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Marathon de Berlin 2019, mon retour sur la distance

Mon dernier marathon remontait à 5 ans. Un marathon parfait réalisé avec une préparation au Top et sans blessure. Le premier marathon où le fameux mur connu de bcp de coureurs n’était pas apparu. Après 7 marathons réalisés, je ne pensais pas un jour recourir une fois cette distance. La lumière s’était éteinte, l’envie de se faire mal, de souffrir à nouveau sur de longues semaines de préparation m’était passé. Certainement à cause du chrono réussit. La motivation du sportif est ainsi faite. Toutefois, il y avait quand même quelque part dans ma tête 2 noms de 42km qui me titillaient : le nom de Berlin y figurait…

Lorsque Samir B. et Mouloud I. m’ont proposé de les accompagner en fin d’année dernière, j’ai dit Banco. La petite lumière s’était de nouveau allumée. La motivation revenue et l’inscription faite.

Début d’année, blessure au tendon d’achille suite à une bursite non soignée. En temps normal, ici le coureur décide soit de s’arrêter et consulter un médecin soit d’accepter la douleur. Et il pense pouvoir continuer à courir. Faisant partie de la 2ème catégorie. J’ai continué. Résultat, plusieurs mois sans vraiment pouvoir suivre un plan de préparation. Arrêts puis courts footings puis arrêts et au final on se retrouve à consulter le médecin avec pommade anti-inflammatoire et séances de kiné avec toute la procédure bien connue que bcp de Masters (nom plus soft pour dire les vieux) connaissent afin de soigner ce type de pathologie.

En sortie de tout ça, je pouvais (pensais) enfin reposer  le pied concerné et recourir. Quelques courses légères, sans trop de prépa. afin de se rassurer, je pouvais commencer cette prépa. sur  10 semaines. Première sortie longue géniale, des footings un peu plus longs, un peu de seuil puis une, deux séances de qualité sur piste plus loin, la douleur qui revient. Et là, c’est vraiment la poisse !!  De nouveau, mal au talon d’achille et la bursite qui de nouveau me titille et m’empêche de poser le pied correctement…  Impossible de continuer un programme classique dans ces conditions.

Alors Berlin, on y va ou pas ? Je récupère une citation sur internet qui sera une espèce de chakra et alimentera ma pensée dans les moments difficiles afin de terminer cette préparation : « La douleur est temporaire, l’abandon est définitive. » (PS : je ne citerai pas le nom de l’auteur car je n’ai jamais touché aux mêmes produits que ce sportif).

Prenant la fin de cette préparation avec philosophie et voulant juste pouvoir être présent le jour J, ce fut donc une fin de prépa. sans carnet d’entraînement pour relever le nombre de kms  hebdomadaires, sans prise de tête avec le chrono lors des séances à allures, m’accordant plusieurs jours de récup. après une SL pour soulager ce tendon d’achille,…

Résultat, le 29 septembre,  j’avais le plaisir d’être bien présent sur la ligne de départ à Berlin 2019.

Sur la photo: Au retrait des dossards, on reconnait Mouloud et moi-même ainsi que Messan, coureur sympathique rencontré à l’aéroport de Berlin.  

Berlin, magnifique ville avec de majestueux et légendaires monuments, musées, places, bâtiments pour en cités quelques uns : le palais du Reichstag, la Victory Column, l’hôtel de ville de Schöneberg, l’île aux musées, alexanderplatz, la Berliner Fernsehturm (tour de la telévision)… et bien entendu la Brandenburger Tor.

La porte de Brandebourg, symbole de la réunification allemande, c’était il y a 30 ans. Pour moi, symbole de mon retour sur marathon. Pour cela, il fallait « juste » franchir cette porte puisqu’elle symbolise aussi la fin du marathon de Berlin. Sympas comme challenge, non ? Seul petit soucis, nous partons de dos à cette porte et il nous faudra 42km pour la rejoindre. 

9h15 départ des élites dont la super star Kenenisa Bekele. Au final, certainement le plus déçu de tous les Finishers de cette édition 2019. Le destin lui réservera un très mauvais sort à l’arrivée échouant de 2 secondes afin de battre le record du monde. Et l’empêchant de gagner la super-prime du RM (m’enfin il se consolera quand même avec la prime du vainqueur et celle d’engagement).

Quant à moi, le chrono était secondaire, l’objectif numéro un était d’être « juste » Finisher mais surtout de ne pas ressentir trop tôt la douleur. Bien entendu,  l’autre objectif était de « profiter un max. » du parcours dans la ville et de l’ambiance de fête. N’ayant pas trop la possibilité de visiter Berlin sur 2 jours dans le cadre d’une visite « éclair » pour courir le marathon  (Greta Thunberg risque de me faire la gueule vis-à-vis de l’impact écologie sur ce voyage en avion mais personne… ne m’a offert de voilier !!!).

N’ayant donc pas vraiment de stratégie de course car n’ayant pas d’objectif de chrono, je décidais d’accompagner dans un premier temps Mouloud sur son objectif. Après tout, pourquoi pas l’aider dans les premiers kilomètres en sachant bien qu’il allait me quitter assez vite pour réaliser l’objectif qu’il l’ « obsédait » depuis un certain temps : les moins de 3 heures.

Réaliste, je savais que cela n’allait pas durer très longtemps. En ayant discuté avec lui, nous n’avions pas eu vraiment la même prépa.. Pour mettre toutes les chances de son côté, il enchaînait des semaines de prépa. entre 90 et 114km et allant même suivre un séjour de plusieurs semaines dans les Pyrénées à Font-Romeu, base d’oxygénation pour se faire un max. de globules rouges. De mon côté, je n’osai pas lui dire le nombre de km parcourus par semaine car je bricolais totalement la fin de ma prépa.. Et, je m’ « oxygénais » les poumons aux bords de Marne ou dans le bois de Vincennes.

Patatras, ce qui devait arriver, arriva et à l’approche des  10km, après un début de douleurs au niveau des ischios-jambiers,  j’ai préféré souhaiter une bonne suite de course à Mouloud et lui dire que j’allai ralentir avant que la douleur ne s’accentue trop.

Pour moi, je m’interrogeais déjà sur la suite… Ce début de course,  boulette ou pas boulette ?

Ok beaucoup diront « ressentir une douleur aux ischios-jambiers à ce stade de la course, waouh ce n’est pas bon du tout, c’est cuit et tu risques de prendre “cher” niveau “souffrance ».  Le 21 km était encore très très loin… Et ne parlons pas des 30ème.

Et là, le cerveau et le mental commencent à prendre le relais et à travailler : 

Objectif chrono = Nada, pas d’objectif pour moi.

Objectif plaisir en course  = Un max. super content d’être présent, de pouvoir courir et visiter la ville.

Objectif ambiance = un max. , de très nombreux spectateurs qui encouragent les coureurs. De très nombreux enfants et  adultes avec leur mains tendues pour recevoir la tape des coureurs, des supers bénévoles, de la musique à de nombreux endroits, de très nombreuses acclamations du public, des gens qui scandent votre prénom indiqué sur votre dossard,… et des centaines, des milliers de coureurs autour de vous créant une totale harmonie vers un seul objectif et une seule direction : THE FINISH LINE

Objectif (donc) numéro UN = Absolument finir et se faire plaisir durant tout le reste du parcours

Comment faire pour la douleur des ischios-jambiers ? Réponse: ralentir absolument et réduire la foulée, boire abondamment à chaque ravito en n’hésitant pas à marcher quelques mètres pour bien boire et secondairement faire redescendre aussi le rythme cardiaque, s’alimenter en gel liquide et surtout garder en mémoire cette citation :  « La douleur est temporaire, l’abandon est définitive ».

En appliquant ces principes, et malgré le vent puis la pluie qui était de la partie dès le début du 32ème kilomètre (pour ma course), en me concentrant sur ma foulée et ma respiration uniquement, j’ai eu le plaisir de limiter les dégats, de ne pas avoir trop souffert et finalement rencontrer le fameux mur. Et dès le 37ème, j’étais certain dans ma tête de gagner mon challenge : passer sous cette magnifique et « gigantisch » porte de Brandebourg et être Finisher pour la 8ème fois sur la distance. 

Temps à l’arrivée : 3h03’35” (temps réel), passage au 21km en 1h29’44”

Place au scratch : 2748ème et 170ème Masters 2      Nbre Arrivant(e)s : 44 064

Chose étrange même sous un ciel très gris et nuageux, et alors que bien trempé par de grosses pluies, j’ai eu l’impression de voir comme un rayon de soleil au passage de la porte de Brandebourg ? Berlin est elle magique en écho aux supporters des tribunes du club de notre capitale  ?

Photo source running-addict.fr couverture 2017 – La porte de Brandebourg sous le soleil. En 2019, c’était la pluie pour beaucoup !!!

Le reste n’est que du bonheur malgré la météo fraîche et très humide à l’arrivée… Pour ceux et celles qui avaient pris l’option au moment de l’inscription, il était donné un joli Poncho BMW BERLIN MARATHON qui m’a bien réchauffé sur le chemin de l’hôtel situé à 2 ou 3 km à pied sous la pluie. Seul petit regret, tant pis pour la bière en profusion sur les tables à l’arrivée. Il fallait vite rentrer à l’hôtel pour ne pas avoir trop froid et attraper mal. Le corps avait assez souffert… heureusement une bonne douche chaude et un bon restaurant nous attendait avant de reprendre la direction de l’aéroport. 

 

Pour finir :

Merci  d’abord à Samir pour m’avoir « re »motiver pour réaliser un autre marathon et vraiment désolé que tu n’aies pu participer à la fête, merci à Mouloud (et bravo pour son -3h réalisé) et son frère. C’était un WE «éclair » génial d’échanges et de découvertes.

Merci à tous les Berlinoises et Berlinois rencontrés pour votre accueil, votre gentillesse, votre enthousiasme, votre organisation,  votre sympathie.

Enfin bravo d’avoir fait tomber ce mur il y a 30 ans alors que encore aujourd’hui malheureusement dans certains pays des murs existent ou sont en construction… 

 Nota : certains me croiront ou pas (j’ai mes témoins), je n’ai pas avalé une goutte de bière. Un comble pour un amateur de « Bier » et en cette période de l’oktoberfest en Allemagne, non ?

Bye, bye… Berlin.

 

Philippe Delacroix

8 Comments

    • philcrux

      Après réflexion, Jean Mi., je me demande si mon exploit Number One est celui d’avoir pris le départ et être aller au bout ou plutôt celui de ne pas avoir bu une goutte de bière ? ça va me hanter un bon moment 😉

  1. Nathalie De Roo

    Bravo Philippe, et merci pour ce bel article et ces superbes photos dont celle avec Mouloud.
    Très belle performance compte tenu de la difficulté de la préparation. On va bien garder ton mantra en tête, il va servir!

    • philcrux

      Merci Nico de ton message. Maintenant que j’ai pu faire une fois Berlin, je comprends mieux pourquoi tu l’adores. Courir dans cette ville chargée d’histoire avec l’ambiance, c’est magique.
      Je te souhaite qu’une chose sortir enfin de tous tes pépins physiques et retrouver la joie et le plaisir de courir normalement.
      Berlin 2020, pour une année Olympique, voilà un beau objectif. Je te souhaite de tout coeur d’atteindre ton Olympe.

  2. Nico KC

    Bravo à tous les 2. J’ai pensé à vous hier.
    Pu… Qu’est-ce que j’aurais aimé être avec vous. Parce que Berlin ça représente tellement de choses pour moi : un événement historique vécu devant ma télé un soir de Novembre 89 qui m’a donné la passion de cette ville et de son histoire et un de mes marathons les plus accomplis.
    Malheureusement ce marathon je l’ai vécu devant ma télé. L’envie (même si je sais que je ne referais plus les mêmes chronos) je l’ai toujours en moi. Mais c’est mon physique qui m’a abandonné. Incapable de faire 3 semaines de footing consécutives depuis avril (sachant que ça fait 4 ans que je galère) avec entre temps plus d’un mois d’arrêt à chaque fois. Alors en lisant ton article je me dis qu’il y a peut-être encore de l’espoir. Et que peut-être je reverrai la lumière et un jour qui sait un panneau « km 42 » au bord d’une route.
    Et si j’aimerais recourir New York, Londres ou Paris, faire Boston ou Tokyo, si je devais en refaire un unique je sais lequel je choisirais. Et pourtant si il y a un lieu qui symbolise bien pour moi la galère des blessures, c’est bien Berlin. Car si Berlin 2008 restera un de mes marathons les plus réussis, ce fut bien plus compliqué par la suite : les 25 km courus en footing en revenant de blessure (2011), un marathon avec une blessure à la hanche fini en marchant (2014) et un semi-marathon subi sans aucune énergie en alternant marche et course (2017).
    2008, 2011, 2014, 2017. Normalement je devrais refouler le bitume berlinois l’année prochaine. J’ai déjà commencé à rechercher le calendrier des 10 km. L’ambition est modeste. Berlin 2020 : j’y serais ! Reste à savoir si ce sera en tant que coureur ou simple touriste. Tentative de reprise ce soir (sans doute l’effet marathon de Berlin). J’ai arrêté le chrono à 3mn47s. Même pas le temps de faire un tour de pâté de maison.
    Encore bravo Philippe pour ton abnégation, ta volonté et pour être allé au bout de ton objectif et peut-être d’un rêve. Bravo Mouloud aussi pour ton chrono et ton nouveau record sur la distance. Même si vous l’avez sans doute déjà vue, je ne peux m’empêcher de partager le lien de cette video du marathon de Berlin que je ne me lasse pas de regarder (Berlin vous l’avez compris, c’est sentimental pour moi) : https://www.youtube.com/watch?v=w4vQEAWo5ek

  3. jerome G

    Merci pour ton récit Philippe et bravo pour ta performance. Avec ce que tu racontes, frôler les 3 heures, c’est pas mal ! Tu as de beaux restes et l’expérience joue. Courir vite un marathon, c’est dur à préparer. Félicitations à Mouloud pour son sub-3 heures, il les vaut très très largement.

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