomper et l’endormissement me guette à nouveau. Je cours toujours et tente un nouveau gel. Sans succès. J’attends chaque fin de tour pour avoir le droit de marcher dans les ravitos depuis plusieurs heures maintenant. Mais il y a toujours quelqu’un pour compter “1…2…3 !” et je repars de plus en plus difficilement. Je passe une fois de temps en temps mon ami Laurent qui a toujours un mot pour moi, merci Laurent.
-15h-
Je suis HS. J’ai maintenant l’impression d’être un zombie sur le circuit, mais un zombie qui court. “1…2…3 !” et je repars toujours malgré des douleurs importantes, les muscles bien sûr mais aussi les chevilles (les miennes sont en carton, si, si c’est possible). Je manque plusieurs fois de rentrer dans un pylône ou une barrière. Je fais un nouveau repos de 10 minutes encadré par Valérie. Je connais la procédure, on perd moins de temps. Je repars pendant 3 tours correctement puis sent les effets de la fatigue revenir au galop mais je cours.
-16h-
Je continue de dérouler la routine difficilement. La pause est terminée depuis un peu plus d’une heure et ça fait une heure que j’en bave comme jamais j’en ai bavé. Je lâche le téléphone, je suis tellement fatigué et essoufflé que je ne pourrais plus parler correctement. Chaque kilomètre est long. J’ai envie de pleurer et de rentrer chez moi pour voir ma femme et mes filles. Sérieusement, qu’est-ce que je fous ici ? Ah oui, 200 kms. Humm, il m‘en reste encore 50 à parcourir dans ce cas. En 7h, ça paraît possible mais c’est pas le temps qui m’inquiète, c’est les kilomètres. Vous êtes en train de me dire que je dois encore faire 50 tours environ… Arrête de parler tout seul : COURS ! D’ailleurs “1…2…3 !” et je repars. Et zut, j’ai à nouveau les yeux qui se ferment.
-17h-
Epuisé, je cours. On me fait des compliments sur ma blancheur. Bizarre, normalement, je suis plutôt coloré, bronzé. “1…2…3 !” Les tours, bien que longs finissent toujours par se terminer. A ce moment-là, j’ai le droit de marcher au ravito, j’essaie de “ruser” en marchant quelques mètres avant mes ravito mais le métronome surveille “1…2…3 !”. 😀 Et je repars très difficilement. Je me demande comment tenir encore 6 heures de plus car je suis dans un état déplorable. Nouveau repos de 10 minutes. La machine repart pendant 2-3 tours puis la fatigue m’assaille déjà. Je suis maintenant 4ème avec 160 kms. Encore 40 kms en 6h… Epuisé, j’y crois quand même. Allez, allez, allez !
-18h-
4ème 6 heures (04h00 à 10h00) :
Running Zombie mode. J’ai de plus en plus de mal à respirer, je fais beaucoup de bruit pour un type qui maintient un simple 9 km/h en tournant sur le circuit. L’avantage, c’est que la plupart des coureurs m’entendent arriver et me font de la place. Merci. “1…2…3 !”. Je continue de voir l’équipe m’assister le plus possible, cela m’encourage à maintenir l’effort. J’essaye de m’occuper l’esprit pour rester éveillé mais la solution idéale n’a pas été trouvée. Je chantonne parfois… A voix haute, ça me maintient éveillé mais me fatigue cardiaquement. Dans ma tête, cela n’empêche pas l’endormissement mais me fatigue tout de même un peu….c’est quoi cette blague ? Zut, j’ai pas de technique pour rester éveillé.
-19h-
Mes yeux se ferment. Je ne vois pas comment je pourrais terminer cette course avec moins de deux repos supplémentaires. Mes calculs, difficiles à cette heure et dans cet état sont maintenant rassurants pour l’atteinte de l’objectif. Je cours toujours sur le circuit et marche le plus possible aux ravitos. Parfois j’attends une seconde de plus après “1…2…3 !” pour repartir, comme si cela allait changer quelque chose. Mort de rire. Ou est mon côté rationnel ???? Et je cours… Malgré les douleurs aux chevilles, je continue de repartir de chaque ravito en courant. Cependant, l’accélération n’est plus mon atout à cette heure de la course. 😀 Je passe troisième. C’est quoi cette blague…. ? L’année dernière, pour faire un podium, il fallait faire 220 kms…je vous préviens je n’irai pas jusque là-bas ! Je parcours plusieurs tours les yeux à moitié fermés. Je suis épuisé. Nouveau repos de 10 minutes.
-20h-
Quelles douleurs en se relevant ! La gourde à la bouche, je prends le U en marchant, rend la gourde et tente de relancer. Je mets 200 mètres supplémentaires pour réussir à repartir convenablement, avant cela s’appelle du clopinage. Mais je suis réveillé alors cela a été utile. Je cours, je marche…“1…2…3 !” je relance très difficilement. Je refais les calculs et visualise maintenant les 200 kms. Ils sont là, juste là…à « seulement 25 kms ». Je vais y arriver. Mais je suis mort de fatigue, blanc comme un linge. Valérie et Hervé s’affairent constamment, ils sont en plein plan stratégique car devant et derrière moi, il y a du changement. Le premier de l’épreuve marche maintenant. Moi, et je le dis bien haut et bien fort à Valérie et Hervé, j’en ai un de plan…il s’appelle “200 kms”. Je suis à nouveau complètement EPUISE. Plus que 3 LONGUES heures.
-21h-
Le temps avance tout doucement. Mon corps est complètement déréglé, je vais aux toilettes…rien pourtant j’avais l’impression que c’était urgent ! Je ne vois pas plus loin que le tour actuel. Quand je pense avec plus de 4 tours d’avance, j’ai l’impression de faire des plans sur la comète, genre l’avenir. 😀 “1…2…3 !” J’ai très mal mais je cours toujours. Si ma moyenne faiblit, c’est à cause de ces maudites pauses attendues par mon corps menteur qui se multiplient mais mon allure de course reste stable. Pas les douleurs. Ni ma capacité à courir les yeux à moitié fermés, elle, elle progresse énormément.
-22h-
Je rêve d’un tour où Valérie oublie de dire “1…2…3 !” mais cela n’arrivera jamais ! 😀 Le jour commence à se lever timidement mais je suis TOTALEMENT EPUISE et la température ne remonte pas. 3-4°C Nouveau repos de 10 minutes…ah non, de 5 minutes, il est écourté par Valérie qui a un œil partout et donc sur le classement ! Je ne suis pas content. “Je n’ai pas mon compte, encore 5 minutes”. Mais la couverture a déjà disparu. 😀 Alors je repars la gourde à la bouche mais je ne ressens pas les bienfaits attendus, je ne me sens pas moins fatigué, à peine moins endormi. Je tente de relancer. Oui, je tente. Je ne fais que ça : tenter. Les douleurs m’empêchent de relancer. Est-ce que je me mens à moi-même ? Je ne sais pas, c’est la sensation que j’ai eu sur le coup. Je fais le calcul, j’ai 192 kms et il me reste plus d’une heure et demie…même fatigué, si je marche, j’atteins l’objectif…Mon esprit entier fond sur cette pensée simple : il suffit de marcher pour atteindre et dépasser l’objectif ! Je pars en marchant d’un bon pas…6km/h. Valérie et Hervé m’encouragent à recourir à chaque endroit du parcours où ils le peuvent mais rien n‘y fera. Je suis sincèrement désolé mais je connais maintenant la fin de la course. Mes amis sont de retour. Merci encore. Un peu honteux de me montrer en train de marcher, je suis quand même très content de les voir. Derrière le complexe, discrètement, je tente de relancer une nouvelle fois, insiste, insiste, insiste et échoue.
-23h-
La seule chose qui n’ait pas changé pendant cette dernière heure de course, c’est moi et mon allure. Autour, c’est la bérézina. Le 4ème m’a doublé en courant “comme une fusée”, alors que le 3ème ou 2ème s’est arrêté. Je marche. Apparemment, le premier est très mal en point. Alors que la barrière des 200 kms s’approche très sûrement à mon rythme actuel de 6 km/h à la marche, Thierry, qui était derrière moi, il y a plus d’une heure est en passe de doubler le premier qui était devant depuis le début de la course quasiment. Je marche. 09h59 : PAN ! Encore une minute. Je marche, je commence simplement à chercher l’endroit où je vais m’arrêter. Ici, non, je marche encore un peu… Valérie est là, elle m’accompagne, Hervé aussi. Là, ce sera bien, je vois les ravitos d’ici et donc je vois aussi les gens qui sont venus me voir. Ils me regardent. D’ici, je pourrais les saluer, lever les bras en signe de victoire. Ici, c’est bien. Ici oui. ICI.
-24h-
10h00 : PAN !
C’est terminé. Je lève les bras en regardant mes amis, je crois bien que j’ai crié, mes yeux s’embuent. Que vient-il de se passer ? Je ne sais pas bien, cette journée a été tellement longue et maintenant que se passe-t-il ? C’est fini ! J’ai réussi ! Je suis troisième ! Bienvenue aux pays des émotions fortes.
Valérie. Tu approches avec un grand sourire aux lèvres et me félicite, je te prends dans mes bras et te remercie chaleureusement mais cela ne suffira jamais assez, JAMAIS. Je m’en rends bien compte. Tu viens de me faire vivre une des plus belles expériences de toute ma vie, alors que c’est la troisième fois que je te vois. Cette embrassade, c’est celle de la victoire partagée avec toi qui a été tellement décisive et généreuse pendant toute la course. MERCI.
Malheureusement, je ne me rappelle plus bien, tout est mélangé dans ma tête, je crois bien qu’Hélène et Hervé étaient là aussi…tout ça est devenu très flou. Désolé. J’ai peur d’oublier des gens. En fait, c’est même sûr.
Blackout.
J’ai finalement parcouru 203,809 kms en 24h, et j’en suis très fier. L’objectif a été atteint. Je suis même troisième au scratch et vais pouvoir monter sur le podium de l’épreuve reine de cette journée incroyable. Je n’avais pas osé en rêver.
Remerciements :
Je remercie ma femme, qui m’autorise ces courses folles, me permet de m’entraîner suffisamment pour faire ces “performances” et croit dur comme fer que je peux tout faire (je ne suis pas prêt de l’étonner avec mes courses). Finalement, elle avait raison pour cette fois-ci, elle m’a avoué aujourd’hui, jour d’écriture du CR qu’elle était sûre que je réussirais. On est tous les deux persuadés que l’autre ne se rend pas compte (elle de la difficulté des épreuves, et moi de mes capacités dit-elle). Merci aussi pour ses messages. Bisous.
Je remercie Valérie V., qui en 24h, est devenue irremplaçable à mes yeux (et mes yeux ne me trompent pas). Merci pour les conseils, merci pour les encouragements, merci pour le coaching, merci pour la précision des ravitaillements proposés, merci d’avoir été là, merci pour tout.
Je remercie Laurent F., qui bien qu’ayant battu sa meilleure marque de 40 kms ce même jour sur le 24h, a trouvé le temps tout au long de l’épreuve de m’encourager avec des mots que je retiendrai longtemps. Ce sourire incroyable, c’est Laurent… Désolé Laurent, je n‘ai pas fait pour toi le quart de ce que tu as fait pour moi ce jour.
Je remercie Hervé, qui a également été décisif pour les ravitaillements, “l’accompagnement moral” (private joke…il comprendra mieux que vous désolé) et les encouragements innombrables.
Valérie, Laurent, Hervé, cette marque et ce podium, c’est grâce à vous. Merci.
Merci à Laëtitia D. pour m’avoir balladé tout le week-end autour de la course. Merci encore à elle mais également à Annie, Gérard et Adrien D. pour leur bienveillance, leur accueil parfait, leurs encouragements, leurs regards réconfortants. Merci de m’avoir supporté pendant la course, parfois dans le froid et la nuit ! C’était génial de vous voir. Content que vous ne vous soyez pas ennuyés !
Merci beaucoup également à Hélène, une collègue avec qui je cours le midi au boulot et Christophe pour leur présence, leurs encouragements, pour leur folie d’avoir organisé un week-end dans cette région de façon à pouvoir assister à la course, pour les photos, les sourires. On n’a pas tous la chance d’avoir des collègues comme elle. Dédicace spéciale à la cape de Christophe qui m’a fait du bien au moral (et réchauffé biens sûr).
Merci à ma famille qui m’a soutenu à distance autant qu’elle le pouvait. Appels nombreux, à toutes heures pour m’aider. Messages SMS depuis la France ou messages Whats’app depuis la Thaïllande, sur Facebook… Vos messages étaient très importants. Merci beaucoup.
Merci à tous les autres personnes qui m’ont soutenu avant et pendant la course : Yoann et Sandra, Laurent et Mélanie, Murielle, Jean-Michel, Gérard et Pitchoune, Nolwenn, Guillaume T., Mickaël et Séverine., Emilie B., Sophie et Gérald, Emilie T., Versanges, Véronique A, Oré et Denis, FX, Sandra P., Aurélien A., Marie B., Aurélien C. Pourvu que je n’ai oublié personne ! Merci à tous pour vos messages ! C’était motivant d’être suivi. 😀
Merci à tout le staff pour cette organisation aux petits oignons et particulièrement à Ronan pour ses encouragements répétés, et la confiance transmise ! J’ai envie d’en remercier d’autres mais je crois qu’il faudra bien que je revienne pour apprendre les prénoms.
Merci à Jacques, Alain et plein d’autres coureurs d’avoir fait passer le temps plus vite pendant la course par nos conversations et kilomètres parcourus ensemble.
Les chiffres de la course :
Heures |
Classement |
Heure de détection |
Kilométrage à l’heure de détection |
Vitesse moyenne depuis le début |
Heure 1 |
23 |
00:55:38 |
9,164 km |
9,88 km/h |
Heure 2 |
22 |
01:58:10 |
19,494 km |
9,90 km/h |
Heure 3 |
19 |
02:54:40 |
28,790 km |
9,89 km/h |
Heure 4 |
16 |
03:58:38 |
39,120 km |
9,84 km/h |
Heure 5 |
15 |
04:55:27 |
48,416 km |
9,83 km/h |
Heure 6 |
12 |
05:58:57 |
58,746 km |
9,82 km/h |
Heure 7 |
11 |
06:55:32 |
67,009 km |
9,68 km/h |
Heure 8 |
8 |
07:53:35 |
76,306 km |
9,67 km/h |
Heure 9 |
8 |
08:55:16 |
85,602 km |
9,60 km/h |
Heure 10 |
8 |
09:56:14 |
94,899 km |
9,55 km/h |
Heure 11 |
7 |
10:58:51 |
104,196 km |
9,49 km/h |
Heure 12 |
5 |
11:56:27 |
112,459 km |
9,42 km/h |
Heure 13 |
5 |
12:55:00 |
120,723 km |
9,35 km/h |
Heure 14 |
5 |
13:44:42 |
127,953 km |
9,31 km/h |
Heure 15 |
5 |
14:47:17 |
135,184 km |
9,14 km/h |
Heure 16 |
5 |
15:59:15 |
145,514 km |
9,10 km/h |
Heure 17 |
5 |
16:53:31 |
150,678 km |
8,92 km/h |
Heure 18 |
4 |
17:53:32 |
159,975 km |
8,94 km/h |
Heure 19 |
4 |
18:58:02 |
167,206 km |
8,82 km/h |
Heure 20 |
3 |
19:52:07 |
175,469 km |
8,83 km/h |
Heure 21 |
3 |
20:58:19 |
182,700 km |
8,71 km/h |
Heure 22 |
3 |
21:57:32 |
190,963 km |
8,70 km/h |
Heure 23 |
3 |
22:54:45 |
197,161 km |
8,60 km/h |
Heure 24 |
3 |
23:54:44 |
203,809 km |
8,49 km/h |
Par Laurent Fontaine :
Jour J -2 soit le jeudi 07 avril 2016 : accueil à 19 heures de Valérie à la maison.
N’étant moi-même rentrée qu’à 21.30, Valérie ne m’avait pas attendu et avait pris ses fonctions de coach et préparatrice en mains, vérifiant et rassemblant mon baluchon.
Un dîner dans les règles (Valérie oblige) quoi qu’un peu tardif et une bonne nuit de repos.
Départ vendredi 08 avril fin de matinée (dès le retour de Valérie, cette dernière s’étant levée à 7 heures pour faire une sortie de 2.30 sur les bornes de Marne sans compter les arrêts, ayant été quelque peu reconnue et retenue par 2 Asphaltiens sur les bords de Marne).
Direction Joinville pour récupérer HERVE BIHOUEE que nous appellerons PIERRE le temps d’un week-end : RENNES nous voilà !
Sortie de l’autoroute au Mans pour notre pause déjeuner et rencontre fortuite d’une petite cousine (dans le peloton de gendarmerie !) au péage de l’autoroute, c’est drôle les coïncidences non !
Déjeuner toujours réglementaire (Valérie oblige) j’ai même résisté aux frites maison.
« Pierre » était aux anges, la signalétique de ce resto était pour ce grand le professionnel de la discipline du grand art.
Arrivée à Rennes après un tour du boulevard circulaire (« PIERRE « a failli perdre sa patience).
Prise de notre hôtel, hôtel choisi pour ses petits déjeuners copieux avec des spécialités locales.
Après quelques emplettes dans un magasin de sports (le budget de notre « PIERRE « a explosé), reconnaissance du circuit et présentation de ce dernier à « PIERRE ».
Dîner dans une PIZZA (rien d’original) PIZZA à l’apéro avec jus de tomate et pâtes.
Bonne nuit à l’hôtel, réveil à 6.30 et petits déjeuners tant attendus.
Installation de notre campement sur les tables mises à notre disposition par l’organisation de la course, rien ne manque : rallonge électrique, baladeuse, bouilloire, relax pour la sieste, vêtements, chariot, etc. (voir photo ci-contre).
Vous remarquerez que, selon mon expression favorite « no stress », nous ne sentons pas trop de stress dans mon récit et cette avant-course.
Je pars pour 24 heures de bonheur, sans montre au poignet, et confiant : mon plan fait par Valérie ayant été respecté à la lettre pour ce 24 heures
Ce plan m’a permis de me rendre compte que j’étais prêt ayant fait dans le pic de ma préparation des semaines à 130 kms sans bobo (« elle est pas belle la vie »)
10 heures le départ pris avec Olivier
Pour moi la course se décompose en 4 étapes : Avant et après le 100 km, avant et après avoir attrapé froid
De mémoire je pense être rentré au 100 km en 12h55
(temps identique à celui de mon 100 km de MILLAU l’an dernier)
Dans ma tête je me suis autorisé un peu de réconfort après la barrière des 100 kms que j’ai été le 22ème ou 23ème à passer
Change complet : chaussures, chaussettes, sweet, etc.
Repas et reprise de la course sans aucune douleur…et ne me demandez pas pourquoi m’étant rendu compte après avoir fait un tour complet en marchant que j’allais plus vite en marchant qu’en courant !
Alors j’ai marché sans même me dire que je pouvais me rentrer un peu dedans pour augmenter ma cadence de course puis me suis installé dans ce confort.
Le problème : très vite ma vitesse de marche a elle aussi diminuée.
Que la froideur de la nuit est arrivée et que mon corps s’est refroidi et là j’ai eu très froid alors j’ai tenté de me réchauffer lors d’une pause dans le gymnase qui n’aura servi à rien. Je ne me suis pas réchauffé et je n’ai même pas dormi : que de temps gâché finalement.
Après un petit-déjeuner servi par notre hôtesse Valérie (vers 4h30 du matin), je suis reparti pour quelques pas de marche ayant toujours aussi froid malgré mes 7 couches de tee-shirts, sweets et autres vestes 2 bonnets et même mon plaid de voiture noué autour du cou tel Batman (ça en a fait rire plus d’un dans cette nuit froide c’est au moins ça)
Finalement le temps passe, le jour se lève je me suis même vu parler de St Julien et autre grand cru de Bordeaux avec un camarade de course.
Me voyant me requinquer, Valérie et « PIERRE » m’ont fixé un objectif de 140 kms à 2 heures de l’arrivée il devait me rester que (ou encore) 10 kms à faire, il a donc fallu que je dépose ma cape et quelques couches de vêtements et j’ai relancé la machine en marchant plus vite pour atteindre finalement cet objectif.
Content d’avoir bouclé cet objectif et cette course sans aucun bobo et de profiter d’une commande passée aux amis d’Olivier pour prendre un petit déjeuner avec ce délicieux pain aux raisins (y en avait marre de boire ou manger des soupes de récupération ou autres produits trop sucrés)
Content de la performance d’Olivier pronostiquée, qui va me coûter le remboursement de sa licence ! Malgré que je doive reconnaître que celui que j’ai appelé mon ami tout au long de la course m’a agacé quand je n’ai plus pu compter le nombre de tour d’avance qu’il avait sur moi. ..
Content d’avoir comme amie cette belle personne qu’est Valérie à qui je donne rendez-vous le 05 mai prochain à Brive La Gaillarde, car je vous rappelle que notre championne remet son titre de championne des 24 heures en jeu, merci et bravo championne
Me voici aujourd’hui à mon tour Circadien et fier de l’être !
Merci à toi Hervé et pardonne-moi de t’avoir chahuté jusqu’à ce compte rendu, allez sans rancune « PIERRE «, espérant que tu tenteras cette expérience à ton tour.