GR20 en off en 4.5j – Samuel Becker

En cette fin juin je devais faire une rando-course de 5j de Chamonix Briancon. Mais le printemps pourri coté météo a rendu le parcours quelque peu compliqué puisqu’il reste énormément de neige. C’est donc un peu en ‘last minute’ que je décide de me rabattre sur le GR20 et de me frotter de nouveau aux difficiles sentiers corses après le sublissime stage de trail organisé par P.Hugault à la même époque de l’année il y’a 2 ans.

Pour rappel, l’album photo de 2014: https://goo.gl/photos/qpvkHJ29ngVmQmtFA. Nous avions parcouru le GR de Calenzana à Bavella en 5 jours. Cette fois ci, je prévois 4.5j de Calenzana jusqu’à Conca.

Arrivé à l’aéroport de Calvi, grand soleil et 32°C. Je marche tranquilou jusqu’à Calenzana. Même s’il n’y a pas sentier, la route reste agréable car il y’a très peu de circulation. A l’hotel je rencontre un couple de trailers qui envisage le GR en 4j avec une 1ere etape Calenzana-Col de Vergio ! Les connaisseurs apprécieront d’autant que comme j’y reviendrais plus tard, il n’est plus possible de passer par le cirque de la solitude ce qui durcit le parcours. Ont t’ils un niveau d’enfer ou bien sont t’ils inconscients de ce qui les attends ?! Réponse un peu plus tard 🙂

Etape1 – Calenzana – Asco. Environ 28km, 4000mD+, 2800mD-

Le sentier agréable du début laisse très vite la place aux nombreux passages escarpés voire d’escalade. Mais pas de surprise, je connais le terrain :). Entre les deux premiers refuges, je suis rejoint par un groupe de trailers encadré par Jean-Claude Banfi, un entraineur de trail & ski de randonnée assez connu et super sympa. Je quitte le refuge de Carozzu vers 13h30 et avantage énorme de ce type de timing et d’étape, je vais rester seul sur le GR quasiment jusqu’à l’arrivée. Il n’y a que lors de la descente vers Asco que je rejoins quelques randonneurs qui galèrent comme moi dans ces passages très techniques.

A Asco je retrouve le couple de trailers rencontré la veille. Partis quelques heures avant moi, ils ont préféré coupé leur 1ere etape en deux. Ils ne s’attendaient pas à un terrain d’une telle difficulté. Au refuge je n’arrive pas à dormir car ça me démange de partout. Des moustiques ? Ce n’est que tard dans la nuit que je réalise que ce sont des punaises de lit que je n’ai pas de mal à voir en examinant le matelas à la frontale ! Changement de matelas pour parvenir enfin à dormir un peu puis au lever, douche et examen soigné de tous les vêtements & matériel pour être sûr de ne pas en emmener avec moi.

Etape 2- Asco – Refuge de Manganu. Environ 38km, 3500mD+, 3300mD-

Depuis un grave accident l’année dernière, il n’est plus possible de passer par le célèbre passage du cirque la solitude. Le parc a ouvert un nouvel itinéraire qui passe tout près du Monte Cinto. On ne perd pas au change, c’est superbe ! Par contre qu’est ce que c’est dur ! La montée et encore pire la descente sont interminables et très technique.

J’arrive donc assez tard au niveau du refuge de Tighjettu, en tout cas plus tard que je ne l’avais envisagé. Heureusement, la suite est beaucoup plus roulante et je peux laisser aller la foulée jusqu’au col de Vergio puis vers le refuge de Manganu.

Etape 4 – Bergeries de Capanelle – Col de Bavella. Environ 60km, 3000mD+, 3300mD-

Le refuge d’Asinau a brûlé en début d’année. Du coup, pas possible de s’y arrêter comme je l’avais envisagé au début. La grosse étape devient donc énorme avec 60 km environ. En consultant le topo, on peut constater que cette journée correspond grosso modo à près de 5 étapes classiques du GR20 et que le temps de marche est de 25h30 !

Départ à la frontale à 4h du matin. Je ne suis pas un fan des départs de nuit mais passé quelques dizaines de minutes, je regrette un peu de ne pas être parti plus tôt. Le cheminement est en effet très aisé sur cette section douce du parcours entre Vizavonne et le refuge de Prati. A Prati, je suis surpris d’avoir été assez lent par rapport aux temps de marche du topo (en principe je divise par deux sans forcer) et j’appelle le gite du Col de Bavella pour les prévenir que je risque d’arriver tard. 

Les passages technique sont de retour mais je mets à profit les quelques sections plus roulantes pour accélérer. Au refuge d’Usciolu je discute avec le gardien qui est trailer. La grosse question est dois je prendre l’ancien GR comme effectué avec Philippe Hugault & Christophe Ollivier il y’a 2 ans ou prendre le nouvel itinéraire qui permettra de découvrir un autre sentier et de me ravitailler plus facillement. D’après le topo, l’ancien GR est plus court de 40min, d’après le gardien, on gagne 2 heures. Je repars hésitant mais fini par choisir le nouvel itinéraire. 

Au passage du refuge de Matenza, il n’est pas tard ce qui est le signe que j’ai bien envoyé depuis Prati. Moi qui envisageais un moment une possible arrivée de nuit, ça ne sera pas le cas. Par contre, en montant vers le mont Incudine, ça pue: la météo se dégrade et bing, l’orage gronde ! Je ne fais pas le fier en passant le col et en découvrant que les aiguilles de Bavella sont bien bouchées. En plus je déteste cette descente vers le refuge Asinau car elle est cassante à souhait. 

Finalement le temps se dégage et je suis surpris de voir qu’en fait les bergeries d’Asinau proposent maintenant gite et couvert. Qu’importe, il n’est pas très tard et ne ressents pas de fatigue particulière. C’est tout de même très tranquillement que je vais rejoindre Bavella où j’arrive vers 19h30.