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Du Perreux à Pise : la chevauchée surréaliste

Du Perreux à Pise : la chevauchée surréaliste

Un marathon cela se prépare… une vérité absolue du coureur à pieds, comme une tour qui penche finit par s’écrouler, celle de l’architecte.

Il doit bien y avoir des endroits où les montres molles dilatent le temps, les gentlemen en chapeau melon sont aussi léger que les nuages, et où courir un marathon est un plaisir avant d’être une contrainte… me suis je dit, par une nuit fébrile, où mes doigts glissèrent sur le site internet d’un marathon, en se disant, cela y est tu ne reculeras plus.

Pour courir 42 km il vaut mieux songer à avancer.

C’est ce à quoi nous songions d’ailleurs ce 16 décembre à 9h.

Avancer. Pour Isa, embarquée pour l’aventure transalpine, le semi, pour une fois à moi le plat de résistance le marathon.

Avancer pour …. se réchauffer d’abord, avec 2° à l’heure de partir et un soleil noyé dans la brume, le maillot trail de l’asphalte semble bien léger.

Avancer, parce que la décharge d’adrénaline commande, titillée par la poudre « magique »  récupérée au Tri de Chantilly, en version anglaise, plein d’électrolytes et caféine. On ne gaspille pas !

Avancer pour suivre le flot de conquérants de l’inutile, courir le plus vite possible pour… revenir au point de départ. Les vrais gagnants ne seraient-ils pas ceux restés sagement aux pieds de la tour ?

C’est parti, avec en prélude une minute avant de franchir la ligne de départ, le temps de souhaiter bonne route à Isa. Et de commencer le slalom sur les trottoirs pour regagner quelques places.

2 km, le temps de réaliser que je n’ai pas enclenché mon chrono (à ma décharge c’est pas mon genre de gadget, chrono ou pas, le temps s’écoule à la même vitesse, c’est une autre loi universelle).

Bon pas grave, il y a les meneurs d’allure. Après le 3ème km, je rattrape les 1h30 au semi. A l’horizon 400 m devant il y a les… 3h au marathon !? Quelque chose m’échappe… Pas grave, le feeling.

5ème, plus d’improvisation, mon premier verre d’eau. Non de glace ! mes intestins déjà barbouillés par la perfide albion (il faut trouver un coupable) en prennent un méchant coup.

Avant le 6ème, j’ai récupéré la nébuleuse d’une centaine de coureurs autours des ballons de 3:00, puis avale le « petit peloton » des 3:00 au 7ème, histoire de faire un brin de route avec un couple d’allemands et une jolie maltaise.

10ème kilo. 2nd verre d’eau. 11ème kilo. Trop mal au ventre. 1er arrêt. La galère commence, et heureusement on est en campagne, on peut s’abriter. Entre-temps le peloton des meneurs d’allure est 300 m devant.

Avant le 15 je recolle au peloton, je rebois un coup et « rebelote » au 17 km. Arrêt… Je repars 400 m derrière le peloton. Au moins j’ai un but, les rattraper de nouveau. A chaque fois je redouble ceux qui ne peuvent suivre le rythme des 3 heures.

18 km. Sympa ! On croise la tête de course qui a entamé le retour et approche du 23km. Un suédois Larson, impressionnant de tonicité, et un kenyan, Kisorio, (pour une fois c’est le Kenya qui a l’air de s’accrocher – il explosera d’ailleurs pas la suite).

Le semi passe – 22 km de retour dans le peloton rétréci à une grosse vingtaine d’unités. 25ème km. Toujours aussi « perturbé ». Dernier arrêt, après cela ira mieux.

Bon, je connais l’histoire 5 km de plus en « chasse patate ». Je redouble une troisième fois certains coureurs, incrédules. Cette fois ci, la mer nous accompagne. La route est droite mais la mer est bleue.

Retour dans le peloton des 3h à l’approche du 30ème. On quitte la mer. Un instant d’hésitation, je vais un peu plus vite que le groupe alors… non sagesse, mieux vaut rester à l’abri. En plus l’organisation pense à tout : c’est « Giorgio », le sosie de Jorge C, mon camarade d’excursion val de marnais, qui règle l’allure. Comme à la maison.

9 km, si courts et si longs en compagnie du petit groupe réduit à 7 unités. Au 39ème, briefing des meneurs d’allure, dans la langue de Dante. Apparemment, il y a une petite marge : on arrivera seuls, les meneurs essayant de rameuter d’autres coureurs pour passer sous les 3h.

La forteresse rouge brique point à l’horizon, annonçant l’entrée en ville, en enjambant une dernière fois l’Arno. Et c’est tant mieux parce que les 2 derniers kilos doivent être plus longs que les autres !

Quand la lumière blanche du marbre toscan éclaire le fond de la rue, c’est que la cour des miracles est là. On se lâche.

Du Perreux à Pise : la chevauchée surréaliste

A l’arrivée, Isa sautille, frétille. Tout s’est bien passé pour elle aussi. 2h58 de chevauchée, plein de souvenirs dans la tête, et 3 secondes, le temps de s’envelopper d’une feuille d’alu à la dernière mode milanaise.

Plus qu’à savourer le séjour étonnant, d’un bathystère qui résonne, d’un cimetière hors norme, d’une tour qui défie la pesanteur, et d’un accent bien chaleureux.

Pour les indécis, 13 bonnes raisons de chevaucher le marathon de Pise :

•              Le bon rapport qualité/prix du marathon, pas encore trop commercial (vous voyez à quoi je pense) ;

•              La rapidité et la modicité relative du coût de transport, l’aéroport de Pise étant desservi par des compagnies low cost, et facilement connecté au centre ville.

•              La disponibilité de logements sympathiques à quelques pas du départ et de l’arrivée (personnellement l’Airbnb a très bien fonctionné)

•              La richesse culturelle de la Toscane, avec à portée de semi, la charmeuse Lucques.

Du Perreux à Pise : la chevauchée surréaliste

•              La disponibilité en ce calendrier de l’Avent sur place de barres énergétiques locales (siennoises) très riches, … le panforte et son cousin le panpepato.

•              La véritable « Pizza pisana » party du samedi soir=, à se concocter soi-même dans un des sympathiques restaurants de la ville ;

•              Les balades romantiques le long de l’Arno, les traileurs acharnés pourront même remonter jusqu’à la mythique Florence, à quelques 80 kilomètres de là !

Du Perreux à Pise : la chevauchée surréaliste

•              La fraîcheur du climat pré-hivernal, qui vous met à l’abri de tout coup de chaleur, avec en prime, la brise marine entre le 25 et le 30ème  kilomètre.

•              Le parcours bucolique qui traverse une réserve naturelle (avec des petits bosquets aux cas où…) sous la belle lumière méditerranéenne ;

•              Les sympathiques meneurs d’allure, à la belle voix éraillée (bravo ragazzi!)

•              La jolie médaille du finisher, illustrée par un de nos plus improbables hôtes « perreuxien » pour cette 20ème , René Magritte (en cadeau une réduction pour l’expo de Magritte à Duchamps) au Palacio azul.

•              Le non moins élégant T shirt, arcimboldisé cette année (n’oubliez pas de manger 10 fruits et légumes par jour !);

•              L’arrivée « mythique » sur le « campo dei miraculii » (avec un nom comme cela si on ne bat pas son record) 

Olivier Catrou

Du Perreux à Pise : la chevauchée surréaliste

Carnets de voyage à Pise

Une fois n'est pas coutume, je prends le relais d'Olivier par la plume, à défaut du témoin de course, lui ayant choisi le 'plat d'endurance' et moi, à l'appétit plus modéré, le plat du jour : le semi-marathon. Ouf ouf : le 4ème d'un année 2018 bien remplie…

Dès l'embarquement, le ton est donné : Les coureurs en partance pour Pise sont reconnaissables à leur look. Et là, dans la file d'attente, cerise sur le panettone, Gérard Delort, un ami de Dodo !!! Et oui, le trublion toujours présent au 30ème km du marathon de Paris, perché sur un tonneau et jouant des cymbales, c'est lui !!! Avec un ami, François, il vient courir le semi-marathon . L'aventure s'annonce cocasse. Pisa, avanti, eccoci qui !!! (Pise en avant, nous voilà).

Dans l’avion, mon voisin se destine à courir le marathon. C’est un habitué des marathons de La Rochelle, Paris ou du fameux ‘Médoc’. Pendant tout le trajet, nous discutons course à pied, entraînement et dépassement de soi. Je suis dans le bain, sans stress et bien curieuse à l’idée de découvrir cette perle toscane. Et quel plaisir de participer à cette aventure pédestre transalpine…

Une fois arrivés, François dont la femme est italienne nous sert de guide.

La magie opère. Le ciel est bleu et pur ; la ville est baignée d’une belle lumière. Pise expose ses façades jaunes et ocres et bat des persiennes vertes, comme une belle battrait des cils. Nombreux sont les coureurs que l’on rencontre ; la ville est en effervescence et un important dispositif de sécurité a été déployé pour l’occasion. Malgré tout, la vie semble s’écouler paisiblement au bord de l’Arno, dans un dédale de ruelles insolites et charmantes, d’où émergent cyclistes et petites Fiat. Même en plein mois de décembre, les restaurants font terrasse. Le sacré et le profane cohabitent… Nombreuses églises, petites places ornées de sapins décorés, marchés de Noël colorés et animés nous rappellent que nous sommes à quelques jours de Noël, alors que palmiers, citronniers et orangers aux fruits malheureusement hors d’atteinte apportent une note ensoleillée et méditerranéenne.

Une belle place est laissée aux commerces de proximité qui ont tendance à disparaitre chez nous… Epiceries, primeurs, boutiques entièrement consacrées à l’hygiène de la maison et de la personne et dans lesquelles vous trouverez… des boites de Légo et des crèches également. Dommage, les santons sont en plastique, made in China. Si si, on a bien cherché, en vain.

1ère mission du matin : récupérer nos dossards. Smartphone en main, avec Olivier, nous rejoignons le village de la course. L’ambiance y est bonne enfant et l’accueil sympathique. Nos précieux sésames et beaux tee-shirts en main, nous flânons au gré des stands et prenons quelques clichés-souvenirs. Nous testons les chaussures HOKA ONE ONE qui selon le slogan de la marque permette de défier les lois de l’apesanteur (Ready to fly). Olivier investit dans des barres magiques, anti coups de barre. L’organisation a pensé à tout : des coupons de réduction pour visiter expositions et monuments nous sont donnés. Un flyer liste également une 10aine de restaurants partenaires offrant une remise de 10% sur l’addition. Il n’y a que l’embarras du choix pour les pizzas ( 2 pleines pages à la carte) ; il faut bien recharger les batteries.

Soirée tranquille et couché tôt après avoir consacré une partie de l’après-midi à quelques visites. Le Baptistère notamment dispose d’une acoustique exceptionnelle. Quelques notes, entonnées par un gardien mélomane, suffisent à vous transporter dans une atmosphère céleste et irréaliste.

Dimanche 16 décembre : c’est le grand jour !!! Lever à 6h30. 2 à 3 degrés dehors brrrrr. Gâteau sport pour moi au petit déjeuner ; panettone pour Olivier qui ne le laisse pas abattre. Départ vers 7h40. Pas de panique, nous sommes à proximité du départ et partons en footing, juste équipés d’un petit sac à dos que nous laisserons à la consigne.

Belle ambiance sur la ligne du départ. La course est à dimension humaine, avec un petit brin de désorganisation qui ajoute à son charme. Il n’y a pas de sas et les départs du marathon et du semi sont communs. Fidèle à mes habitudes, j’ai calculé mes temps de passage, accrochés à mon dossard. Quelques minutes avant le coup de pistolet et avant de rentrer dans notre bulle, quelques petits conseils échangés avec Olivier : « la route est en devers, comme à Nogent, cours sur le milieu. Evite les sacs poubelles et les bouteilles qui jonchent le sol. Et surtout, bois un peu à chaque ravito… ». Des évidences en fait, mais ça rassure toujours un peu …

A 9.00 heures, départ de la course dans une joyeuse cacophonie toute italienne. Meneurs d’allure en ligne de mire. Ca bouscule au portillon, il faut se frayer un chemin. Une minute environ est nécessaire pour franchir le tapis de départ et déclencher le chrono. Après un départ laborieux et zigzagant, 1er km franchi en 4’39’’. Second et 3ème km parcourus au même rythme.

Au 5ème km, je suis dans ma course et je m’accroche. 7ème km, déjà le tiers de la course et environ une minute d’avance sur mon plan de marche. Ne rien lâcher. Au bout de 50 minutes de course, j’entame une gel énergétique. Au ravitaillement, l’ambiance est sympa et les coureurs s’entraident. Soucieux de leurs compères de courses, ils proposent leur bouteille à qui souhaiterait boire un peu plus.

Les kilomètres défilent et vers le 11ème km, je rattrape les meneurs d’allure des 3h. Peu après le 12ème km, nous empruntons un petit chemin étroit et il faut encore jouer des coudes pour ne pas se laisser enfermer. Un peu avant le 13ème km, le peloton se sépare : les marathoniens partent à la conquête de la mer et les semi marathoniens rentrent au bercail. Une longue ligne droite bien venteuse nous permet d’atteindre le 14ème km. J’essaie de m’abriter derrière un grand échalas pour me protéger car le vent n’est pas ma tasse de thé. Petit coup de mou ; il faut se ressaisir car pour l’instant, le chrono est tenu, voire prometteur d’un temps meilleur qu’estimé.

Au 16ème km, j’absorbe le reste de mon gel, histoire de bien gérer la fin de course. Je dépasse quelques féminines. J’en ai 2 autres en lignes de mire mai que je n’arriverai pas à accrocher… dommage.

18eme puis 19ème km, miracle ou mirage, le belle Pise se rapproche. Encore 2 petits km, 5 tours de piste, c’est à ma portée et puis, avec notre maillot de l’Asphalte, on n’est pas venu là pour rigoler !!! J’aperçois une arche blanche. Méfiance, ce n’est pas encore l’arrivée : il faut tourner à droite et viser la ligne d’arrivée, que je franchis en 1h36’04’’. Ouf, contente, un chrono un petit peu meilleur que celui des France, courus fin octobre.

Tout s’est globalement bien déroulé. Je récupère ma médaille, m’empapillotte d’une couverture de survie (je ressemble à un gros bonbon Quality Street !!!) et pars me ravitailler. Les bénévoles, à vos petits soins,  sous servent du thé chaud réconfortant et reconstituant. On a presque envie de venir leur donner un coup de main.

A l’arrivée, le speaker, à la verve toute italienne a un mot gentil pour les arrivants. Bravo, bravissimo, che razza fantastica !!!

A Paris, on m’aurait certainement demandé de ne pas rester à l’arrivée. Ici, je me suis trouvée un p’tite place à l’abri et d’où je peux profiter du spectacle. Le niveau est relevé et nombreuses sont les féminines à terminer en moins de 3 heures : I M P R E S S I O N N A N T !!! Et justement, voici qu’arrive Olivier. Il nous avale cette dernière ligne droite libératrice avec une énergie et un appétit digne d’un gargantua !!! Chapeau (melon à la Magritte) pour ce beau chrono ; médaille bien méritée et quel flair as-tu eu de me proposer de courir ici. Encore merci.

Une fois changés et ravitaillés, nous prenons quelques photos souvenirs. Chercher l'intrus : Subway Man le super héros du fast-food s'invite sur la photo!!!

Il est des lieux hors du temps , emprunts d'une atmosphère particulière, surréaliste et qui vous charment dès les 1ers instants. Pise en fait partie. Et si Paris vaut bien une messe, je puis vous assurer que Pise vaut bien un marathon. Avis aux amateurs.

Isabelle Corneille

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