Menu Fermer

Le GRR, Cr de Philippe Hugault

 

Mon Grand Raid de la Réunion (la diagonale des fous)

 

J’avais une revanche à prendre à la suite de mon abandon sur L’UTMB.

 

Me voilà parti pour une virée express à la Réunion afin d’affronter pour la troisième fois le grand raid de la Réunion, une aventure extraordinaire et quelle aventure. Un parcours réalisé en 2004 et 2005 avec mon pote Christophe Ollivier. A cette époque le parcours était de 140 km et 8000 m+ nos premiers exploits en ultra. Cette année 162 km et 9600 m+

 

GRR 1Tout commence le jeudi 13 Octobre dans le sud de l’ile à St Philippe. Pour un départ à 22 h et cette fois ci sans report tant mieux, ce qui nous fait encore deux nuits sans dormir !!!!!!!! Il faut vraiment aimer ca. Je passe l’après midi avec Christophe et Monique dans leur gite pour les  derniers  préparatifs et c’est parti pour rejoindre le  départ. Nous arrivons  deux heures avant  le  départ  et  pas moins de  300  coureurs sont sur  la ligne.  L’attente va  être longue, on cogite, on se refait le parcours. Cela commence à arriver de  partout des costaux très musclés qui  font  le  forcing  pour  passer  devant. Mais  ils ne nous impressionnent plus, on les retrouvera plus tard sur le parcours. Derniers briefing. Il devait pleuvoir, il fera beau, il devait faire chaud, il fera froid et (quoi encore) le passage dans la forêt de Bélouve sera peut être détourné, car il a beaucoup plu c’est derniers jours et risque de rendre le passage très délicat, vous verrez bien là-bas (bon!). 

Il est 22 h  le départ est lancé pour 2500m de dénivelé je décide de rester avec Christophe aussi  longtemps que possible, la cadence est très rapide, nous  maintenons notre allure à 10 km/h, ça double de tous les cotés, je dis à  Christophe on ne change rien à notre allure malgré une foule qui nous encourage, c’est la fête sur plus de 5 km.  Nous quittons la route principale et commençons  l’ascension sur un chemin qui borde les champs de cannes à sucre. Nous arrivons  au  premier  pointage en 1h57, 1042ème. Entre le départ où nous sommes partis et le premier ravito nous avons perdu au moins 500 places (tant mieux) nous sommes en pleine forme. Maintenant les choses sérieuses commence la monté du volcan du costaud 8 km  pour 1665m D+, une ascension qui se fait à la file indienne et arrivons au sommet frais, nous poursuivons notre progression toujours ensemble le long du volcan que nous passerons de nuit dommage (c’est grandiose) notre rythme est correct et progressons en rattrapant déjà quelques coureurs jusqu’à Pitont Textor un mur de roches volcaniques très impressionnant. Arrivée en haut le soleil se lève au-dessus d’une mer de nuages d’un rouge très fort que c’est beau, voilà le pointage de Piton Textor, il est 8h08 et 40 km au compteur 897ème.

Nous reprenons des forces et surtout un bon ravito refaire le plein, et nous repartons pour une descente dans  la boue jusqu’à Mare a boue, rien de plus normale, rien que le nom vous laisse perplexe, le paysage est complètement différent de la verdure comme en Normandie, des fleurs, des vaches !!!!!!!!

En route pour Hell Bourg cirque de Salazi

 

GRR02Et nous voila arrivés à Mare à Boue il est 9 h 44 et 40 km nous sommes 822 ème.

Monique est là ravie de nous voir arriver ensemble au ravito, elle nous a préparé un sandwich au jambon, que ça fait du  bien, Christophe n’arrive plus à manger !!  Je l’encourage à manger, il le faut, mais rien à faire, ça ne passe plus. Il préfère prendre son temps et je repars sans Christophe. Je rejoins un Réunionnais qui a eu des infos sur la prochaine partie du parcours ( alors Mare a boue )  il  me répond on y arrive…A ce moment là je comprends que l’Enfer va commencer. Pas de variante au programme. Nous commençons une légère monté et une descente très difficile dans un chemin rempli de boue, petit replat sur une route avant d’arriver dans la forêt de Bélouve. ( une forêt primaire ). Et ça commence, je n’en crois pas mes yeux, je n’ose pas y mettre  mes pieds,  pourtant il va bien falloir, j’ai de la boue jusqu’aux chevilles et j’ai du mal  à mettre  les  pieds  l’un  devant l’autre. Les 700 coureurs qui sont déjà passés devant moi ont tout saccagé les chemins aménagés par l’ONF.

Quel honte à l’organisation, nous traversons  un foret primaire d’une beauté époustouflante. J’avance tant bien que mal, ca râle,  à  juste titre, certains coureurs vont à la pêche chercher leur chaussures qui se retrouvent coincées dans la boue.

Tout le monde en a mare de la boue, de « Mare à Boue ».

Nous cherchons à progresser sur  le bord du chemin qui n’en est plus un, mais c’est pire, les chutes s’enchainent, ont se rattrapent aux branches afin d’éviter de tomber en entier dans la  boue  celles ci en sont recouvertes. J’en ai mare de « Mare à boue », je peste contre L’organisateur ca va durer pendant 5 km soit 2 H 30.

Enfin arrive un ravitaillement intermédiaire, je retrouve Guillaume et Fred avec qui nous avons fait la reco du tour du mont blanc Guillaume est allongé au sol  il n’est pas bien. Cette portion de forêt va laisser des traces à nous tous.

Il nous reste quelques kilomètres avant de rejoindre Hell Bourg ouf

J’arrive à Hell Bourg  il est 13 h  km 70  700 ème bien fatigué ; un bon ravito car ce qui vient est très dur ( le Piton des Neiges : 1500m en d +)

Je repars est j’appelle Monique afin de savoir si Christophe est bien reparti. Elle me le confirme quel courage.Et bon courage

En route pour Cilaos  cirque de Cilaos

J’entame l’ascension du Piton des Neiges, dur,  je suis fatigué et commence à cogiter ce n’est pas bon signe, l’ascension me semble  interminable, je me pose plusieurs fois pour récupérer, je ne suis pas le seul dans ce triste état.

 

L’ascension se fait très lentement, c’est long, très long plus de 1500 m+ à grimper après Mare à Boue pas génial comme récup j’arrive tant bien que mal au pointage du Piton des Neiges, 2484 m Alt à 17h19,  km : 80

674ème place, il me reste 300 m à faire avant de basculer sur Cilaos Ouf.

Je vais pouvoir récupérer gentiment car c’est mon point fort, malheureusement une douleur aux genoux m’oblige à ralentir fortement.

Pourtant il faut que j’arrive à Cilaos avant la nuit, la descente est très technique et me fait souffrir et m’inquiète pour la suite. La descente est tellement dur de jour que de nuit j’en parle pas.

Je m’en sors pas trop mal puisque je fais 30 mn de frontale avant d’arriver à Cilaos  (mon genou a tenue, Ouf)

J’arrive à 19h16, km : 88, 659ème place.

Je décide de prendre mon temps pour bien récupérer et essayer de dormir un peu sous les tentes de l’armée mises à disposition pour les coureurs entre-temps Monique m’informe que Christophe a abandonné à Hell Bour ( bravo a lui )

Un bon repas et je repars, je suis pointé à la 624ème place il est 23h13 (même en dormant je gagne des places?)

Le repos m’a fait beaucoup de bien et repart en pleine forme pour l’ascension du col du Taibit  je remonte sur pas mal de coureurs et pointe au pointage intermédiaire au pied du col du Taibit en 569ème position

 

 

En route pour  le cirque de Mafate  ( grandiose )

 GRR03 

L’ascension jusqu’au sommet du col passe comme une lettre à la poste 2180 Alt Objectif :  la traversé du cirque de Mafate  pour rejoindre Deux Bras à 255 m Alt  Km :125 soit près de 2000 m négatif  entrecoupé de durs montées qu’il faut gérer en passant par Trois Roche, Roche Plate, Ilet de Oranger.et rejoindre Deux Bras.

Les descentes sont très traumatisantes pour les cuisses, des marches de plus en plus hautes jusqu’à 50 cm  et encore des marches j’en peux plus, la réception se fait sur la pointe des pieds voir sur le coté elles sont tellement hautes. Le soleil se lève je me sens bien, les paysages sont somptueux, je suis au fond du cirque avec des parois verticales de plus de 1000m au dessus de ma tête c’est magique !

Je reste avec un groupe de Réunionnais qui discutent entre eux, je n’y comprends rien à leur patois. On avance régulièrement sans aucun arrêt.

Je passe  Trois Roches à  2h53, Roche-Plate à 4h25, Ilet des Orangers à 6h02, classement  444ème.

Et rejoins dans le fond de la vallée, Deux Bras, gros ravito beaucoup de monde, gros poste de soins, il est 8h28, 435ème. Je me ravitaille bien, n’y reste que 7 mn, et passe en 407ème position.

 

En route pour  la Redoute (fin du périple) il ne reste que 36 km !!!!!!!!!!!!!

 

C’est parti pour l’avant dernière grosse ascension :  Dos D’Ane.  Il faut gérer, il reste 36 km. 

 

Je me cale derrière un coureur qui gère lui aussi de toute façon le chemin est tellement étroit que tout faux écart est dangereux, des cordes le long de la paroi et des échelles sont là pour nous sécuriser, il ne faut pas avoir le vertige.

J’arrive en haut en pleine forme, une foule comparable à une étape du tour de France est là sur le bord de la route, et oui dans toute la traversée du cirque de Mafate aucune voiture ne peut si rendre.

J’arrive à Dos d’Ane à 10 h 47  km : 130  380ème position.

Une grande descente nous amène à la Possession, 800 m de dénivelé négatif,  1 km de route, 2 de chemin et le reste dans de la roche et des galets et beaucoup de racines en fin de parcours, j’entame la descente assez vite et double plusieurs coureurs et rejoint deux Réunionnais qui prennent le pas. Il faut très chaud. J’avais les jambes pour prendre ce risque et j’arrive à la Possession à 12h23, km : 141, 357ème position.

Et voila le résultat de grosse ampoules sur les deux pieds, je m’arrête plus de 20 mn avec les pieds douloureux. Je ne suis pas le seul !!!

 

Monique et Christophe sont là pour m’encourager, d’ailleurs la photo c’est Monique !!!!!!!! Merci Monique

GRR04 J’aperçois au loin la dernière ascension afin de rejoindre Colorado 20 km et 1200 d+ allez dernier morceau, qui se fera en plein soleil, mes ampoules me font très mal et d’autres arrivent.

 

 

J’attaque ce fameux chemin des Anglais !!!!!

Une ancienne route carrossable de pavés de lave de 50 x 50 dont la régularité laisse à désirer,

 GRR05 

Il fait tellement chaud, que de courir sur ce sol est un calvaire, les pavés sont brulants et dégagent une chaleur qui assomme beaucoup de coureurs. La croix rouge est déjà là pour réhydrater quelques coureurs aussi rouge qu’une tomate.

J’arrive à Colorado à 17 H 01,  km 156,  339ème position.

Il me reste 7 km de descente remplie de racines et de roches qui vont me faire souffrir, mes ampoules me font très mal, je serre les dents et j’aperçois le stade de la Redoute, allez c’est bon enfin, putain que c’est dur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

 

J’arrive à 17 h 58 au bout des 161 km et 9600 de dénivelé dans des paysages de rêve.

 

FINISHER EN 43 H 58    333ème

GRR06 

Grand merci à tous ceux qui m’ont soutenu par SMS ou par tel comme Philippe LG

A mes grand amis Christophe et Monique qui m’ont supporté pendant ces cinq jours.

 

Notre mot de la fin                             plus jamais !!!!!!!!!

Philippe HUGAULT

 

 

 

 

 

 

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *