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1er Ultra Trail : la CCT…euh non la CCC, Cr de Marc Fleureau

1er Ultra TRAIL : LA CCT… Euh non la CCC !

Je commencerai ce CR par mes 1ères impressions après ce WE de fête du trail à Chamonix : Sacré aventure en très bonne compagnie.

Au mois de Septembre 2016, les amis du club de mon meilleur ami lyonnais (Les Crewstach !) décident de s’inscrire à l’UTMB après avoir fini la TDS. Mon ami ayant bâché la TDS, me lance un défi : « Si eux font l’UTMB nous nous faisons la CCC ? »

Pourquoi pas, un peu hésitant au départ car quand même 100km en montagne, une grande inconnue pour ma part. J’avais déjà les points avec la 6000D 2016 et la « Marathon Race » d’Annecy 2015 mais pour assurer le coup j’ai refait la Saintélyon 2016.

Je m’inscris à la CCC sur le site au mois de décembre avec un résultat de tirage au sort en janvier. La bonne nouvelle arrive le 12 janvier 2017 pour moi et mon ami lyonnais Nico. L’aventure démarre et je commence à programmer ma saison pour me préparer au mieux avec le temps imparti entre la vie de famille et le boulot. (Pas toujours simple de tout concilier).

La prépa !

Je me lance dans ma prépa, mais la motivation des mois hivernaux ne sont pas forcément au rendez-vous. J’avais programmé les courses et événements suivants : 42 km de la MaxiCross fin février, le lièvre et la tortue (42 km) début avril, Le 60 km du trail de Sens mi-mai, le WE Asphalte début juin à Valloire et le trail de Mondeville (50km) début juillet. Je voulais positionner une course fin juillet/début aout mais incompatibilité de calendrier entre les vacances et l’anniversaire de mon fils début aout.

Le démarrage de mon programme ne se passe pas du tout comme j’avais prévu. Sur janvier très peu d’entrainement et une demande de repli sur le 24km de la Maxicross que je n’ai même pas fait au final car malade dans la nuit précédant la course. Début avril, fête de famille et je donne mon dossard à Boris sur le lièvre et la tortue. Je bâche mi-mai sur le trail de Sens au bout de 38 km (surement un coup de chaud)… Ce n’est pas tip-top et je ne fais pas trop de km pour le moment  (250 km de CAP et 3900 de D+ et 280 km de vélo et 2000 de D+ à fin mai). Il va falloir passer la seconde !

Je commence bien le mois de juin avec le stage Asphalte à Valloire où je profite un max des parcours repérés par Farid et l’équipe. Gros WE, où j’apprends à mieux connaitre certains membres de l’Asphalte et cumuler des km et du D+ dans la bonne humeur. Au final sur le WE 100 km et 5800 de D+ comme une CCC : Parfait ! Je continue ma prépa et je profite de mes trajets maison-boulot pour faire du vélo, du roller et de la CAP avec des séances de seuil ou fractionné.

Début juillet, je prends le départ du trail de Mondeville que je termine en 5h36 pour 48km et 1000 de D+, plutôt comptant de moi. Après, départ en congés avec la famille du côté d’Argelès sur Mer ou j’essaie de faire quelques sorties sans trop gêner le déroulement des vacances. J’ai pu faire une longue sortie de 32km et 2000 de D+ en 5H45.

Début aout, retour au boulot, et je profite d’un ½ RTT le vendredi pour faire une sortie à Fontainebleau et enchainer avec un peu de vélo. Toujours un peu de trajet maison-boulot à vélo/CAP/roller. Le WE du 15 aout, je profite de la journée de pont où madame travaille et le petit gardé par la nounou pour une sortie longue avec Nico Buck et 30 km de vélo pour décrasser après la course. Ce fut ma dernière grosse sortie avant l’événement après j’ai enchainé 2-3 petits entrainements vélo et CAP.

J’arrive donc pour la CCC avec une préparation plutôt bonne à mon sens ! Avec 660 km de CAP et 16 500 de D+ et 700 km de vélo et 4 000 de D+.

Mon matériel est prêt et la nourriture testée !

La course

Tout d’abord l’avant course ! J’arrive sur Lyon le jeudi 31 matin, puis Nico (mon ami lyonnais) me récupère en voiture pour directement se rendre à Chamonix. Arrivés sur Cham, nous nous rendons au chalet que son club a réservé (il y a 7 autres personnes de la Crewstach® qui font l’UTMB) pour déposer la voiture et une partie de nos affaires car notre logement pour la nuit d’avant course se situe à Courmayeur. En Italie, nous récupérons notre dossard et nous retrouvons Stéphane Hochberg (un futur asphaltien !) pour diner ensemble. Nous passons une super soirée pour essayer de se détendre avant le départ tant attendue de la course. Pour ma part, les 4 précédentes nuits n’ont pas été à la hauteur de mes espérances. La veille de la course, trop stressé, j’ai dormi que 6h… et les 3 autres nuits, mon fils était malade et s’est réveillé à plusieurs reprises… Pas un sommeil idéal mais la motivation est là.

Le temps sur le Mont-Blanc a radicalement changé entre le début de la semaine et le jour du départ. Nous recevons un sms de l’organisation et le parcours est modifié. Nous ne ferons pas le dernier col de la tête au vent et nous passerons directement par la Flégère. Je ne suis pas sûr que nous ayons fait moins de kilomètre avec moins de D+/D-. A vérifier dans les prochains jours la trace réelle du parcours. A mon GPS, je finis à 107 km et 5890 de D+ et 5950 de D-. Stéphane avec Strava, retrouve des choses encore plus déconnantes… où les parcours vont de 98km à 148km… Info Livetrail qui semble la bonne : 100.1km et 6127 de D+ et 6300 de D-.

 

Courmayeur-Tête de la Tronche : 2h50, 1497ème

Départ de Courmayeur lors de la 2ème vague. J’ai dû négocier pour partir avec Nico et Stéphane qui avaient un numéro de dossard entre 4000 et 4999 et moi plus de 5000. Je pense que les sas étaient en référence aux points ITRA (Moi je suis en dessous de 500 points et eux 2 sont au-dessus !). Ca va notre ami organisateur italien nous a laissé passer mais nous étions à l’arrière de cette 2ème vague.

Figure 1- Départ du trio

On ressent toute la tension autour de nous, la plupart des gens sont concentrés et quelques-uns rigolent plus ou moins nerveusement. Le départ est lancé, on se souhaite bonne course.

Figure 2- Beaucoup de coureur devant! Nous étions en fin de 2ème vague

Avec Nico, nous avions décidé de faire la course ensemble et de se soutenir l’un et l’autre en fonction des hauts et des bas de chacun. Stéphane fait les premières foulées avec nous, mais rapidement il prend de l’avance et nous ne le reverrons pas avant l’arrivée pour déjeuner ensemble.

Nous commençons par 3-4 km de bitume avec un faux plat montant, le stress est toujours présent mais il faut se détendre pour avancer sereinement.

Démarrage des sentiers et de la longue montée de la tête de la Tronche, Il y a beaucoup de monde sur les sentiers (2155 partants) malgré le départ en vague. Tout le monde est en file indienne mais ça va pas de gros bouchons.

Figure 3- Montée de la tête de la Tronche

Arrivée au sommet au bout de 2h50, j’en profite pour manger un morceau, resserrer mes chaussures pour amorcer la descente vers Bertone et une petite photo souvenir ! Le temps se maintient on a de la chance avec ces belles éclaircies et il ne fait pas trop froid. Malgré tout, les sensations de course ne sont pas extraordinaires, je ne me sens pas mal mais pas forcément bien non plus.   

                                               Figure 4 – Vue du sommet – On est encore en forme!

Tête de la Tronche – Bertone : 0H42, 1645ème

La descente est amorcée et pas très technique mais je me freine car il y a beaucoup de monde sur les chemins et je n’ai pas envie de me cramer maintenant. Le temps est frais mais agréable. J’essaie de me concentrer sur ma foulée mais je fais l’erreur d’utiliser mes bâtons et je prends une position pas tip top en descente. Mon corps n’est pas très bien positionné par rapport à la pente et cela me vaudra quelques déconvenues sur la suite de l’aventure.

J’arrive à Bertone bien physiquement et je prends le temps de me ravitailler et d’attendre Nico qui n’est pas très loin derrière. Sur ce ravitaillement il ne devait y avoir que de l’eau mais j’ai l’agréable surprise de voir du parmesan, du saucisson et de la viande de grisonJ. Parfait il est 13h, je mange un morceau avant de repartir. Pause de 15 min.

Bertone – Bonatti : 1H25, 1666ème

Je continue ma route tranquillement avec Nico sans trop forcer et en prenant le temps de profiter des paysages. Je regrette qu’en ce début de course il y est vraiment beaucoup de monde sur les chemins. Nous sommes tous les uns après les autres sur les chemins même s’il commence à y avoir des trous entre les groupes de coureurs. Je prends un peu d’avance par rapport à mon binôme de course et me pose un peu plus longuement à Bonatti. Les sensations ne sont pas mauvaises mais elles ne sont pas forcément bonnes. J’arrive pourtant à bien m’hydrater vu que je fais des pauses techniques régulières et je mange aussi régulièrement mais le jus n’est pas là à 100%. Est-ce qu’inconsciemment je m’auto censure ? A Bonatti je vois arriver Nico qui est à peu près dans le même état que moi. Je profite de cette pause pour envoyer un petit sms à madame. Cette liaison était agréable avec une belle vue sur les montagnes et des chemins peu techniques. Je revois un coureur avec qui nous avions discuté dans le bus pour Courmayeur la veille au soir. Il a l’air comptant de sa prestation et en forme. Pour finir je ne sais pas s’il a fini car je n’ai pas noté son nom… 15 bonnes minutes de pause.

Figure 5- Vue sur les montagnes face au refuge Bonatti

Bonatti – Arnouvaz : 1h13, 1814ème

Chemins agréables à parcourir avec de belles éclaircies. Nous avons de la chance le temps se maintient. Beaucoup de petits faux plats montants, de petites descentes et montées et une plus grosse descente sur la fin. Je perds, a priori beaucoup de places, mais je ne m’en rends pas compte. Je n’ai pas l’impression de me faire doubler mais comme je prends le temps sur les ravitos peut-être que certains coureurs ont shunté Bonatti…

Les chemins sont vraiment sympas, vue sur la vallée avec un ciel ennuagé mais encore très clair. La descente vers Arnouvaz s’amorce. Je me freine encore beaucoup dans cette descente et je sens qu’une douleur commence à apparaitre au TFL de mon genou droit. Rien de grave pour le moment mais une sensibilité dans cette zone. La descente est malgré tout agréable et nous sommes accueillis en bas par de nombreux supporters. A Arnouvaz, je prends le temps de bien manger (soupe + petit sandwich jambon fromage) et de me ravitailler (je remplie mes flasques : eau + coca pour une et produit énergétique pour l’autre). Je m’occupe de changer de chaussettes + crème Nok sur les orteils et les talons et décide de mettre ma veste de pluie pour attaquer la montée vers le grand col Ferret. Nico arrive un peu après moi au ravito mais est beaucoup plus rapide pour se ravitailler. Il repart avant et me dit : « je monte tranquille et tu me rattrapes ». 30 min de pause. Je pense que je reperds pas mal de place à ce moment-là.

Arnouvaz-Grand Col Ferret : 1h40, 1807ème

J’attaque la montée annoncée comme difficile, bien décidé à rattraper Nico. Je repars du ravito, encouragé par des personnes de l’organisation et d’autres personnes. Ça fait toujours chaud au cœur d’avoir des encouragements. Avant d’attaquer, une petite pause technique.

Je monte tranquillement et en rythme en poussant gentiment sur mes bâtons. Je double quelques personnes et ça motive. Les chemins sont vraiment sympas et le paysage est magnifique. Je vois la fin des glaciers de l’autre côté de la vallée et nous passons le long d’un cours d’eau. C’est très joli. Dommage que sur les hauteurs, les nuages font leurs apparitions. Je rattrape Nico à mi- montée à peu près. Il a l’air bien mais pas simple quand même de monter. Elle est très raide avec de nombreux lacets.

Sur la fin de la montée, les nuages sont bien présents et on sent tout de suite que les températures changent avec un taux d’humidité qui monte en flèche. Je continue de doubler plusieurs coureurs. J’arrive au sommet avec de bonnes sensations, l’humidité ambiante m’a redonné un petit coup de fouet. Les personnes de l’organisation nous indiquent qu’il ne faut surtout pas s’attarder ici vu les conditions. Je décide de ne pas attendre Nico et de partir tout de suite en direction de La Fouly.

 

Figure 6- Vue sur la vallée en montant vers le Grand Col Ferret

Grand Col Ferret-La Fouly : 1h28, 1777ème

La descente est agréable et je retrouve des chemins similaires à ce que j’avais vu lors du stage avec l’asphalte au niveau du refuge des Aiguilles d’Arves à Valloire. Des chemins pentus mais pas trop qui permettent de dérouler tranquillement. Je reçois un sms de mon oncle qui m’indique que cette partie est roulante et qu’il faut se faire plaisir. Assez prudent dans ma descente, je ne me laisse quand même pas trop aller à des excentricités car le chemin, avant la ligne d’arrivée, est encore long et ce n’est pas le moment de griller trop de cartouches. Je fais un stop après 100-150 de D- pour mettre un bonnet et des gants plus chaud car les températures sont très fraiches. L’humidité s’installe un peu partout sur moi.

Figure 7- On a la tête dans les nuages!

Arrivée à La Fouly, je suis bien et je prends bien le temps de me ravitailler, de mettre mes pieds à l’air et de les crémer. Je parle avec un Suisse et un Belge mais qui ne parlent pas un mot de français. Mon anglais est vraiment rouillé… Faut dire que ça n’a jamais été mon point fort ! Nico arrive 10 petites minutes après moi.

Nico part remplir ses flasques et m’interpelle sous le chapiteau et me dit : « Vite regarde l’écran ! ». Grosse surprise ma femme et mon fils m’avait laissé un message vidéo et il s’est déclenché quand j’ai été bipé à l’entrée du ravito. Trop fort l’UTMB, ils ont vraiment des moyens. Et après le message de ma femme, il y avait un message de ma belle-sœur et de mes petites nièces pour m’encourager. Ca fait chaud au cœur et ça me remotive pour la suite de l’aventure. Je prends le temps d’appeler ma femme pour la remercier et envoyer un sms à ma belle-sœur. Je fais 45 min de pause.

La Fouly – Praz De Fort – Champex Lac : 2H13 – 1780ème

L’orga nous impose de repartir avec la frontale car effectivement la nuit va tomber assez vite. On décide avec Nico de rester en tenue de jour. Le temps est mitigé et se maintient mais l’humidité est bien présente et sur ce parcours nous avons de temps en temps de la pluie fine jusqu’en bas de vallée à Praz de fort.

L’orga a dû modifier le parcours à cause des intempéries et nous devons enchainer une portion de route au profil descendant jusque Praz de Fort. Cette partie est clairement la plus pourrie du parcours. On en profite pour trottiner gentiment et discuter entre nous. D’autres coureurs nous rejoignent et on discute tranquillement de la course. On arrive enfin en bas de la vallée avant de remonter vers Champex. Cette descente était vraiment d’un ennui profond et un peu casse pattes avec le bitume.

Le temps se maintient mais lors de l’amorce vers la montée de Champex, le temps change et la pluie commence à tomber beaucoup plus fort, ce n’est pas diluvien mais ça mouille bien quand même. Je suis pressé d’arriver à Champex car le froid commence à se faire sentir et la lassitude après la portion de route aussi. J’ai dit à ma femme que je la rappellerai en arrivant à Champex en espérant que mon fils ne soit pas encore couché. Ce ne fut pas le cas, j’ai été trop lent…

La montée passe dans un sous-bois et les chemins doivent être sympathiques quand il ne pleut pas ! L’arrivée à ce ravito est enfin là, j’arrive un petit ¼ d’heure avant Nico et je prends tout de suite de quoi me restaurer. Le ravito est royal, il y a de la soupe des pâtes et du sucré en tout genre (compote, fruits, barre de céréales,…).

Nous nous changeons car il commence à faire bien froid. Nous passons en tenue de pluie et on se couvre pour la nuit. Je suis le conseil de Thierry L. reçu par sms. Pour ma part ce sera pour le bas un changement de chaussettes une nouvelle fois, un collant et le pantalon de pluie et pour le haut un maillot manches courtes seconde peau, un maillot manche longue (celui obligatoire dans la liste) et ma veste de pluie. Pour les extrémités, gants chauds + gants imperméables (gants en nitrile type chirurgien très légers et efficaces) et bonnet sur la tête.

Un petit coup de fil à ma femme avant de repartir pour la nuit. La pause fut plutôt longue vue que je suis resté à Champex pendant 1h22. J’ai vu beaucoup de gens arrêter à ce stade de la course. Je pense que la reprise dans le froid de la nuit ne les a pas motivés.

Champex-La Giète : 3H03- 1823ème

C’est reparti pour un tour, nous nous mettons en route pour La Giète mais il faut d’abord passer par le Plan de l’Au, un petit passage très roulant et très boueux avec 80 de D+ et 210 de D- puis après la fameuse montée de Bovines. Nico Buck m’avait dit qu’elle était mortelle et que c’est sûrement la plus dure. Quand on regarde le profil de cette montée elle n’a pas l’air bien méchante ! En tout cas, pas plus que les autres ! Nico me rassure en me disant l’avoir fait en reco et qu’elle se montait bien.

Je monte tranquillement  et j’arrive à un col, en tout cas c’est ce que je pense, mais non ! Cette montée continue avec une pente plus douce mais qui semble interminable… en plus le terrain est gras et le plaisir n’est pas trop au rendez-vous. Je finis quand même par arriver en haut ! Pour basculer de l’autre côté on passe par un passage de vaches et on entame la descente vers la Giète. Je profite de mon avance sur Nico pour me poser pour refaire complètement mon lacet de ma chaussure gauche car je commence à avoir mal sur le dessus du pied. Je pense que le serrage a été excessif…

Je commence la descente et le terrain et très gras et ce n’est pas du tout agréable. Par contre je double quelques personnes car le terrain est glissant et elles ne sont pas du tout rassurées. Moi j’ai appliqué le conseil de mon oncle : mettre une 2ème frontale à la taille pour éclairer les pieds et celle de la tête pour regarder au loin ! Et effectivement c’est très efficace !! Cela me permet d’avoir une bonne visibilité on se croirait à Versailles.

J’arrive à La Giète et je me pose sur un banc de l’étable, le visage de la plupart des coureurs est marquée à ce stade de la course. Malgré tout,  je ne me sens pas trop mal à part que j’ai très mal descendu en utilisant mes bâtons et la douleur de mon fascia lata droit a augmenté… Pas cool. Je me repose un peu à La Giète en attendant Nico et j’en profite pour boire tranquillement et faire quelques assouplissements. Au passage je discute avec un gars, Pascal, qui n’est pas très bien et qui va descendre sur Trient pour arrêter. Il me dit que la montée de Catogne est mortelle et que celle de la Flégère n’est pas mal non plus. Il ne se sent pas de faire la suite. Nico arrive un petit 1/4H après moi. Il a du mal à descendre et sa frontale principale n’a plus de pile. On repart pour ne pas avoir de problèmes de barrière horaire vers Trient.

La Giète-Trient : 1h17- 1797ème

Je repars pour la descente vers Trient, le terrain est toujours aussi boueux et glissant. Je me dépêche pour prendre un peu d’avance sur Nico pour me faire soigner le TFL droit. J’ai aussi une petite tendinite rotulienne sur le genou gauche qui réapparait mais rien de grave celle-ci ne me dérange pas.

Je suis concentré sur ma descente et je replie mes bâtons pour ne pas être gêné. La descente se fait à un rythme correct mais je sens quand même que je ne suis plus tout frais et qu’il faut être vigilent sur les appuis. Ca ne manque pas, je glisse sur une grosse pierre et je tombe sur mon coude et ma main gauche. Rien de grave sauf une petite douleur sur le côté de la main en plus de la douleur avec la sangle du bâton. Quand je pousse sur mes bâtons le côté de ma paume de main est douloureux avec l’appui de la sangle. Je change de technique d’appui de mes bâtons jusqu’à la fin de la course et donc je n’utilise plus les sangles. J’arrive enfin à Trient et il y a une horde de supporters qui crie le prénom « Pascal ». Je n’en fais pas plus cas et me dirige vers le ravito. Le moral n’est pas au plus haut et j’ai mal à mon genou. Je ne prends rien et demande où est l’infirmerie. Manque de bol elle est à l’entrée de la zone à une centaine de mètre des tentes du ravito. J’arrive dans la zone et on me demande si je veux abandonner. Je dis que je souhaite uniquement me faire soigner pour le moment. Je suis pris en charge par une kiné avec laquelle je rigole bien et cela permet de m’allonger un peu et de me reposer. Elle me bloque la cheville avec du strap ainsi que la cuisse et me met de la bande type « kinesio » pour essayer de maintenir le fascia lata dans une position moins douloureuse.

Figure 8-Strap pour le TFL

 Nico arrive un petit 25 min après moi et essaie de m’appeler pour savoir si je suis déjà reparti car on est juste en termes de timing. Je me dépêche de me rhabiller pour aller à sa rencontre et me ravitailler rapidement avant de repartir maintenant que j’ai une jambe « bionique » 😉

Nico ne se sent pas bien et il a failli chuter à plusieurs reprises dans la descente. Il ne se sent pas de repartir et décide d’abandonner. Je repars donc seul de Trient à 5 min de la barrière horaire en me disant que je tente Vallorcine maintenant que je suis réparé et que c’est dommage d’abandonner car c’est mon objectif de l’année et que j’ai embêté mon entourage pour faire mes entrainements. La pause fut de 46 min. Et non Thierry je n’ai pas campé mais je me suis quand même allongé sur un lit de camp pour me faire soigner ;-).

Trient- Les Tseppes (un peu avant Catogne): 1H08, 1752ème

Je repars conquérant de ce ravito et je me dis que c’est bientôt la fin ! Je mets de la musique que j’avais prévue au cas où je me retrouvais seul. La montée vers Catogne est très raide et je vois les lampes frontales tout en haut. Ça ne va pas être simple ! Au début, je suis seul et j’arrive vite sur un coureur, puis un autre, puis encore un autre et je tombe sur un coureur qui a bon rythme et je le suis. C’est un coureur chinois et il avance bien. On avance ensemble et on remonte plusieurs personnes. A ce stade de la course ça fait du bien au moral de doubler, je croise plusieurs coureurs assis sur des rochers à reprendre leurs souffles ou faire des pauses car ils sont fatigués.

Pour ma part, ça va plutôt bien je suis dans ma bulle et je monte au train. Mon acolyte perd pied et s’arrête, donc je continue seul mon ascension. Je vois une tente de l’organisation, je me dis : « cool, déjà la fin de la montée ! ». En fait non c’était un leurre ! Je viens d’arriver au Tseppes, il reste 150 m de D+ avec des pentes plus ou moins pentues pour passer Catogne.

Les Tseppes – Vallorcine : 1H28, 1700ème

Je continue la montée vers Catogne mais je suis un peu perdu car je ne sais pas trop ou j’en suis dans la course. Pour moi, le check point était à Catogne mais en fait c’était les Tseppes…

J’arrive enfin en haut et bascule sur l’autre versant, je continue de remonter du monde. La descente s’amorce et je prends du plaisir à bien descendre. Je n’utilise plus mes bâtons qui me gênent plus qu’autre chose dans les descentes. Je redouble du monde. Je me concentre sur ma foulée pour ne pas forcer sur mon genou. Je suis content de moi et j’espère arriver avant la barrière horaire à Vallorcine qui est à 7h15.

Dans la descente je re croise Pascal, qui pour finir n’a pas abandonné. Le comité d’accueil de Trient qui scandait le prénom « Pascal » était en fait pour lui et ça l’a rebooster pour repartir. Je le double dans la descente et reprend plusieurs personnes. J’arrive à Vallorcine à 6h30 ! Super, contrat rempli, je vais pouvoir me poser un peu plus longuement et me ravitailler. J’ai une grosse envie de croissant et de pain au chocolat et j’en rigole avec les bénévoles de l’orga. Malheureusement, ils n’ont pas ça en stock ! Ce sera une soupe avec des tucs et des morceaux d’orange. J’en profite aussi pour changer une dernière fois de chaussettes, me crémer les pieds et refaire le plein de mes flasques. Je fais une pause d’un petit 35 min et repars de Vallorcine à 10 min de la barrière horaire. Objectif la Flégère avant 10H15

Vallorcine – Le col des Montets : 0H55, 1673ème

 Je repars bien décidé, avec en tête l’arrivée, je parle avec un gars qui a l’air bien mais qui a des petits soucis de bâtons. Il en cassé un et l’autre est plié… Il n’avance pas très vite et on se souhaite une bonne fin de course. A ce stade je pense que tout le monde pense être finisher. Les pistes sont larges et assez roulantes avec un profil légèrement montant. Mais d’autres surprises nous attendent et ce n’est pas gagné. Je fais une petite pause technique et j’avance en enchainant petits trots et marche rapide. J’arrive à une portion de route et là j’ai un gros coup de barre. Je m’endors en marchant malgré l’écoute de la musique. Par chance je croise une bénévole à un carrefour qui demande à tous les coureurs s’ils vont bien et le fait d’avoir discuté avec elle me réveil.

Cette portion est plutôt ennuyante et je ne suis pas trop dedans, j’avance uniquement en pensant à l’arrivée et je décide d’appeler ma femme pour reprendre un peu d’énergie mais elle ne répond pas.

Le col des Montets – La Flégère : 1H48, 1601ème

J’arrive à un check point avant d’entamer la montée vers la Flégère. D’ailleurs je ne me rappelais pas qu’il y avait un check mais pourquoi pas je me laisse glisser. J’attaque la montée et ma femme me rappelle, on discute un peu et ça me fait un bien fou. Je lui dis que je serais normalement finisher. A priori mon arrivée est annoncée à 11H50 sur Chamonix. Je me dis : « ça va être chaud pour les barrières horaires ! ». Je reprends mon souffle et c’est reparti je monte au train et re double pas mal de personne. Je recroise Pascal qui a du faire un stop plus cours que le mien à Vallorcine. Je discute et monte un peu avec lui et continue mon chemin car il va moins vite que moi. Les chemins sont plutôt caillouteux avec de bonnes marches à monter mais ça va le moral est là et je monte sans trop de difficultés. J’entends dans les discussions de coureur qu’il y a une descente intermédiaire et qu’elle nous fait descendre plutôt bas. Ah mince moi qui pensais que c’était la dernière grosse montée. Effectivement, j’arrive à un point haut intermédiaire pour mieux redescendre. La descente est plutôt très technique avec beaucoup de pierres et racines glissantes. Je replie mes bâtons et je double pas mal de personne. J’aimerais bien voir comment les élites descendent dans ce genre d’environnement. Est-ce qu’ils arrivent à descendre pleine balle en rebondissant de pierre en pierre ? Je me concentre sur ce que je fais pour éviter de me blesser et de finir sur une civière au lieu d’être finisher.

Enfin en bas, c’est reparti pour une montée et là je vois un panneau de randonnée : La Flégère 1H40. Et là je me dis c’est vraiment chaud pour les barrières horaires pour moi. J’avance en essayant de me dépêcher, la pression de la barrière horaire agit sur moi comme une motivation. Je retombe sur un autre panneau indiquant la même destination mais à 1h30. Je me suis dit mince : je ne vais pas plus vite qu’un randonneur. J’avais le sentiment que 10min s’étaient déjà écoulées. Je continue la montée je rattrape toujours un peu de monde et c’est extrêmement motivant. Par contre, elle est longue cette montée… je n’en vois pas la fin. D’un coup, je vois un bout de câble de  télésiège et je me dis ça y est c’est enfin fini pour la montée voilà le télésiège de La Flégère. Eh bien non ! On en finit juste avec le chemin en single et on tombe sur une piste de ski très large et la montée est encore longue. Je continue dans mon effort et arrive enfin à la Flégère à 9h48. Ca va j’ai de l’avance sur la barrière horaire qui n’est pas de 10h15 mais de 10h45. Je remplie mes flasques et fait une petite pause de 5-10min pour manger 3-4 figues séchées.

La Flégère – Chamonix : 0H57, 1471ème

La dernière ! C’est la dernière ligne droite pour être finisher et clôturer cette belle aventure. La toute 1ère partie est une descente sur une piste de ski vraiment désagréable et assez pentue. Il faut vraiment que j’apprenne à descendre de manière fluide sur les pentes raides…

Après je tombe sur un chemin type single avec des pierres et des racines mais cette portion est technique mais pas trop, elle me permet de courir et de prendre du plaisir. Elle me fait vraiment penser à la dernière descente de la « Marathon Race » entre le mont Baron et Annecy. La pente n’est pas trop abrupte et les racines et les pierres sont assez espacées pour se positionner correctement. Je double beaucoup de monde sur cette portion et je me fais vraiment plaisir à descendre. J’ai la banane tout le long de la descente. Je saute sur les pierres et les racines quelle bonheur ! Je me paie même le luxe de faire des pointes à 4,30min/km après 95km de course ;-).

La fin de la descente est plus roulante et plus pentue, je croise beaucoup de randonneurs qui applaudissent les coureurs et nous encouragent !! J’arrive sur Chamonix dans les petites rues dans les hauteurs et je continue de doubler du monde. L’arrivée est pleine de sensations, le public en nombre applaudit et m’encourage en m’appelant par mon prénom. Je me prends limite pour un coureur élite.

J’arrive devant l’arche et les gens font un bruit monstre entre les applaudissements, les cris et les coups sur les panneaux publicitaires de l’arrivée.  Je fais une petite révérence et lève les bras au ciel. J’ai réussi et je suis finisher. J’arrive à 10H45 soit 25H30 de rando-course (dont 4H45 de pauses). Je suis même interviewé par le speaker en me demandant si ça s’est bien passé. En rigolant je lui indique que ce n’était pas assez long et il me dit que je suis prêt pour l’UTMB. Euh non non ! C’était une blague, ce n’est pas du tout dans les projets des années à venir.

Figure 9- Arrivée

 

Bilan

Cette course aura été une belle aventure, basée sur un challenge entre amis. Les sensations dans sa globalité ont été plutôt bonnes et je n’ai jamais poussé la machine à bout, toujours un peu dans la retenue et le contrôle. Je suis content d’avoir pu la partager avec Nico sur les ¾ du parcours.

Je finis fatigué mais sans trop de dommages au niveau du corps. Juste une tendinite au TFL droit (Pas très prononcé), le réveil de ma tendinite rotulienne gauche (Pas trop prononcé non plus) et des douleurs sur les releveurs des 2 pieds (Je pense que j’ai trop serré mes chaussures par peur des frottements et ongles noirs). Au moment où j’écris ce CR la récup se passe plutôt bien, j’ai fait 2-3 massages au baume Saint Bernard pour les muscles et les blessures tendineuses. Mais de manière générale ça va bien. Beaucoup de courbatures le lendemain et le sur lendemain de la course sur l’ensemble des jambes et des pieds mais aussi sur les trapèzes et aussi sur le côté sous les bras (sûrement dû au sac et à la manipulation des bâtons). Je suis super content de n’avoir eu aucune ampoules. Ma stratégie de changement de chaussettes avec de la crème Nok uniquement sur les orteils aura été payante. De plus, j’avais préparé mes pieds avec un produit tannant et la crème nok 3-4 semaines avant la course. En tout cas, une vraie victoire pour mes pieds !

Je récupère ma veste finisher qui est très jolie cette année, je vais pouvoir parader comme beaucoup de gens à Chamonix. 😉 Avec Nico je récupère mon sac et on retourne à pied au chalet réservé par son club : la punition encore un peu de distance et de D+ (le chalet est sur les hauteurs de Chamonix).

Je prends ma douche et on décide de redescendre pour aller voir l’arrivée de l’UTMB. François D’HAENE est devant et il met tout le monde d’accord. Je suis un peu chauvin mais je suis content que ce soit un français ! Trop de tapage sur le prodige américain et l’ultra terrestre Kilian Jornet.

On retrouve Stéphane qui est frais et prêt à repartir sur Paris, il a pu dormir 3 h et replier ces affaires. Ca y est nous voyons arriver François d’HAENE, il va vite et il a le sourire. Il est impressionnant, il est très grand et élancé. Puis on attend aussi le passage de Kilian avant d’aller manger et reprendre des forces (une bonne grosse pizza m’attend). Une fois le repas terminé nous repartons sur Lyon chez Nico et buvons l’apéro pour fêter cette belle aventure.

 

Marc Fleureau

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