Menu Fermer

Le Sparnatrail: un trail plus dur qu’un marathon ? Cr de Nicolas Mercouroff

Dimanche dernier, 13 novembre, j'ai eu le "plaisir" de me livrer à un exercice qui m'était jusqu'à présent inconnu: courir un "trail long", plus de 31 km et plus de 700 de dénivelé positif. En voici le récit — non sans quelques mots de mise en garde pour le public fragile et impressionnable: je vous conseille d'arrêter ici votre lecture, car ce qui va suivre sera un récit d'une descente aux enfers, accompagné de photos à ne pas mettre devant tous les yeux !

Or donc, je suis parti dimanche dernier en direction d'Epernay m'attaquer aux 31,7 km et 740 m de dénivelé positif du "P'tiot Sparnatrail",  version (pour les petits ?) du vrai Sparnatrail, couru au même moment sur 56,7 km et avec 1399m de D+. Epernay en Champagne, c'est une ville qui semble ravissante (j'en ai vu surtout les chemins vicinaux) et qui a l'avantage pour ses habitants (les sparnaciens !) d'être à deux bonnes heures de Paris. Le coup de pistolet du départ étant prévu à 7h30, il a donc fallu se lever et partir dès 4 heures du matin en voiture.

Me voici donc aligné sur la ligne de départ dès portons-minet, ignorant de ce qui allait m'arriver malgré les mises en garde des habitués ("ce sera plus dur qu'un marathon"!), et paré de mes meilleurs atours : le T-shirt du club, croyant pouvoir porter haut nos couleurs en ce jour de gloire. De ses couleurs justement, le blanc disparaitra bientôt sous la boue et un cocktail de liquides corporels…

Ça s'était avant…

L'asphalte, ce n'est pas que le nom d'un club sympathique: c'est aussi l'ami du coureur (même si ce n'est pas forcément celui de ses articulations), et c'est surtout le compagnon fidèle de ma modeste carrière de coureur ! J'en ai couru des centaines de kilomètres, et c'est toujours un plaisir de relancer la machine au détour d'un virage bien calé sur le bitume solide et surtout raisonnablement plat !

De bitume, je n'en ai pas vu beaucoup dimanche dernier. Quant à la platitude, je dirais qu'elle s'est aplatie devant les 700 mètres de dénivelé positif (et autant de dénivelé négatif !) En résumé: il y avait un chemin qui serpentait gentiment dans les vignes champenoises, tandis que le parcours du trail ignorait tout à fait cette paisible route en prenant les sentiers qui zigzagaient entre les vignes, parfois montant abruptement sur un coteau, puis redescendant tout aussi prestement sur le même coteau, pour nous ramener à chaque fois quasiment au même point de départ.

Si la montée est dure, au moins la descente doit-elle être reposante ? Que néni ! D'abord descendre veut dit empêcher autant que possible le corps de tomber, et donc dépenser quasiment autant d'énergie à le retenir qu'à le pousser à monter. Et puis surtout, les pentes n'étaient qu'un des ingrédients qui ont réussi à transformer un dimanche matin qui aurait pu être paisible en enfer.

L'ingrédient principal ne doit rien à Newton, mais plus à Gaïa: c'est la terre, mélangée à la pluie. En un mot: la boue. 

Courir dans la boue (et les flaques) est extrêmement pénible, mais faisable. Courir dans la même boue sur des côtes vertigineuses, c'est pour moi sur-humain… Donc 31km de trail, c'est 31km de débauche d'énergie à progresser dans la boue, rapidement incapable de courir dans la moindre montée (et se résignant à marcher lourdement). Et bien sûr, des chutes !

J'ai manqué de tomber 20 fois, et par 3 fois je me suis vautré (bien plus que tombé) dans la boue, la dernière fois face contre terre — ou plutôt le visage planté dans la boue.

Rapidement, mon visage a pris la couleur de la terre…

Mais qu'est ce qu'il m'a pris ?

…puis mes mains une couleur plus vive…

 

…puis inévitablement mes genoux des couleurs encore plus dramatiques !

Dans cet état (et pas seulement extérieurement: les pieds étaient tout autant en feu dans les chaussures !), les 10 derniers kilomètres ont été littéralement un calvaire. J'ai deux marathons "under the belt", et si cela ne m'autorise en rien à me croire marathonien chevronné, je sais ce que j'ai souffert lors de ces deux marathons, en particulier pour parcourir les fameux 10 derniers kilomètres. Jamais je n'ai autant souffert que dimanche dernier sur les chemins sparnaciens !

Non content de ne plus pouvoir courir dans les montées, de ne plus réussir à tenir droit même dans les portions plates, et de trainer mon corps ensanglanté au fil des kilomètres, de très sévères crampes m'ont fait comprendre que ce corps protestait vigoureusement contre le traitement que je lui infligeais. Lorsque deux crampes aiguës saisissent vos jambes, il est impossible de courir, et marcher est même une torture…

C'est ainsi que j'ai finalement franchi l'arche d'arrivée, clopinant plus que courant ou même marchant, me jurant (mais un peu tard), qu'on ne m'y reprendrait plus !

On m'avait bien prévenu : "Plus dur qu'un marathon". Je ne veux certainement pas comparer cette épreuve à celle d'autres coureurs qui ont peut-être souffert autant (voire plus encore!) à courir 42km que moi sur ces 31km. Mais l'épreuve que j'ai couru ce dimanche a très certainement été pour moi bien plus dure que mes deux marathons. 

Suis-je prêt à recommencer l'année prochaine ? C'était une expérience à vivre une fois, mais je ne suis aujourd'hui certainement pas prêt de la renouveler… vive l'asphalte !

 

Nicolas Mercouroff

 

source photo Site officiel www.jogging-epernay.fr/

 

 

2 Comments

  1. Jean-Michel O.

    Tu vas aimer les cross Nicolas!
    Courir en pointe, pas de gadins…
    Et puis la saison prochaine, tu pourras expérimenter les trails sur du dur, ça existe (mais c’est souvent plus dur qu’un Marathon).
    Bonne récup!

  2. Thierry

    Hou la la ça ne fait envie !! Le trail nécessite peut être quelques séances spécifiques mais tu n’as surtout pas choisi la bonne saison et le bon parcours pour expérimenter !!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *