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Sur le sentier de la fraise – 2

Sous les tonelles

Sous les tonelles

Ce samedi 29 juillet en fin d'après-midi était programmée la course de la fraise à Ispagnac, tout en amont des gorges du Tarn ; bien que moins renommée, la fraise d'Ispagnac est en effet à la Lozère ce que la fraise de Plougastel est à la Bretagne. Bénéficiant d'un micro-climat, le vallon d'Ispagnac produit également des cerises et des abricots tandis que la culture de la vigne y renaît depuis quelques années. Jusqu'à la grande épidémie de phylloxera, les gorges du Tarn étaient recouvertes de vignes dont le jus était une brave piquette, celle dont Jean Ferrat affirmait dans La Montagne, qu'elle "produisait des centenaires à ne plus savoir qu'en faire" ; deux vignerons ont maintenant replanté des cépages de meilleure qualité (pinot noir pour les rouges, chardonnay pour les blancs) et produisent des vins davantage en phase avec les attentes des consommateurs. A défaut d'amener jusqu'à 100 ans, ce breuvage a au moins le mérite de ne plus occasionner des aigreurs d'estomac. Ceux qui veulent absolument goûter ce vin à la diffusion confidentielle pourront se le procurer autour de 6€ la bouteille dans l'unique hypermarché de Mende ; ils éviteront de l'acquérir sur place où il est proposé à un prix étudié pour les touristes…..

Pour ceux qui n'aiment pas le vin ou n'ont pas envie de devenir centenaires, la célèbre et pétillante eau de Quézac jaillit à 2km d'Ispagnac procurant fraicheur et réhydratation aux coureurs épuisés par le terrible sentier de la fraise. Cette source était à l'origine exploitée par le groupe Nestlé qui souhaitait s'en débarrasser compte-tenu de la faiblesse des volumes produits. Le premier repreneur qui s'est présenté était un grand capitaine d'industrie dans l'air du temps : estimant que la source n'était pas compétitive, il avait pour projet de licencier la moitié de l'effectif et de baisser le salaire des privilégiés qui auraient eu l'insigne honneur de travailler pour lui. La mobilisation des salariés faisant bloc avec leur syndicat a finalement permis de mettre en échec ce projet de reprise ; la source a été cédée à un acquéreur ayant au contraire pour projet de faire monter en gamme l'eau de Quézac, à l'image d'autres eaux minérales de "prestige" diffusées dans la restauration.

Le micro-climat d'Ispagnac est sans doute bien agréable pour hiverner ; il l'est beaucoup moins en ce milieu d'été, surtout par le temps lourd et orageux de ce 29 juillet. Il fait encore bien chaud lorsque le départ est donné sur le coup de 18 heures pour une unique boucle de 12,5km, cela après une minute d'applaudissements en mémoire de la féminine Laurie Julien, vainqueur des 3 éditions précédentes et décédée il y a quelques jours à seulement 32 ans. Le premier km se déroule dans les ruelles pavées du village où il vaut mieux prendre garde à ne pas glisser. Le Tarn est traversé une première fois sur une passerelle en bois à voie étroite après laquelle débute une montée bien ombragée par la châtaigneraie puis la pinède ; la pente a le mérite d'être régulière à environ 7 ou 8%. Après 3 km, on quitte l'asphalte pour un chemin de terre au début duquel est proposé le 1er ravitaillement. La fin de la montée est plus raide et les arbres ont disparu du paysage ; je crois atteindre le point haut à la 39ème minute avec le 2ème ravitaillement, mais ce n'est qu'un piège à touristes, car le chemin remonte après un petit bout de descente. J'atteins le vrai point haut à la 44ème minute et m'applique ensuite à descendre au milieu du chemin, là où il y a de l'herbe, pour éviter les cailloux tranchants qui guettent les coureurs inattentifs. On retrouve l'asphalte guère avant Quézac où est situé le 3ème et dernier ravitaillement. Il reste ensuite à franchir à nouveau le Tarn sur le magnifique pont de Quézac, celui-là même qui figure sur la médaille 2017 du Marvejols-Mende, et à accomplir environ 1,5km au milieu des vergers et champs de fraisiers sur un terrain parfaitement plat, cela avant l'ultime grimpette de 200m vers la place d'Ispagnac où est jugée l'arrivée. Je termine en 1h12 pile poil.

Comme on peut l'imaginer, l'eau de Quézac coule à flots au ravitaillement d'arrivée. J'en profite pour bavarder avec Denis Alcalde, un V5 connu comme le loup blanc en Occitanie comme en Océanie, où il a enseigné pendant quelques années. Il regrette de manquer de concurrence dans sa catégorie….avis aux V5 de l'Asphalte !

Nous n'étions guère nombreux à accomplir ce sentier de la fraise, une grosse centaine au jugé ; pour autant, j'ai dû me résoudre à repartir sans connaître mon classement. C'est sans doute pure supposition et médisance de ma part, mais je suis persuadé que ce retard dans la publication des résultats n'est pas sans lien avec la présence de 3 terrasses de café sur la place du village : plus cela traîne, plus il y a de verres consommés ! Pour compléter le paysage, on trouve sur cette place une boutique vendant fromages et charcuterie "de pays" à des prix défiant toute concurrence dans le mauvais sens du terme. Bon, c'est de bonne guerre et j'aurais sans doute fait la même chose à la place des organisateurs. Une bonne "mousse" après avoir transpiré sur les pentes arides des gorges du Tarn, cela fait du bien, mais il faut savoir garder le sens de la mesure. Voyant que rien n'était affiché plus d'une heure après mon arrivée, j'ai fini par me lasser et par quitter sans regrets la fournaise d'Ispagnac.

Le causse Mejean. Les gorges du Tarn serpentent entre les causses de Sauveterre au nord et Mejean au sud.On voit tout le parcours sur la photo : depart d Ispagnac sur la gauche puis montee dans les bois, descente sur Quezac a droite et retour par le pont et la plaine.

Le causse Mejean. Les gorges du Tarn serpentent entre les causses de Sauveterre au nord et Mejean au sud.On voit tout le parcours sur la photo : depart d Ispagnac sur la gauche puis montee dans les bois, descente sur Quezac a droite et retour par le pont et la plaine.

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