
X-alpine : le 100 miles le plus exigeant du circuit ?
Par Nico B.

En tout cas, c’est ce qu’indique le site internet de la course. En même temps, 140 km
et 9300 m D+, c’est un peu comme 200 fois le V de Gravelle. Sur suggestion de
Farid l’an dernier, un groupe se forme pour le Verbier Marathon, la X-traversée et la
X-Alpine, toutes très exigeantes, des vrais défis pour s’entrainer ! Nous sommes 2
sur la X-Alpine avec Guillaume, pas top rassurés quand même.

Départ 22h vendredi pour une arrivée prévue dimanche matin entre 6h et 12h… si tout va bien. Il y aura eu 53% de finishers cette année alors même que le temps était idéal.
Donc c’est parti à 22h sous les encouragements des copains de l’asphalte, un peu stressé et excité en même temps, vu que c’est mon seul très gros challenge de l’année. Départ facile avec les jambes ultra légères, l’entrainement s’est arrêté une semaine plus tôt. Mais attention à rester en mode « balade » pour ne pas se griller.
Première montée à Savoleyres facile, c’est joli avec les chapelets de frontales dans la nuit, 1200 D+ c’est déjà une partie qu’on met derrière soi et surtout l’objectif est de se mettre un peu à l’aise avec les barrières horaires au cas où. Grosse descente ensuite de 1800 D- ! C’est là qu’on voit que ça va être exigeant parce que ce sont des gros morceaux à chaque fois. Arrivée très rapide à Sembrancher : les premiers 30 km trop rapides parce que j’ai déjà mal aux jambes et j’ai presque 2h d’avance sur la barrière horaire ☹. Pas très bien géré tout ça… la seule manière de s’en sortir c’est de marcher pour récupérer.
Guillaume, lui, a l’air bien, il me prend 10 – 15 minutes à chaque ravito, je regarde sur l’appli, ça a l’air de bien se passer.
La montée d’après jusqu’à Orny (point culminant à 2816m) fait 1200 D+ ! coupée en 2 avec le ravito de Champex. Vu la difficulté, je fais des pauses de 15 – 20 minutes aux ravitos pour manger et digérer un peu. On pourrait faire tout un article sur l’alimentation, mais pour moi l’idée c’est de manger le plus possible ce qu’on arrive à digérer, a minima toutes les heures, sous peine de ne plus être capable d’avancer (c’est ce que j’ai retenu du Queyras) en mixant sucre rapide et lent, et tout en buvant aussi suffisamment sous peine de déclencher tendinites (au moins 10-12L sur cette course, sûrement plus, pas compté).
Bref, je ralentis pour essayer d’arriver pas trop entamé à Orny en ayant fait 1/3 des km et plus d’1/3 du D+. Objectif raté, parce que la tendinite se pointe sur l’extérieur du genou gauche, or le premier tiers est censé être le plus facile dans une course.
Descente suivante : 1600 D-. J’essaie d’y aller tranquille, de toutes les manières, c’est raide. Et c’est le petit matin, et ça fait du bien d’enlever la frontale et de voir enfin les paysages incroyables ! Je vais pouvoir prendre le temps de faire des photos. Remontée à la Fouly, je marche tranquille et le moral est pas terrible, je sens que je n’ai pas la ressource pour aller au bout. La Fouly c’est 2/5 de la course, ça ne m’arrive pas souvent mais je me mets en mode « un ravito après l’autre ». Arrivée à la Fouly et là je décide de me poser plus longtemps. Surpris de voir que j’ai 3h d’avance sur la barrière horaire ! Effectivement, elles se détendent un peu au fur et à mesure, ouf ! Le temps superbe aide bien pour le moral.
Arrivée à midi au col fenêtre, mi-course dépassée, mais je suis bien fatigué. Probabilité d’abandon 80%. Je commence à revoir Guillaume aux ravitos, mauvais signe, problème au genou, il va devoir abandonner, vraiment dommage.
Passage au Grand St Bernard, puis très longue descente à Bourg St Pierre (3h), longue montée à Mille (3h20) : avec la chaleur de l’après-midi, la montée est interminable et j’ai vraiment du mal à avancer, même en mangeant, je sens que c’est la fin. Je me mets dans les pas d’un type sympa, et ça aide beaucoup de papoter. Au col Mille, les 100 km sont franchis, je verrai bien à Brunet dans quel état je suis. A partir de maintenant, aux ravitos je vais fermer les yeux 2 minutes, mais pas possible de dormir sinon trop dur de repartir, même si j’ai 4h30 d’avance sur la barrière horaire.
A partir de là il fait plus frais. Il reste encore 2200 D+ pour finir, ça me parait énorme. D’ailleurs, je suis au ralenti dans le col des avouillons. Avec la nuit, j’ai impression que ça ne va jamais se terminer. Au col, le type de l’orga (qui devait peut-être bipper les dossards) ronfle comme un bienheureux, impossible de le réveiller, je ne reste pas vu que je me les gèle. Descente à la passerelle de Corbassière : franchement je n’ai pas le vertige, mais passer en pleine nuit sur des grilles métalliques avec la rivière en bas qui semble à des centaines de mètres, c’est impressionnant, d’autant que le type devant moi a l’air de la faire tanguer exprès. Etrangement, je dois avoir récupéré par magie parce que la montée raide à la cabane Panessière se passe très bien. Je teste les wc chimiques apportés par hélico (faut bien que ça serve).
Descente interminable à Lourtier de 1300 D-, avec le manque de discernement on met au moins 10 minutes avec une anglaise à trouver le chemin. Dans cette deuxième nuit sans sommeil, les hallucinations commencent, c’est rigolo ! Moment sympathique en longeant quelques kilomètres un petit canal, avec du vide de l’autre côté. A Lourtier, enfin, il fait jour, ça fait du bien ! Sauf qu’il reste à attaquer la montée la plus dure, 1200 D+ avec une pente assez raide : le « mur ». Je n’ai pas envie de m’arrêter sinon, difficile de repartir, et je ne sais pas si je pourrais dormir seulement 30’ ou 1h.
La bonne surprise quand j’arrive à Lourtier, c’est un copain que je me suis fait pendant la course qui m’accueille ne me disant : « Salut Nicolas ! comment ça va ? On repart ensemble ? ». J’ai pris un café et on est reparti tranquillement (lui avait pris une douche, dormi 30’ et s’était fait masser par sa copine…). Je me suis mis dans ses pas, et parfois lui dans les miens. Quand j’ai vu que l’on montait pas trop mal, là j’y ai vraiment cru ! La montée n’en finissait pas mais il faisait beau, à un moment j’ai déconnecté et à force de papoter je me suis vraiment cru en balade off.
La redescente vers Verbier s’est faite tranquillement, avec quand même les participants du 28 km qui nous doublaient : eux étaient à fond ! A Verbier, c’est vraiment le bonheur de voir les copains de l’Asphalte à l’arrivée ! Et de prendre une
douche.
Arrivée en 37h, 5h d’avance sur le temps limite. 53% de finishers seulement : c’est vrai que c’était compliqué de voir à chaque ravito les gens en vrac dont on lisait la déception sur le visage, ça fait mal au cœur.
Bref, pour moi, c’était plus une épreuve de volonté ou de mental qu’une épreuve sportive, et avec des panoramas vraiment grandioses. J’y retournerais bien, mais pour un format plus court !
Une pensée pour Guillaume qui aurait dû faire un super temps ! Et merci à Michel de nous avoir conduit aller et retour !
X-Traversée
Par Alice B.
Il y a 4 ans, je découvrais le trail de montagne à Verbier sur le format marathon avec Morena, accompagnée des amis de l’Asphalte. Gros coup de cœur : depuis, j’ai refait un maratrail chaque année !
Cette fois-ci, nouveau défi avec Jules : la X-Traversée — 77 km, 5300 D+, notre plus grosse distance à ce jour !
Nous devions aussi courir avec Anne, mais une blessure l’a stoppée avant le départ. Elle était dans nos pensées.
Après une bonne préparation, notre objectif était simple : finir, et si possible sans trop souffrir. Et on l’a fait !
On avait de bonnes jambes, une bonne gestion — mais on a peut-être un peu trop traîné aux ravitos.
Les paysages étaient grandioses, techniques, alpins, sauvages : du pur trail de montagne.
Jules termine en 15h13, moi en 17h24, en forme et fiers à l’arrivée.
Et maintenant… il nous ne reste que la X-Alpine.. affaire à suivre, mais place au repos avant tout !


Marathon de Verbier – Les Asphaltiens au cœur des Alpes suisses !
Par Alex L.

Samedi 6 juillet, après un bon petit déjeuner et un tour de télécabines, nous nous retrouvons sous le soleil Suisse à 1680m d’altitude pour le Marathon de Verbier, une épreuve de l’UTMB Word Série. Derniers conseils et encouragements entre nous, puis départ par vagues selon nos classements entre 8h45 et 9h30. Manu, Farid et Hervé emboîtent le pas, suivi de Lino, Philippe, Michel et Alexandre au milieu de 1600 trailers.
A travers les pistes de ski enherbés puis d’une forêt d’épicéas, nous entrons directement dans le dur avec 12 km d’ascension et 1600 de D+ pour atteindre le mont Rogneux à 3084m d’altitude. Les 200 derniers mètres de grimpette se font sur une crête étroite, en file indienne à un rythme plus lent, ce qui permet à chaque coureur de récupérer et souffler.
La météo radieuse mais caniculaire commence à corser nos efforts, nous redescendons à 2260m d’altitude avant de rejoindre un passage vertigineux sur la passerelle de Corbassière, longue de 200m et suspendue à 70 mètres au-dessus du vide et, offrant un panorama à couper le souffle sur un immense glacier. Après 2 montées successives et abruptes à travers de pierriers instables, nous rejoignons la cabane de Panossière où le deuxième ravitaillement est le bienvenu après 22km d’efforts intenses et 2270m de D+. Nous faisons le plein des gourdes, engloutissons les boissons et barres énergétiques, les fruits secs, le fromage, la charcuterie, le chocolat. Nous nous encourageons mutuellement entre coureurs avant d’attaquer une descente de 12km et 1795 de D- dans des chemins étroits et techniques au milieu des troupeaux de moutons.
Sous un soleil de plomb, les courbatures se font sentir et cette descente devient une épreuve plus traumatisante que les 22 premiers kilomètres de montée. Le dernier ravitaillement dans le village de Lourtier à 840m d’altitude est le bienvenu, les visages des concurrents montrent des signes de fatigue et la chaleur semble avoir laissé des traces sur les nombreux trailers en pause, assis voire allongées.
Le mental est lui encore présent pour nous pousser à courir le long d’un torrent agité pendant 5km et rejoindre Verbier avec une dernière montée de 4km et 700m de D+.
De nombreux coureurs sont victimes de crampes et déshydratation, plus particulièrement Manu, qui malgré une défaillance, viendra à bout de cette dernière ascension après plus de 3 heures d’effort , BRAVO Manu pour ton courage et ta ténacité !
Cette aventure humaine et sportive inoubliable, ce dépassement de nous-même et cette communion avec la montagne resteront gravés à jamais … dans les jambes de nos Asphaltiens, Bravo !
Magnifiques photos et superbes récits 👍 🤩Encore bravo pour vos performances 💪🏆 et bonne récup 🙏🛌
Bravo les Potes
Un plaisir de vous lire
Merci aux rédacteurs pour vos textes qui me font rêver, moi qui n’ose pas me lancer ! Merci aux photographes qui mettent en avant ces belles montagnes. Et bravo à vous tous, qui avaient pris le départ de ces 3 courses.
Bravo🎊 quelles aventures💪🏽 vous avez vecus. Merci pour ce partage. Bonne récupération 👍🏽