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Les Templiers, CR ‘Homérique’ de Jean-Michel

Sache, lecteur, que la grande course des Templiers 2010 fût à la saison ce que fût aux croisades la prise d’Antioche. Et quand à l’histoire parlant d’Antioche je cite : la plus grande bataille d’Orient depuis Troie et Alexandre.

Puissions, finishers, en être les héritiers, après toutefois avoir pris le recul nécessaire au jugement de toute guerre. Fais preuve, toi aussi lecteur, du discernement nécessaire à reconnaître le vainqueur du vaincu, à situer la traitrise et la barbarie. Sache t’apitoyer, prendre partie pour l’opprimé, positionner tes larmes, écarter ton dégout.

Lecteur, voici mon récit :

Bien avant l’aube, le départ des troupes fût donné sous les feux de Bengale. Le Bosphore (le Tarn) fût passé. La paix relative maintenue par le Basileus (José Bové), héritier du trône de l’empire Romain d’Orient (militant anti-OGM), vole en éclat. Le long cordon des chevaliers croisés (des coureurs à pieds)  commence à s’étaler dans la nuit à la lumière des torches (frontales). Longs lacets dans les collines sous les voix des Anges (Vox Angelis). Devant, la cavalerie. Puis la masse des fantassins, et en garde arrière, l’intendance. Il bruine, et mon armure, inadaptée à cette chevauchée, se charge d’eau. Erreur de jeunesse. Je paie mon dû, mais ne concède rien.

7ème jour de siège (dit « Km7 ») : Kilomètres après kilomètres, la piste s’efface. La difficulté s’accroit. Nous voilà face aux contreforts de la forteresse d’Antioche (du Causse) pour le 1er assaut. A cet instant, je décide de prendre le commandement des troupes d’Asphalte, et prend les devants sur Valval. Courage à toi, respect dû à ton rang, mais je veux le mérite d’être le 1er d’entre nous à rentrer dans la ville. Je veux la gloire due à cet exploit.

9ème jour de siège : L’ordre de bataille est respecté. Les sentiers permettent d’aligner les combattants sur deux fronts parallèles. Le rythme est soutenu. Dorénavant, l’action se déroulera à la lumière du jour.

17ème jour de siège : Le rythme accélère, une déclivité favorable ayant été découverte. Désormais, la loi qui s’applique est celle du sentier unique, le fameux « single track ».

23ème jour de siège : L’offensive atteint les tours de Peyreleau. Le gros des troupes, exténué, décide sans doute d’une pose, mais je me contenterai de remplir ma gourde, et ne descendrai pas de cheval pour avaler quelque solide et reprendre des forces. C’est partie du prix à payer pour conserver le commandement. Un changement du point d’assaut s’opère et nous décidons de rester à couvert des murailles, sous les arbres des rives de la Jonte.

26ème jour de siège : 2nd assaut véritable. Les troupes sont encore fraîches, et la discipline de rigueur est appliquée : tout guerrier isolé rejoint un groupe et suit la cadence que celui-ci lui impose. S’en suit une nouvelle longue période de bataille au sommet du causse. Le « mur du 30ème » est atteint, et les conséquences inéluctables se font sentir : la siège d’Antioche (du Causse) va t’être une épreuve d’endurance.

37ème jour de siège : St André de Vézines. Le 1er Saint vers le tombeau du Nazaréen. Là encore, je passe outre du ravitaillement et reste à cheval. Dames Isabeau de Corneille et Mirabeau de Larnois sont absentes. Tant mieux. Valval ne saura rien de mon avance pour le commandement. Au pied de cette tour, la pente descend légèrement. Ce terrain m’est favorable. La pluie recommence à tomber. Mon armure ne me sied plus et je décide de m’en débarrasser en partie. Erreur textile.

45ème jour de siège : Toute guerre est d’abord un enfer. Rappelle-t-en, frère, avant que la guerre ne te le rappelle. Descente infernale. A ta mémoire : les sentiers des coteaux du bois du coté des canadiens ne sont pas le bon terrain d’entrainement. Le bon terrain, c’est la pente dans son sens le plus abrupt. A ta mémoire : 10 fois, 100 fois sur le métier (car c’est celui que tu as choisi) remet ton ouvrage. Alors, tu entreverras le haut de la cheville de ce que fût la prise d’Antioche en l’an 1097 (l’Odyssée templière de 2010).

47ème jour de siège : La Roque St Marguerite. Je descends pour la 1ère fois de cheval pour le repos du guerrier. La guerre se nourrit souvent de hasards. Ici, ils tourneront à mon désavantage : Non que nous eussions pillé les habitations, violé les femmes et égorgé les enfants. Non que nous ayons perdu du temps dans beuveries et festoiements, mais le plan de ville est tel que les troupes ne peuvent éviter de se croiser sur 20 mètres entre l’entrée et la sortie après le ravitaillement. Qui je croise sur ces 20 mètres, cédant ainsi toute ma stratégie : Valval.

51ème jour de siège. Les feux de l’Enfer me rongent les sangs. Le contrefort par lequel nous tentons d’entrer dans la cité (au sommet du Causse, ne t’égare pas lecteur) s’appelle « le Valat nègre ». La légende est claire : « Le ravin du Valat nègre sera l’une des principales difficultés du parcours des Templiers (51ème Km) et de l’Ultra. Il n’a pu être contourné faute d’avoir obtenu un droit de passage. ». La difficulté est à son paroxysme. Les murailles d’Antioche seront-elles franchies un jour ? Montées et descentes, assauts et revers, se succèdent droits comme les murs. Les cuisses brulent sous les jets de l’ennemi. Les pieds brulent. Mon eau est épuisée. Dans cette douleur infernale, entre deux virages d’un repli (d’une descente), l’abîme sans fond se dévoile : « Salut Jean-Mi, ça va ». « Vas y Valérie,  t’es la meilleure ». Je suis hagard. Elle passe comme une feuille. Elle reprend le commandement des troupes d’Asphalte. Je me mis à pleurer. Mes compagnons essayèrent de me remettre en selle, mais mon abattement était tel que j’en mourus. Un bûcheron Aveyronnais qui passera par là me coupera la tête et la portera dans la place une fois la paix signée.

52ème jour de siège : L’ombre de moi-même hante la place. Elle marche. Refuse de lever un pied avant que l’autre ne se soit écrasé dans la boue. Elle est à découvert. Le terrain est plat comme un stade. A Massebiau, (encore une descente)…il y aura un cimetière où une stèle m’attend. J’erre. D’autres ombres me dépassent. J’ai froid. J’ai peur. J’ai soif. Serais-je donc encore vivant ???

63ème jour de siège : Ma matière arrive à Massebiau recouverte d’un cataplasme d’argile dû à la descente. Je remplis ma cabasse. Repartirais-je ? J’appelle cocote « Plus que 7,5Km, j’arrive dans 1 heure ½ à 2 heures ». Je passe devant Mirabeau de Larnois. « Gueux, continue à pied. Sale comme tu es, ma monture ne sied pas à ton entrée en ville. » Entrée en ville ? Les murailles d’Antioche seraient-elles ébréchées ?

Je repars, au pas. Militaire. Les yeux figés aux pieds de celui qui me précède. Mes pas dans les siens. Calés au centimètre près. Là haut, mes enjambées reprennent espoir. Les clameurs que nous percevons depuis la ville sont avec nous. Les cordes qui nous assistent dans la descente sont celles de la vie. Les pendus sont ailleurs. La pluie qui tombe redevient source de vie. Après encore quelques champs, j’entre dans la ville. Et dire que c’est une trahison venue de l’intérieur des murs qui a permise aux chevaliers croisés d’entrer dans Antioche!

 

Jean-Michel O. 

Templiers.jpg

2 Comments

  1. Philcrux

    Ola, jeune croisé. Saches que parfois partir guerroyez sur ces terres lointaines et dangereuses n’est pas de tout repos. Ton fantôme hantera ces lieux encore longtemps à moins de conquérir de
    nouveau ce terrain hostile!

    Philcrux  

  2. christian pallandre

    je crois que l’on a déjà écrit quelque part que c’était beau comme de l’antique. De Glanum aux Thermopyles écoutez le témoignage de l’aède et songez-y !
    merci jean mi
    Cp

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